samedi 26 février 2011

LE BATEAU DE LA MORT (Death Ship)


de Alvin Rakoff. 1980. Angleterre. 1H31. Avec George Kennedy, Richard Crenna, Nick Mancuso, Sally Ann Howes, Kate Reid, Victoria Burgoyne, Jennifer McKinney, Danny Higham, Saul Rubinek, Murray Cruchley.

FILMOGRAPHIE:  Alvin Rakoff est un réalisateur canadien né le 6 Février 1927 à Toronto.
1958: Passeport pour la Honte, 1959: Larry, agent secret, 1960: Vendredi 13 Heures, 1970: Hoffmann, 1971: Say Hello to Yesterda, 1979: Cité en feu, 1980: Accroche toi j'arrive, 1980: Le Bateau de la mort.


Jack Hill ("Coffy") et son co-scénariste David P. Lewis nous dépêchent une trame tirée d'une légende séculaire (le hollandais volant et ses flibustiers fantômes) mais remise au goût du jour dans notre époque contemporaine au sein du décor photogénique d'un vaisseau fantôme ! A la suite d'une collision mortelle entre deux bateaux (l'un réunissant des touristes pour une croisière festive, l'autre déclinant toute identité), un groupe de rescapés embarquent sur le paquebot mystérieusement dénué de passagers et de gouverneur. Très vite, des évènements inexpliqués et meurtriers ne tardent pas à les terroriser. Modestement réalisé sans prétention, Le Bateau de la mort constitue une petite série B au scénario linéaire et sans surprise, mais interprétée avec conviction et agrémentée d'un charme Bis autour de seconds couteaux (Richard Grenna, Georges Kennedy). Un divertissement mineur qui aurait pu sombrer dans l'indifférence s'il n'eut été rehaussé d'une ambiance ombrageuse sous-jacente, atmosphère rubigineuse infiltrée en interne d'un paquebot. Abordant les thèmes du nazisme et du vampirisme, ces derniers sont traités de manière peu commune, de par l'immoralité morbide d'officiers SS sous emprise surnaturelle puisque à la merci impérieuse d'un navire se nourrissant de sang humain afin de se régénérer.


Le premier meurtre surprend par sa cruauté escarpée et suffocante. Un homme suspendu par les pieds d'un câble se ballote en l'air avant de périr noyé dans l'eau glaciale de la mer. Cette séquence particulièrement éprouvante se joue de sadisme latent afin de savoir si ce dernier accroché aux pieds pourrait éventuellement s'en délier et sortir de sa besogne. La suite des évènements nous invoque la visite impromptue de nos passagers déambulants dans les couloirs lugubres du vaisseau alors que le capitaine, rescapé de l'ancienne croisière, est possédé par l'entité invisible. Dès lors, la panique s'accapare de chacun de nos invités emprisonnés à bord de ce lieu clos opaque et tentant désespérément de réchapper à moult phénomènes inexpliqués. A l'instar de cette sonnerie de téléphone sans qu'un quelconque interlocuteur ne soit au bout du fil ou de cet électrophone émettant sans raison une musique jazzy, ce visage subitement défiguré d'une héroïne tuméfiée de pustules, ces chuchotements et voix d'outre-tombe faisant écho dans les couloirs, ce bain de douche ruisselant de sang et enfin ces accidents meurtriers souvent commis par les mécanismes industrielles du sous-sol. On peut également souligner le soin accordé aux décors lugubres en interne du bateau suintant la rouille, les toiles d'araignées agrippées aux parois ainsi qu'une présence diabolique palpable à travers les murs de l'embarcation. Telles ses fameuses machines permettant d'alimenter le navire, veines motrices de l'engin maritime. Il y a aussi la découverte blafarde d'une chambre froide renfermant une poignée de cadavres congelés, empalés par des crochets de boucher. Ce décorum sensiblement photogénique insuffle donc une réelle efficacité au cheminement  narratif, de par son atmosphère glauque diluée autour d'une énigme macabre.


Nonobstant son manque de densité narrative, ces dialogues sommaires et ces personnages peu développés, Le Bateau de la mort prône le film d'ambiance horrifique avec une aura irrésistiblement malsaine. Quand bien même certaines scènes-chocs (le meurtre liminaire, la femme piégée dans la douche, l'un de rescapés baignant dans un filet de pêche rempli de cadavres liquéfiés) marquent les esprits par leur impact graphique particulièrement réaliste. Une sympathique série B à l'ancienne sauvée par son esthétisme sépulcral d'où émane une angoisse assez persuasive. 

NOTE: Un remake nullissime réalisé par Steve Beck fut entrepris en 2001. L'ambiance qui faisait tout le sel du film d'origine en est totalement bannie au profit d'FX horrifiques pétaradants.

22.01.11.  2.
Bruno Matéï


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