vendredi 6 mai 2011

LE CHATEAU DES MORTS-VIVANTS (Il castello dei morti vivi)


de Luciano Ricci et Lorenzo Sabatini. 1964. Italie/France. 1h31. Avec Christopher Lee, Donald Sutherland, Gaia Germani, Philippe Leroy, Jacques Slanislawski, Mirko Valentin, Antonio de Martino, Luigi Bonos, Luciano Pigozzi, Ennio Antonelli.

FILMOGRAPHIE: Luciano Ricci est un réalisateur et scénariste italien né le 16 Novembre 1928, mort le 22 Juin 1973. 1962: Solo contro Roma. 1962: Giuseppe venduto dai fratelli. 1964: Senza sole nè luna. 1964: Le chateau des morts-vivants.
Lorenzo Sabatini est un réalisateur et scénariste italien. 1964: Le Chateau des morts-vivants. 1969: Juliette de Sade. 1970: Echec à la maffia.

                                  

Inédit en France, Le Chateau des Morts-Vivants est un modeste film d'épouvante concocté par un  trio de réalisateurs, et ce d'après un scénario de Michael Reeves (non crédité au poste d'assistant réalisateur). Il me parait paradoxale que cette production franco-italienne, particulièrement influencée par le gothisme de Mario Bava (Le Masque du démon sortit sur les écrans 4 ans au préalable), soit resté invisible dans nos contrées, non seulement en salles mais aussi en vidéo. D'autant plus qu'en têtes d'affiche se bousculent la valeur sûre Christopher Lee, le français Philippe Leroy et enfin  Donald Sutherland dans un triple rôle (secondaire). Au 19è siècle, une troupe d'animateurs ambulants sont invités par le comte Drago dans son château reculé. Malgré la mise en garde d'une vieille sorcière sur leur chemin du trajet, nos héros poursuivent leur chemin. Accueillis par le serviteur Sandro, ils ne se doutent pas que Drago cache dans une pièce une exposition de cadavres monolithiques.

                                        

Débutant par un prologue sarcastique en trompe l'oeil, cette oeuvre bisseuse au charme vintage attise immédiatement la sympathie, notamment auprès de ces attachants personnages. Des forains concoctant auprès d'une foule champêtre du 19è siècle des spectacles macabres de mises à mort ! Epaulé d'une superbe photo noir et blanc et de décors gothiques singuliers, l'intrigue nous entraîne dans le refuge macabre d'un manoir antique abritant des animaux embaumés ainsi que des cadavres humains figés pour l'éternité. Une amusante variation en somme auprès des mannequins de cire tant et si bien que le Comte Drago renoue avec les travaux obsessionnels de Vincent Price entrepris dans l'Homme au masque de cire tourné 9 ans plus tôt. L'efficacité du récit émane des disparitions inquiétantes de chacun des personnages piégés dans le dédale funéraire du comte Drago. A ce titre, le final somptueusement baroque dévoilant enfin les travaux finaux de ses horribles méfaits nous scande sa plus belle séquence de poésie corporelle, qui plus est accentuée d'une atmosphère feutrée étrangement surnaturelle !

                                   

Avec une classe autorité et un magnétisme glaçant, Christopher Lee réussit une fois de plus à camper un personnage aussi bien lugubre qu'orgueilleux lors de ses exactions, pour ne pas dire azimuté dans sa quête obsessionnelle d'embaumer des humains afin de préserver leur jeunesse auprès d'un procédé révolutionnaire. Son valet incarné par Mirko Valentin ne manque pas non plus de charisme mortifère en faire-valoir criminel maladivement fasciné par les expériences morbides de son maître. D'autres personnages secondaires, telle la sorcière fétide (superbement campée par Donald Sutherland dans un rôle ternaire !), le nain Nick (Antonio De Martino), Eric le leader ambulant (Philippe Leroy) ou la ravissante Laura (Gaia Germani) instaurent une présence aussi convaincante afin de rehausser l'aura ombrageuse de cette farce macabre.

                                        

Soigneusement réalisé avec savoir-faire formel, Le chateau des Morts-vivants constitue une  surprenante curiosité latine. Une série B bisseuse agréablement rétro, parfois même violente (en se resituant dans le contexte de l'époque) et surtout exacerbé d'un décorum parfois baroque, telles ses immenses statues de pierre animalières ornant les jardins du château. L'efficacité du récit habilement conté, la beauté fulgurante de certaines images macabres ainsi que son casting inquiétant achèveront de séduire les amoureux du genre gothique que Bava inaugura de son empreinte avec Le Masque du Démon.

* Bruno

Dispo chez ARTUS FILMS en dvd.

06.05.11

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