mardi 15 mars 2011

SOLOMON KANE

                            

de Michael J. Bassett. 2009. France, Angleterre, République Tchèque. 1H44. Avec James Babson, Laura Baranik, Geoff Bell, Matthew Blood-Smyth, Brian Caspe, John Comer, Mackenzie Crook, Christian Dunckley Clark, Jason Flemyng.

L'ARGUMENT: Dans un XVIe siècle ravagé par les guerres, le capitaine Solomon Kane est une redoutable machine à tuer, aussi brutale qu'efficace. Lorsque Kane décide d'attaquer une mystérieuse forteresse quelque part en Afrique du Nord, sa mission va prendre un tournant fatal..

                               

Le réalisateur anglais de "la Tranchée" et de l'excellent "Wilderness" s'empare de l'aventure bondissante chevaleresque à la manière de l'héroic fantasy musclée avec son 3è film: "Solomon Kane", personnage de fiction créé par Robert E. Howard.

En 1600, le capitaine Kane, damné de la terre par ses méthodes brutales, sauvages et meurtrières est condamné à attendre une mort certaine pour rejoindre les limbes de l'enfer promises par un envoyé du diable. Lassé et pris de conscience de son épouvantable noirceur, le capitaine Kane réussissant in extremis à se soustraire aux forces surnaturelles décide de s'exiler dans un monastère pour tenter de retrouver la paix et la sagesse dans la rédemption. Mais la rencontre imprévue d'une paisible famille puritaine va tout remettre en question sur son éventuelle détermination à ne plus combattre et tuer l'adversaire.

Ca commence plutôt bien, on se sent en terrain connu, un héros charismatique à double tranchant va faire la rencontre impromptue de quelques paysans après avoir été banni de son monastère.
Torturé et revanchard, il va devoir revenir à ses bas instincts meurtriers pour sauver d'une mort certaine une jeune fille, seule rescapée d'un horrible massacre commis devant ses yeux !

On sent indubitablement l'influence du fleuron du genre: "Conan le barbare" ou à échelle moindre "Dar l'invincible" pour les grands nostalgiques des années 80. Tandis que la nouvelle génération pourra évoquer la bonne surprise que personne n'attendait "Outlander" puis les pathétiques "Underworld 3" et "le Choc des Titans".
Dans de superbes décors gothiques ou fantastiques harmonisés par des paysages picturaux enneigés ou rayonnés par un feu nocturne aux teintes orangers, les batailles homériques à coup de hache, sabres et épées de forgeron s'entrecroisent dans le fracas des lames aiguisées pour y déverser des giclées de sang chorégraphiées entre deux têtes tranchées face à l'ennemi patibulaire rendu défiguré par les forces impénétrables du mal.

                               

Une bonne demi-heure plutôt réussie à installer l'action dans un univers assez photogénique et bien rendu, attachante par la présentation de ses personnages humains, voir même fébrilement émouvante devant la barbarie d'un acte odieux pour un gamin pris en otage qui succombera la gorge tranchée ! (référence à Conan et son anthologique séquence du jeune fils témoin de la décapitation de sa mère face à l'extrême rigidité d'un bourreau ne laissant transparaitre aucune once de remord et encore moins d'indulgence)
Vient ensuite l'heure de la revanche qui empoigne le reste du métrage et c'est la que le bas blesse !
Simplement à cause d'une narration académique que l'on connait par coeur car Kane a juré juste avant la mort du père agonisant de retrouver vivante sa fille retenue prisonnière dans un chateau maudit. Tandis que le final sombrera dans le ridicule sur un air connu avec une révélation identitaire familiale d'un sombre ennemi masqué ou l'on devrait censer éprouver une certaine pitié ! (l'Empire contre-attaque, vous m'suivez !)
Et même si le récit entremêlé de scènes d'action violentes plutôt plaisantes et surtout de monstres parfois impressionnants (la sorcière camouflée, les ghoules dans la cave de l'église et l'immense créature finale de feu assez attrayante) rendent l'aventure sympathiquement regardable voire furtivement efficace, elle ne se révèle jamais jouissive ou passionnante à cause aussi d'un manque flagrant de souffle épique (en dehors du début prometteur et généreux), d'enjeux dramatiques plus imposants et surtout d'une absence de dimension psychologique, un manque de jeu intensif pour le personnage héroique principal rongé par le remord et la haine envers lui même.
C'est fort dommage car "Salomon Kane" ne manquait pas d'atout dans sa bonne volonté de rendre un petit spectacle soigné et riche en action où le personnage du capitaine Kane interprété par James Babson ne manque pas non plus d'attrait en se donnant les moyens adéquats pour le composer et de surcroit physiquement il nous rend aussi une nouvelle figure héroique assez séduisante dans son accoutrement vestimentaire classieusement opâque accompagné d'un chapeau effilé distingué.

                   

Reste un petit spectacle B juste sympathique, agréable mais qui a tendance à se morfondre dans la demi-mesure, à voir de préférence un samedi soir en rendez-vous annulé.
C'est en tous cas beaucoup mieux que le pudding sans saveur sorti récemment sur nos écrans, dôté d'un budget 10 fois plus conséquent, j'ai nommé le tristounet "Choc des Titans" de Louis Letterrier !
Pour les trentenaires, je vous conseillerai de plutôt revoir "Dar l'Invincible" réduit au même budget et à la saveur kitch de série B imbibée de charme complice. Tout en étant pleinement conscient que le seul, l'unique restera à tout jamais l'immense "Conan le Barbare" de John Milius.

30/06/10.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire