jeudi 3 mars 2011

LA PEAU (La Pelle)


                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Premiere.fr

de Liliana Cavani. 1981. Italie. 2H13. Avec Marcello Mastroianni, Ken Marshall, Alexandra King, Carlo Giuffrè, Yann Babilée, Jeanne Valérie, Liliana Tari, Peppe Barra, Cristina Donadio...

BIO: Liliana Cavani est une réalisatrice italienne, née le 12 janvier 1933 à Carpi (Italie). Elle met en scène 13 longs-métrages et quelques télé-films réalisés entre 1966 et 2008.
Son film le plus célèbre reste Portier de Nuit réalisé en 1974.

L'ARGUMENT: En 1943, Naples vient d'être libéré après le débarquement américain. Malaparte, officier de l'armée italienne de libération doit négocier avec ceux qui détiennent les prisonniers allemands, faire face à la misère des habitants et à la prostitution.

AFFREUX, SALES ET MECHANTS.
Liliana Cavani nous décrit avec pragmatisme un moment de libération d'une capitale italienne pendant la seconde guerre mondiale et la résultante de ce climat social bafoué, déstructuré, réduit à la famine, la prostitution et la précarité. C'est à travers les regards d'un général et d'une femme américaine pilote d'avion, d'un officier et d'un soldat italien que La Peau va nous mener au bout de l'horreur inhumaine.

Pas de combats aux corps à corps ou d'explosions en tous genres pour surenchérir mais une simple vision réaliste de l'horreur pour un peuple livré à lui même, incapable de se différencier des notions de Bien et de Mal. Par la nouvelle rassurante d'un pays libéré par les américains contre l'occupation allemande, La Peau nous fera constater que le peuple italien brimé et traumatisé des évènements de la guerre sera tout aussi contaminé par sa bassesse humaine. Un constat social éprouvant et dérangeant pour ces petites gens baignant avec complaisance dans les pires actes frauduleux et le malaise diffus de se soustraire aux bas instincts de survie. C'est cette introspection que nous allons suivre d'une ville libérée par des alliés où l'on assistera en exemple au triste spectacle sordide d'un patriarche décidant d'offrir en pâture la virginité de sa propre fille pour quelques dollars devant une cinquantaine de soldats impatients, longeant d'interminables escaliers en file d'attente. Où l'on retrouve dans un restaurant la structure rétablie des os d'une main humaine dans son assiette culinaire ! Ou l'on assiste à un dîner de galanterie pour y goûter le cadavre cuit d'une petite fille panée, déposée sur un plateau d'argent. Où des mères vendent leur propre fils dans une terne ruelle éhontée devant des riches Maghrébens pédophiles tâtant fermement la masse de chair des pauvres enfants amaigris et dévêtus, livrés comme une simple marchandise. Ou l'on négocie à prix d'or des soldats allemands pour en faire des savonnettes ou de la viande consommable! Où des chiens éventrés, torturés auquel on aura couper les cordes vocales pour éviter une communion de hurlements suppliciés sont livrés à d'horribles expériences humaines pour censer sauver la vie de nos concitoyens condamnés. Il y a aussi ce spectacle gay ou un homme en sueur, allongé sur un lit fera la comédie grotesque de falsifier un accouchement pour sortir de son drap un bébé en bois au pénis de taille démesurée ! Sans parler des accidents sarcastiques des causes de la guerre, ces incidents inopinés où par inadvertance un soldat tombera sur un champs de mine à cet endroit précis pour éventrer son estomac. Tandis qu'avant l'attente de sa mort, l'intervention d'une une main vertueuse envers cette jeune fille frêle et empathique, contemplant malgré elle le dernier souffle de vie du soldat semi endormi. Au centre de cette sarabande malsaine, il y a cet femme pilote de ligne écoeurée d'assister à ces épisodes pathétiques et morbides face à un fidèle officier italien antipathique qui se surprend à peine de la déliquescence de sa patrie. Seul, la compagnie d'un soldat rendu amoureux de la main réconfortante de cette napolitaine égayera furtivement notre regard désabusé quand il tentera avec foi d'entamer une liaison sérieuse pour son avenir plus serein.

Le final surprenant déconcerte dans l'aboutissement du déchainement de la nature face à l'éruption de ce volcan éveillé avant de suivre sereinement les troupes alliées rentrer dans leur pays. C'est de manière impromptue que Liliana Cavini nous livrera en conclusion une dernière pointe grotesque sur un incident sans moralité. Ultime témoignage d'un drame accidentel pathétique pour mieux nous laminer de cette immense farce pessimiste qui en dit tant sur la nature perverse de l'homme.

LA CHAIR.
A travers une mise en scène froide et brutale baignant dans une atmosphère glauque et poisseuse, La Peau est un éprouvant drame passionnant et révoltant sur le constat amer de la déchéance humaine en cas de conflit belliciste. Un film choc qui révulse et apitoie sur nos sorts dans une fidèle reconstitution d'une époque révolue où le souci du détail et des nombreux figurants investis accentuent le côté vérité. Sans compter nos interprètes tous excellents parcourant les ruines humaines comme des pantins désorientés avant le levé de rideau macabrement sardonique.
Un drame de guerre atypique en somme par son malaise diffus, à réserver toutefois à un public averti.

29.09.10

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