mardi 8 mars 2011

LE CHAT NOIR (The Black Cat)

                    

de Edgar G. Ulmer. 1934. U.S.A. 1H05. Avec Karloff Boris, Lugosi Bela, Manners David, Bishop Julie, Brecher Egon.

POINT DE VUE RESPECTUEUX: 
Edgar Georg Ulmer est un réalisateur, scénariste, producteur et directeur de la photographie américain d'origine autrichienne (1904-1972) responsable de 49 longs-métrages !


Malgré un titre inapproprié, "Le chat Noir" nous narre la confrontation au sommet de deux personnages ambitieux: un architecte et un psychiatre de renom tous deux entachés par un lourd passé conflictuelle puisque le docteur Dr. Vitus Werdegast (Bela Lugosi) a décidé de se venger de son bourreau sans scrupule après avoir vécu 15 années de bagne derrière les barreaux.
En effet, pendant la guerre, l'architecte Hjalmar Poelzig (Boris Karloff) a profité de la longue absence de Vitus pour se méprendre de son épouse ainsi que de sa propre fille. Vitus, rescapé de l'enfer d'une forteresse Russe inhumaine a enfin retrouvé la liberté pour retrouver de nombreuses années plus tard la trace de Hjalmar après qu'il se soit exilé dans moults pays à travers le monde. L'architecte bien conscient de sa responsabilité d'avoir brisé la vie familiale et sentimentale de son ancien ami s'est réfugié dans un ancien bunker pour commettre en toute liberté des actes sataniques spirituels. Un appel aux sciences occultes et ainsi avoir accès au contrôle de la vie et de la mort !
Entre cette partie d'échec psychologique à haut risque avec deux personnages antinomiques, un jeune couple égaré accidentellement dans la demeure de Hjalmar finiront kidnappés par le maitre de cérémonie. Un gourou malfaisant à la tête de cette sombre secte auquel la mort factice d'un chat noir pourrait renouveller la vie humaine pour le corps d'une jeune femme mourrante qu'il garde précautieusement dans une glace en verre !
Durant tout le film le psychiatre tentera de mettre un terme face aux agissements lugubres et téméraires du sombre Hjalmar avec le mince espoir de retrouver sa femme et sa fille vivantes !


En dehors d'un intense affrontement psychologique entre deux célèbres stars du cinéma d'épouvante ancestral, Edgar Georg Ulmer nous livre un de ces glorieux petits classiques de l'épouvante des années 30 dans un récit prenant, riche en rebondissements et dôté d'une ambiance plutôt macabre et inquiétante.
En ce qui concerne cette ambiance si particulière, nous sommes rapidement interpellés par la beauté des décors baroques architecturaux de la demeure de Hjalmar, exacerbés par un éclairage expressionniste en noir et blanc de toute beauté laissant ressortir du cadre la ciselure de lignes géométriques et d'un jeu d'ombre insolite parmi l'apparition des protagonistes du film.
Au dela d'une scène humouristique inutile entre deux policiers venus rendre visite dans la demeure et d'un fil conducteur irrésolu (de quelle manière Hjalmar conserve inctact le corps de ses victimes embrigadées dans les cages de verre ?), "Le Chat Noir" est un passionnant jeu de pouvoir entre deux hommes déterminés à ne pas lâcher prise et se battre coûte que coûte quelqu'en sera l'issue réservée. Au nom de la fierté par l'arrivisme et l'opportunisme pour l'un et la haine rancunière de la vengeance pour l'autre.

Hjalmar campé par Boris Karloff est impressionnant dans son personnage patibulaire imbus de sa personne, discrètement indocile, totalement dédaigneux envers sa clientèle livrée à sa merci pour le compte de ses troubles expériences . Haute stature, regard lourd et sombre présence physique dans un accoutrement vestimentaire égocentrique !
Vitus interprété avec fierté par Bela Lugosi est un personnage futilement hautain, épris de mélancolie et de gravité. Atteint d'une profonde douleur dans l'âme et le coeur, Lugosi sait laisser transparaitre avec sincérité sa détresse, son chagrin insurmontable quand il sera le triste témoin d'une tragique découverte.

Le final haletant se clôt sur une séance singulière de diabolique cérémonial où le spectateur sera encore interloqué par cet étonnant arrière plan d'un étrange décor gothique à l'art abstrait.
Tandis que la vengance de Vitus aboutira à une inattendue séquence horrifique suggérée de torture sado-masochiste, assez raffinée dans l'art de la cruauté.
La dernière image volontairement salvatrice nous livrera une ironique note d'impression sur la critique professionnelle bien pensante. Le trait d'union d'un complexe de rationalité des faits alors que nous, spectateurs, venons de vivre une surprenante histoire cauchemardesque baignée dans le surnaturel !

16.08.10
  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire