lundi 30 janvier 2012

TAKE SHELTER. Grand Prix à Cannes et Grand Prix à Deauville, 2011.


de Jeff Nichols. 2011. U.S.A. 2h00. Avec Michael Shannon, Jessica Chastain, Tova Stewart, Shea Whigham, Katy Mixon, Kathy Baker, Ray McKinnon, Lisa Gray Hamilton, Robert Longstreet, Guy Van Swearingen.

Récompenses: Grand Prix, Prix de la SACD  au Festival de Cannes en 2011
Grand Prix au Festival de Deauville.
Prix de la Meilleure Actrice à Jessica Chastain au Festival du film d'Hollywood.

Sortie salles France: 4 Janvier 2012. U.S: 30 Septembre 2011.

FILMOGRAPHIE: Jeff Nichols est un réalisateur et scénariste américain né le 7 Décembre 1978 à Little Rock, Arkansas (Etats-Unis). 2007: Shotgun Stories. 2011: Take Shelter. 2012: Mud. 2016: Midnight Special. 2016: Loving.


Pour son second long, Jeff Nichols reprend son acteur fétiche Michael Shannon pour nous décrire avec parcimonie le cas d'une dégénérescence mentale. Celui d'un père de famille prêt à protéger sa famille contre la perplexité de son entourage, car finalement persuadé que l'apocalypse est pour demain. Le pitch: Curtis est un ouvrier de chantier à la vie de famille harmonieuse. A la suite d'un  cauchemar nocturne, son comportement avec son entourage devient particulièrement irritant. Souffrant d'insomnie depuis la récurrence de ses rêves, Curtis contacte son médecin pour connaitre les raisons de sa pathologie. Mais convaincu de ses visions spirituelles, ce dernier se détermine à protéger les siens pour les prémunir d'une éventuelle apocalypse. Il décide d'agrandir son abri anti-tornade au péril de ses finances et de sa profession. 
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Après Melancholia de Lars Von Trier, Jeff Nichols aborde le thème catastrophiste en vogue de l'apocalypse depuis que l'oracle Nostradamus ou encore les mayas eurent prédit la fin de notre monde en cette année 2012. Sous la forme prude d'un drame introspectif auscultant les tourments d'un père de famille torturé par ses songes, Take Shelter nous décrit avec une empathie sensitive son désarroi psychologique face à la perplexité de son entourage. Car depuis que Curtis est en proie à des rêves cinglants mais aussi des hallucinations portant atteintes à l'existence de sa fille, sa rationalité s'amenuise depuis ses insomnies itératives et sa contrariété d'une prémonition. Mais sa paranoïa grandissante le mènera inévitablement jusqu'au bout de sa déraison. A savoir dénigrer contre son gré son compagnon canin, certains amis de longue date et surtout entreprendre d'agrandir un abri de jardin afin de prémunir sa famille d'un évènement climatique d'une ampleur démesurée. A l'aide d'une structure narrative assidue, Jeff Nichols nous illustre le profil de ce schizophrène en chute libre. Dans un climat diaphane érigé autour du psyché parano de ce dernier, sa plongée vers la démence nous éprouve au sein de son cocon familial. Pour interpréter ce rôle névrosé, Michael Shannon nous bouleverse à travers sa posture patriarcale contraint de bafouer sa profession mais aussi à trahir un de ses acolytes pour accomplir sa devise. Marqué d'un regard terne et évasif, l'acteur nous transmet une compassion sensitive de par son humanité désespérée. Dans celle de l'épouse démunie mais combative et pleine d'aspiration, Jessica Chastain n'a pas volé son prix d'interprétation à Hollywood. Sa frêle prestance axée sur l'empathie amoureuse et la fidélité nous ébranlant avec une vérité somme toute naturelle.

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Apocalypse Now
De par sa structure narrative dédiée à y transcender l'humanité fléchissant d'un couple en perdition, Take Shelter édifie leur tragédie avec une noirceur désespérée. Leur trajectoire rédemptrice culminant vers un point d'orgue drastique où la désillusion apparaît sous sa forme la plus défaitiste. Obsessionnel et anxiogène, miroir de notre époque contemporaine rongée par l'amertume et le désenchantement, Take Shleter nous hante de manière viscérale en faisant appel à la mélancolie de la survivance. Puissamment expressif.

30.01.12


2 commentaires:

  1. Très belle critique Bruno. Tout pareil de mon côté. Take Shelter est un chef-d'oeuvre. J'y repense d'ailleurs régulièrement depuis que je l'ai vu.

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  2. Merci Gilles. Spécialement, je peux te dire que ton avis réciproque me fait extrêmement plaisir car ce soir je me suis pris une claque comme rarement ! Indubitablement, un des 50 plus beaux fims de ma vie.
    Oui Gilles, impossible d'oublier un tel sommet d'émotion prude !

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