jeudi 21 juillet 2011

Red Hill


de Patrick Hughes. 2010. Australie. 1h33. Avec Ryan Kwanten, Tommy Lewis, Claire Van Der Boom, Kevin Harrington, Steve Bisley.

FILMOGRAPHIE: Patrick Hughes est un réalisateur australien. 2000: The Director (court-métrage). 2001: The Lighter (court-métrage). 2008: Signs (court-métrage). 2010: Red Hill.

                               

Produit par le réalisateur de Wolf Creek et Solitaire (Greg McLean), ce premier long-métrage de Patrick Hughes tente d'affilier le western ancré dans notre époque contemporaine avec le thriller tendance horrifique parmi la présence d'un tueur méthodique et spectral.

Synopsis: Shane Cooper est un jeune flic débarqué dans une petite contrée de l'Australie, Red Hill, parmi la compagnie de sa femme enceinte. Après avoir rencontré le shérif local, quinquagénaire robuste en lisse électorale, Shane apprend par un adjoint la fuite d'un dangereux détenu, Jimmy Conway, coupable de l'assassinat de sa femme. Une traque sauvage est alors engagée par les forces de l'ordre épaulées de quelques citadins justiciers.

                               

Tourné en à peine un mois de manière indépendante, Red Hill est une série B peu ordinaire dans son alliage des genres western + thriller. Car en dépit d'un scénario classiquement structuré et facilement prévisible, cette histoire de vengeance réussit malgré tout à surprendre dans sa manière d'y façonner son récit pour rendre hommage au western classique situé dans notre époque contemporaine. Avec en prime cette ambition insolite d'y inclure un personnage iconique interlope, véritable exterminateur inflexible. D'ailleurs, sa première apparition à l'écran se révèle l'une des scènes les plus impressionnantes du film tant sa posture buriné d'aborigène patibulaire au visage à demi brûlé renvoie à l'icône horrifique tout droit sorti d'un slasher autoritaire ! De prime abord, ce tueur glacial semble s'être échappé uniquement pour décimer tous les flics de la région si bien qu'il laissera la vie sauve à un couple de retraité en préambule de ces actes criminels. Shane, jeune flic novice, courageux et déterminé, est sur le point de l'appréhender mais son rival impassible réussit à l'intimider d'un simple regard létal.

                               

Le scénario convenu est donc loin d'être le pari gagnant d'une histoire éculée traitée à foison dans les classiques du genre. Mais pour une première réalisation, Patrick Hughes réussit honorablement à apporter suffisamment de densité pour le profil de notre preux héros tributaire de ces supérieurs véreux en y calibrant adroitement des scènes d'action violentes et spectaculaires. Quand bien même l'esthétisme crépusculaire des images poétiques d'une beauté opaque sensuelle participe beaucoup au climat insolite, clairsemé qui en découle. De surcroît, la photographie désaturée  amplifie ce sentiment fantasmagorique auquel même à deux reprises une panthère noire s'aventurera auprès de nos antagonistes. Comme si ce félin hostile eut prophétisé la revanche d'un fantôme meurtri par la haine de la violence et de la xénophobie.

                              

Nanti d'une mise en scène plutôt soignée (même si perfectible) et de dialogues assez balisés, Red Hill est une étonnante découverte parvenant dans sa forme à offrir un western classique dans un moule inhabituel de mystère sous-jacent et d'insolite palpable. La prestance frugale d'honnêtes comédiens et surtout la caractérisation funèbre du personnage patibulaire féru de vengeance privilégient une dimension horrifique prégnante au sein de ce western moderne à la personnalité propre. En prime, son final révélateur, escompté mais cependant audacieux, se révèle intense et poignant en réussissant à provoquer une émotion empathique sans l'ombre du pathos. Un ultime acte décisif mis en suspension avant que la véritable victime est à deux doigts de plonger dans les ténèbres. 

*Bruno
21.07.11

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