vendredi 27 avril 2012

Chronicle

                                                     Photo empruntée à Google, appartenant au site Allocine.fr

de Josh Trank. 2012. U.S.A. 1h29 (version longue). Avec Dane DeHaan, Alex Russell, Michael B. Jordan, Michael Kelly, Ashley Hinshaw, Anna Wood, Rudi Malcolm, Luke Tyler, Armand Aucamp.

Sortie salles France: 22 février 2012. U.S: 3 Février 2012

FILMOGRAPHIE: Josh Trank est un réalisateur, scénariste, monteur, acteur, producteur américain, né le 19 Février 1985 à Los Angeles, Californie. 2012: Chronicle
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           Avertissement ! Il est préférable de visionner le film avant de lire ce qui va suivre.

Empruntant le concept en vogue du Found footage avec une efficacité perpétuelle, Josh Trank, cinéaste novice puisqu'il s'agit de son 1er long, exploite avec autant d'intelligence que d'originalité la thématique du super-héros afin de nous alerter sur le malaise existentiel d'une jeunesse pro real TV avide de reconnaissance populaire. Le PitchTrois lycéens se découvrent des super-pouvoirs après avoir été en contact avec une matière insolite confinée dans une grotte. Si au départ leur don surhumain est un jeu de distraction pour épater ou brimer leurs camarades, l'un des trois acolytes se laisse peu à peu influencer par une folie autodestructrice.  


Chronicle prend pour thème ludique le mythe du super-héros à travers la quotidienneté d'adolescents en quête identitaire. Cela débute par des blagues de potaches, tel le fait de retrousser à distance les jupes des filles, faire flotter dans les airs un ours en peluche ou encore déplacer la voiture d'un parking à un autre emplacement. C'est ensuite qu'intervient le premier incident commis par Andrew, le plus fragile du trio, faute d'un père alcoolique abusif. Sur une aire d'autoroute, après avoir été contrarié par un conducteur empressé, Andrew lui causera volontairement un accident en le faisant dévier de sa trajectoire. C'est à cet instant précis que le trio prend soudainement conscience du danger létal que peut causer leur pouvoir potentiellement destructeur. Ce qui n'empêchera pas Steve de réussir quelques instants plus tard l'exploit de se maintenir dans les airs jusqu'à entreprendre de voler, tel Superman, en amont des nuages. Nos comparses stimulés par le rêve et l'évasion élaboreront ensuite quelques numéros prodiges lors d'un spectacle de magie afin d'épater et gagner la popularité du public. Quand bien même Andrew escompte enfin son premier rapport sexuel avec une jeune courtisane lors d'une rave party, et ce avant de se heurter à l'abus d'alcool.


C'est donc du côté du profil complexé d'Andrew que la narration amorce une tournure beaucoup plus radicale et alarmiste. Faute d'une relation parentale tempétueuse, d'une mère mourante et surtout d'un père condescendant, le rejeton profitera de ses facultés télékinésiques pour extérioriser sa haine punitive en provoquant des actes violents de vandalisme puis blesser son entourage. De son mal-être existentiel et névrosé en quête de reconnaissance affective, le réalisateur y extrait une réflexion sur l'avilissement du pouvoir le plus souverain. De par son sentiment mégalo de se prétendre indestructible, son aptitude à pouvoir contrôler et régir son entourage par sa volonté cérébrale émane sa suprématie d'annihiler la terre ! Ainsi, à travers une violence visuelle ultra homérique, la colère préalablement introvertie d'Andrew  explose littéralement lors d'un fracas de destruction urbaine massive ! Et niveau pyrotechnie, les séquences apocalyptiques de dévastation métropolitaine sont transfigurées d'FX inventifs soumis à la psychologie torturée de l'anti-héros, alors que les fans du genre se remémoreront facilement le manga culte Akira de Katsuhiro Ōtomo.


L'Enfant Cauchemar
Original et fun par son traitement ultra réaliste, puis davantage inquiétant et anxiogène au fil d'un récit à la progression dramatique implacable oscillant malaise et terreur, Chronicle détonne par son vérisme documenté d'une intensité borderline (de par ses sentiments dichotomiques de réjouissance et d'appréhension que le spectateur ressent face à un pouvoir aussi absolu). La prestance spontanée des comédiens d'autant plus inconnus et la mise en scène ambitieuse déployant des séquences hallucinées de destruction massive nous acheminant à la cacophonie la plus cauchemardesque. Enfin, sa réflexion sur la solitude d'une jeunesse virtuelle ("j'ai décidé de tout filmer", dixit le héros en préambule !) obnubilé par le pouvoir de l'image et la célébrité nous laisse un goût aigre dans la bouche. 

* Bruno
27.04.12
11.09.23


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