mercredi 29 juin 2011

C'est ma vie aprèstout / Whose Life Is It Anyway ?


de John Badham. 1981. U.S.A. 1h55. Avec Richard Dreyfuss, John Cassaveres, Christine Lahti, Bob Balaban, Kenneth Mc Millan, Kaki Hunter, Thomas Carter, Alba Oms, Janet Eilbert, Kathryn Grody. 

Sortie US le 2 Décembre 1981.

FILMOGRAPHIEJohn Badham est un réalisateur et producteur britannique, né le 25 Aout 1939 à Luton en Angleterre. 1976: Bingo, 1977: La Fièvre du Samedi soir, 1979: Dracula, 1981: C'est ma vie après tout, 1983: Tonnerre de feu, Wargames, 1985: Le Prix de l'exploit, 1986: Short Circuit, 1987: Etroite Surveillance, 1990: Comme un oiseau sur la branche. 1991: La Manière Forte. 1992: Nom de code: Nina. 1993: Indiscrétion Assurée. 1994: Drop Zone. 1995: Meurtre en suspens. 1997: Incognito. 1998: Road Movie.

                                   

Réalisateur éclectique notoire, John Badham livre en 1983 son oeuvre la plus bouleversante auprès du thème délicat de l'euthanasie alors que de nos jours il est hélas injustement oublié des cinéphiles aguerris. Or, sous l'impulsion d'un acteur aussi notable que Richard Dreyfuss ne s'apitoyant nullement sur son sort infortuné, C'est ma vie après tout éprouve le spectateur pour suivre le cheminement désespéré d'un patient paraplégique décidé à rompre définitivement avec la solitude de sa condition infirme. Et ce sans émotion programmée afin de nous prendre vulgairement en otage auprès de son thème aussi facilement tire-larme que des cinéastes sans crupules ont trop souvent tendance à cultiver.  Le PitchKen Harrison est un quadra épris de passion pour son métier de sculpteur, farouchement amoureux de son épouse. Un matin, en empruntant la route, il percute incidemment de plein fouet un poids lourd engagé sur la droite d'un carrefour. Transporté d'urgence à l'hôpital, John se retrouve paralysé de tous ses membres, à l'exception de l'usage de sa tête et de ses facultés cognitives.

                                       

Œuvre magistrale d'une fragilité humaine emplie d'humilité, C'est ma vie après tout nous conte avec une acuité implacable le destin galvaudé de ce sculpteur condamné à la paralysie. Si bien qu'après avoir sombré 30 jours dans le coma, Ken prend conscience que sa vie autrefois fougueuse et épanouie est aujourd'hui rompue à jamais. En l'occurrence, après avoir avoué à sa partenaire son désir de rompre leur union maritale, Ken se résigne à mourir de son plein gré. Epaulé du personnel médical, chacun d'eux tentera éperdument de le convaincre à renoncer à l'euthanasie. Ainsi, en conjuguant (intense) émotion, tendresse, humour et intelligence John Badham évoque  les thèmes de l'euthanasie et de la dépression par le biais de cet infirme saint d'esprit toutefois résolu à s'y sacrifier. Mais est-il néanmoins moralement apte à envisager de mourir afin de dissoudre sa souffrance morale ? Le cinéaste dénonçant également l'attitude du corps médical lorsque ces derniers tentent d'apaiser la souffrance morale du malade par le biais de drogues de substitution, quand bien même le système consulaire devra juger s'il faut autoriser ou non la volonté personnelle du malade voué à en finir. Sans l'ombre du pathos donc, en privilégiant une verve exubérante, Richard Dreyfus insuffle une dimension humaine extravertie dans celui du paraplégique obtus féru de blagues salaces auprès du corps infirmier à son chevet. Son parcours du combattant à daigner mourir plutôt que de renouer avec la vie bouleverse durement le spectateur témoin malgré lui de sa désillusion existentielle alors que l'on espère (par voie de rédemption) un chouilla d'espoir pour sa destinée sinistrosée.

                                        

Sublimé de la prestance à la fois fragile et spontanée de Richard Dreyfuss vibrant d'expressivité angoissée et désespérée dans une posture lunaire sciemment antinomique et d'une poignée de seconds rôles très attachants dans leur posture empathique jamais outrée (John Cassavetes, Christine Lahti, Bob Balaban, Kenneth Mc Millan, Kaki Hunter ), C'est ma vie après tout constitue un témoignage bouleversant sur le respect du patient d'accepter son choix personnel de poursuivre ou pas sa condition estropiée. Il y émane un grand moment de cinéma aussi tendre, fringant et douloureux que profondément pessimiste de par la rigueur de son élégie teintée de désillusion. 

Dédicace à Luke Mars.
29 Juin 2011. 3

2 commentaires:

  1. Magnifique film que je devrais revoir... Même si le sujet est sensible,le film pose les bonnes questions.C'est dit,je vais le revoir!
    Merci pour la dédicace ça me touche...

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  2. un pur joyau ce film, trop méconnu , il traite le sujet de façon admirable
    de plus la musique de Rubinstein est tout simplement splendide, tout comme les acteurs.
    le blus beau rôle de Dreyfuss pour ma part .

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