vendredi 11 mars 2011

BLOOD DINER

                                     

de Jackie Kong. 1987. U.S.A. 1H29. Avec Rick Burks, Carl Crew, Roger Dauer, LaNette La France, Lisa Guggenheim, Max Morris, Roxanne Cybelle.

FILMOGRAPHIE: Jackie Kong est une réalisatrice, productrice et scénariste née le 14 Juin 1954.
1983: The Being
1984: Night Patrol
1987: Blood Diner
1987: The Underachievers

                                

Réalisatrice de quatre uniques films, Jackie Kong est surtout connu en France pour avoir réalisé en 1987 cette petite comédie horrifique réalisée sans prétention, Blood Diner.
Une série B ludique qui n'aura pas eu les faveurs d'une diffusion en salle pour se voir directement refourguée dans les rayon vhs des vidéos-clubs des années 80. Non sans un certain succès méritoire auprès des amateurs qui gardent aujourd'hui un souvenir estimable, accentué par l'effet nostalgique du temps révolu.

Un serial-killer illuminé est sur le point de tuer ses deux petits neveux réfugiés à la maison quand la police dépêchée sur les lieux l'exécute froidement de sang froid après brève injonction.
Vingt ans plus tard, les deux frères sains et saufs décident de déterrer le corps de leur oncle pour s'emparer de son cerveau diabolisé, de manière à mieux invoquer la déesse Sheetar, après avoir accompli des rites sacrificiels auprès de jeunes filles dévergondées et végétariennes.

                             

Remake (ou séquelle ?) du fameux Blood Feast, petit classique sommaire du gore ancestral réalisé en 1963 par Herschell Gordon Lewis, Blood Diner se veut une relecture moderne d'un petit mythe de l'horreur réputé pour ses effets gores extrêmes, retranscrite ici dans notre époque contemporaine. La distinction qui sépare nos deux réalisateurs est que Jackie Kong va y injecter harmonieusement une bonne dose de surenchère dans le mauvais goût, le gore rigolard et la vulgarité héritée principalement de Michael Hertz et sa célèbre firme Troma,  responsables de classiques incongrus que les nombreux inconditionnels connaissent pas coeur.

Avec un scénario simpliste sans véritable surprise basé sur la traditionnelle légende égyptienne évoquée dans le film d'origine, Blood Diner souhaite décrire sans effet de zèle mais de manière destructurée les méfaits absurdes de deux frères attardés têtes à claque installés à leur compte dans un snack végétarien. Nos deux acolytes erratiques possédés par le vice et le crime sont particulièrement motivés à décimer (et droguer) un nombre conséquent de jeunes filles végétariennes et lubriques, voir aussi une poignée de péquenots lambdas pour le compte diabolique de la déesse Sheetar.
Alors que leurs exactions immorales et putassières établies selon les règles et coutumes déléguées par leur oncle seront perpétrées dans la joie commune de la tripaille et de la cuisine avariée proposée à une clientèle davantage addicte de chair humaine.
Ajoutez à ce duo saugrenu, un autre couple assez échevelé et pittoresque travaillant pour le compte des forces de l'ordre car chargés d'enquêter sur la vague de crimes commis. C'est à dire un machiste maladroit porté sur les formes charnelles de sa coéquipière de service, une asiatique au caractère un peu effacé il faut bien avouer. 
Cette narration futile attribuant des actes meurtriers récurrents dans une succession de scénettes sans véritable cohésion réussit à faire passer la pilule dans son généreux dosage de sexe, mauvais goût, vulgarité et gore festif avec un sens inventif constamment innovant ! (D'autant plus surprenant que le film est réalisé par une femme assumée !).

                              

De plus, la bonne humeur communicative des comédiens s'amusant de bonne foi et à coeur joie, la variation des décors changeants (le meurtre du couple réuni près d'une grotte, le combat de catch impromptu dans la salle d'un ring, le restaurant végétarien aux couleurs flashy, la salle d'aérobic, la boite de nuit) mis en exergue dans une photographie saturée ajoutent l'impression d'assister à un spectacle souvent amusant, décomplexé et surtout dénué de moralité. Non pas que le fou-rire élogieux soit au rendez vous mais que la cocasserie des scènes grotesques permettent avant tout de nous amuser ou égayer dans un état d'esprit décontracté et conquis.

Aujourd'hui, Blood Diner se révèle sans doute moins percutant au niveau du sens de l'humour grossier, dérisoire et risible mais il reste cependant une sympathique série B ludique qui apporte son lot de situations volontairement débiles dans un esprit immoral et irrévérencieux rappelant les meilleures heures des productions Troma.
L'invention des nombreuses séquences gores assez habilement concoctées dans des FX aussi adroits que modestes, la bonne humeur communicative de nos comédiens incarnés avec fougue et ardeur, l'ambiance festive et insolente omniprésente enrichie d'un atmosphère chatoyante de couleurs polychromes culminant son apothéose dans un final dantesque totalement délirant achèvent d'emporter amicalement notre adhésion.

11.03.11.   3
Bruno Matéï.

                               


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