mardi 4 octobre 2011

LA CHASSE AUX SORCIERES (The Crucible)


de Nicholas Hytner. 1996. U.S.A. 2h04. Avec Daniel Day Lewis, Winona Ryder, Paul Scofield, Joan Allen, Bruce Davison, Rob Campbell, Jeffrey Jones, Peter Vaughan, Karron Graves, Charlayne Woodard.
Sortie en salles en France le 26 Février 1997. U.S: 27 Novembre 1996

FILMOGRAPHIE: Nicholas Hitner est un réalisateur et producteur britannique né le 7 Mai 1956 à Manchester. 1994: La Folie du roi George. 1996: La Chasse aux sorcières. 1998: l'Objet de mon affection. Twelfth Night, or What You Will (télé-film). 2000: Danse ta vie. 2006: The History Boys.


En 1996, le peu prolifique Nicholas Hitner adapte à l'écran le fameux procès des sorcières de Salem de l'histoire coloniale des Etats-Unis qui fustigea dans le Massachusetts de l'an 1692 la condamnation et l'exécution de paysannes accusées de sorcellerie. Le film est adapté de la pièce à succès, The Crucible de Arthur MillerA Salem, une hystérie collective menée par la jeune Abigail semble apeurer toute la population après que d'innocentes femmes se soient retrouvées accusées à tort de sorcellerie. Jalouse car éperdument amoureuse de John Protor avec qui elle avait eu préalablement une liaison d'adultère, elle décide par esprit vindicatif de faire accuser la femme de ce dernier.Succès critique à l'époque de sa sortie, cette production hollywoodienne de 25 millions de dollars réunissant une pléiade de stars notoires décrit avec parcimonie le déclin d'une population villageoise terrorisée par les superstitions satanistes et de l'inquisition instaurées au début du 13è siècle. Cette juridiction ecclésiastique réprimait sans concession les crimes d'hérésie jusqu'au XVIè siècle. Par l'entremise d'une catin perfide et pernicieuse parvenant facilement à endoctriner dans son hérésie un groupe de jeunes filles terrorisées par son influence, la population de salem va être en proie à une véritable hystérie collective. Une paranoïa de grande ampleur, une progression dans la folie si savamment alimentée que le sinistre Révérend Hale va être amené à se déplacer pour se rendre sur les lieux afin de constater la potentielle emprise du Diable. Dès lors, d'innocentes villageoises ou des paysans infirmes sont condamnés de pactiser avec le démon pour être finalement pendus devant une population enflammée. Mais un autre procès tout aussi dérisoire se profile autour du couple John et Sarah Protor, accusés à leur tour par Abigail, rongée par la haine et la jalousie d'avoir été dépréciée par cet époux valeureux avec qui elle eut précédemment une brève relation d'adultère.


La force du récit réalisé dans une reconstitution soignée de l'époque médiévale (bien que les décors soient minimalistes) est d'illustrer avec intensité émotionnelle le destin tragique de villageois lambda injustement condamnés à mort pour des suspicions contraires à l'ordre moral du catholicisme. Entre les vrais responsables de cette imbécile paranoïa incongrue et l'impassibilité des hauts représentants tributaires de la foi chrétienne censés résolver une justice équitable, Nicholas Hytner dénonce l'hypocrisie de ces juges incapables d'éprouver une once de lucidité et de discernement face aux accusations délirantes assénées aux victimes. C'est l'obsession du puritanisme inculqué depuis des siècles et l'intégrisme religieux qui nous sont sévèrement dénoncés à travers l'autorité d'une juridiction totalitaire. La peur d'être accusé de sorcellerie pour se retrouver la corde autour du cou va inciter nombre de villageois a avouer des expériences occultes qu'ils n'ont jamais commis. Ou à contrario, tenter de dissuader le tribunal consulaire de ces accusations grotesques mais se retrouver inévitablement suspecté pour un motif absurde contraire à la morale de Dieu. La victime présumée, totalement démunie, se retrouve alors esseulée pour sa plaidoirie établie sans avocat devant leur tribunal érigé par l’Église. Daniel Day Lewis endosse avec ferveur et autorité spontanée un personnage humble inscrit dans la dignité humaine, la raison et la véritable foi de ne pas se laisser vilipender par les mensonges d'une catin au pouvoir de persuasion diabolique. Un homme prêt à fabuler pour signer la fraude d'un acte de rédemption afin d'échapper à la pendaison ou à contrario sauver en dernier recours son âme en guise de repentance pour ces honnêtes convictions. Une loyauté déférente de ne pas se résoudre à un simulacre judiciaire compromis avant tout pour endormir une population davantage anarchiste. La gracile Winona Ryder lui partage la vedette avec la conviction d'une démesure hystérique, personnage odieux de mégère responsable d'une hécatombe humaine. En épouse aimante et candide, Joan Allen s'avère particulièrement sobre et poignante dans sa loyauté inflexible à accepter la ferme décision de son époux à se sacrifier en désespoir de cause..

                                     

Les Sorcières de Salem.
Particulièrement intense, poignant, voir bouleversant vers son point d'orgue tragique, la Chasse aux sorcières est l'un des plus puissants réquisitoires contre l'intolérance, le puritanisme sectaire et l'influence néfaste que l'inquisition aie pu engendrer sur des engeances sans vergogne. Superbement interprété par des comédiens criant de sobriété dans leur humanité désespérée, cet implacable drame historique s'érige en triste témoignage pour fustiger l'obscurantisme moyenâgeux et les superstitions qui en émanent. 

Récompenses:
1998 : Sony Ericsson Empire Award de la meilleure actrice pour Joan Allen.
1997 : BAFTA du meilleur acteur pour Paul Scofield.
1997 : Critics Choice Award de la meilleure actrice pour Joan Allen.

04/10.11
Bruno Matéï


 

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