vendredi 13 mai 2011

REVENGE (Haevnen/In a better World) OSCAR DU MEILLEUR FILM ETRANGER 2011



de Susanne Bier. 2010. Danemark/Suede. 1h53. Avec Mikael Persbrandt, Trine Dyrholm, Ulrich Thomsen, Markus Rygaard, William Jøhnk Nielsen, Bodil Jorgensen, Elsebeth Steentoft, Martin Buch, Anette Støvlebæk, Kim Bodnia…

Sortie en salles en France le 16 Mars 2011

FILMOGRAPHIE: Susanne Bier est une réalisatrice danoise née à Copenhague le 15 Avril 1960.
1989: Songlines, 1991: Freud quitte la maison, 1992: Lettre à Jonas, 1994: Affaires de famille, 1995: Like it never was before, 1997: Sekten, 1999: The One and Only, 2000: Once in a lifetime, 2002: Open Hearts, 2004: Brothers, 2006: After the Wedding, 2007: Nos souvenirs brûlés, 2010: Revenge. 

                     

Auréolé du prix commun du meilleur film Etranger pour la cérémonie des Oscars ainsi que celle des golden Globes 2011, Revenge est un drame intense et bouleversant venu du pays Danois sur les difficultés relationnelles parentales et le traitement de la violence extériorisée, innée en chaque être humain. 

Elias, un garçonnet dont les parents viennent de se séparer est le souffre douleur d'une bande de collégiens trubilions. Il se lit d'amitié avec un nouveau camarade, Christian, qui vient de perdre sa mère décédée d'un cancer. Ce dernier va lui porter secours en rouant de coups et menaçant l'un des oppresseurs d'Elias avec un couteau dans les toilettes du collège. Depuis, les deux enfants se lient d'une amitié complice mais un affrontement physique entre le père d'Elias hostile à toute forme de violence contre un inconnu castrateur vont leur permettre l'éventualité d'une vengeance incongrue. 

                       

Sur le thème on ne peut plus d'actualité de la banalisation de la violence dans les milieux scolaires et les relations parentales souvent conflictuelles à tenter de former l'éducation de leur progéniture,Revenge décrit avec sobre vérité humaine et acuité psychologique deux portraits de famille fragilisés par une fracture conjugale commune. 
La réalisatrice Susanne Bier nous fait partager avec une sensibilité prude les moments intimes de deux enfants fragilisés, introvertis sur eux-mêmes par la cause indirecte de parents déjà lourdement éprouvés par leur échec sentimental impliquant l'idylle amoureuse de leur vie. 
C'est d'abord Christian, pronfondément perturbé par la disparition de sa mère décédée rigoureusement d'un cancer qui interpelle le spectateur dans ses blessures morales infligées contre son gré et sa violence radicale extériorisée de manière brutale envers des rejetons insolents cédant mécaniquement à la provocation de la violence par complexe d'infériorité. 
Alors que le jeune Elias, fils d'un père docile, médecin renommé dénué d'agressivité car déjà lourdement accablé par les conflits guerriers d'un camp africain de réfugiés dont il a la tâche de devoir soigner chaque blessé, se retrouve inévitablement en rôle de victime malgré lui. Un enfant chétif au bord du marasme car n'ayant pas les outils en main pour avoir l'instinct de fierté et l'amour propre à pouvoir se défendre en cas d'agression verbale ou physique offusquée dans les brimades de son honneur bafouée. 
C'est à la suite d'une rixe entre le père d'Elias et un ouvrier irascible que les deux enfants rebutés vont décider de venger ce père pacifiste se refusant à tolérer le droit de se défendre par la riposte machinale de la violence inculte. Et cela, même si celui-ci va prouver une dernière fois aux enfants que répondre à la brutalité gratuite par la violence vindicative ne peut résoudre un conflit de prime abord accès sur l'imbécilité primaire.
Cette vengeance abrutissante à haut risque compromise par deux ados rebelles déstructurés est le fruit de leur blessure intérieure, leur malaise existentiel, leur quête indentitaire pour le passage délicat d'une adolescence cruelle, de surcroît entaillée par un désordre conjugale dont l'un est destitué de sa mère inéquitablement décédée. 

                      

Susanne Bier nous démontre sans pathos ni discours grandiloquant ou moralisateur les relations abstraites et exigeantes que les parents issus ici d'un réseau social confortable doivent faire face avec difficulté et assumer pour leur postérité en devenir. Le portrait établi envers Christian et Elias, pronfondément meurtris dans leur chair illustrent à quel point la période la plus fragile de l'existence humaine se trouve dans le difficile cap de l'adolescence. 

Par l'impartialité naturelle de comédiens magnifiquement modestes (les parents érudits sont aussi criant d'humanité que les deux enfants poignants de fébrilité innocente) et structuré d'un scénario d'une rare densité, Revenge nous entraine contre vents et marées dans une magnifique initiation à la tolérance et l'inculcation infantile. 
Mis en scène avec réalisme brut mais tempéré, cette oeuvre bouleversante est autant une réflexion immuable sur le désir de vengeance, sur les effets néfastes de la violence banalisée, sur sa répercusion morale intuitive et notre comportement épidermique face à l'intolérance néfaste. A moins d'imposer une certaine forme de lacheté loyale octroyée contre toute forme de véhémence tendancieuse. Une oeuvre fébrile à deux doigts de sombrer dans la tragédie la plus répréhensible mais sauvée par l'humanité rédemptrice de nos héros désemparés.

                     
12.05.11
Brnuo Matéï.

                                                     

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