mercredi 6 juin 2012

THE SECRET LIFE OF WORDS (La Vida secreta de las palabras). Meilleur film GOYAS 2005.

Photo empruntée sur Google, appartenant au site cartelespeliculas.com   
d'Isabel Coixet. 2006. Espagne/U.S.A. 1h52. Avec Sarah Polley, Tim Robbins, Javier Camara, Eddie Marsan, Steven Mackintosh, Julie Christie, Danny Cunningham, Emmanuel Idowu, Dean Lennox Kelly, Daniel Mays.

Sortie salles France: 19 Avril 2006. U.S: 15 Décembre 2006

Récompenses: Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario aux GOYAS 2005

FILMOGRAPHIE: Isabel Coixet est une réalisatrice, scénariste et productrice espagnole, née le 9 avril 1960 à Barcelone.
1989: Demasiado viejo para morir joven
1996: Des choses que je ne t'ai jamais dites
1998: XII Premios Goya (TV). L'Heure des nuages.
2003: Ma vie sans moi
2005: The Secret Life of Words
2008: Lovers
2009: Map of the Sounds of Tokyo
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Sur une plate-forme pétrolière, une jeune infirmière est enrôlée pour soigner un grand brûlé. Entre les deux inconnus, une complicité amicale va se nouer et dévoiler leur secret les plus inavouables. 
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A travers le portrait de deux êtres laminés par la honte et la culpabilité, la réalisatrice Isabel Coixet nous illustre avec pudeur leur amitié naissante pour finalement nous acheminer vers une réminiscence traumatisante. Hanna, infirmière mutique, introvertie et taciturne, se morfond dans une solitude aigrie devant ses camarades de travail, réfractaires à son attitude impassible. Déléguée par son patron durant un mois sur une plate-forme pétrolière, elle y fait la connaissance de Josef. Un homme gravement brûlé par la cause d'un incendie industriel, faute d'avoir tenter de porter secours à son meilleur ami. Allongé sur un lit, affaibli par ses diverses plaies et contusions, Josef est également atteint de cécité le temps de deux semaines de convalescence. C'est par l'intermédiaire de cette infirmière timorée et mystérieuse, recrutée pour le soigner de ses blessures, que Josef va peu à peu tenter d'instaurer une complicité amicale.


Avec la candeur d'une une mise en scène épurée exploitant la beauté naturelle de la mer et scrutant progressivement les états d'âme bafoués de nos deux protagonistes, The Secret Life of Words s'emprunt d'une poésie lancinante à travers leurs intimes confidences. La réalisatrice insufflant ici judicieusement le pouvoir de suggestion comme cet éloge culinaire dialogué par Josef pour tenter de désnihiber Annah d'un silence trop pesant. Mais quand les langues se familiarisent et se délient au fil de leur connivence, la douleur meurtrie, décrite de façon textuelle, nous glace le sang pour le souvenir d'une affliction.
A travers leur sombre confidence emplie de rancoeur et culpabilité, la réalisatrice porte finalement un témoignage accablant sur les victimes avilies par la barbarie inhumaine de la guerre. Les tortures et viols infligées sur les victimes les plus démunies nous sont mis en exergue par la suggestion des dialogues énoncés pas la victime. L'impact verbal de l'horreur décrite n'en n'est que plus abjecte, car jusqu'au-boutiste dans l'imaginaire vécu. Et la narration préalablement contenue dans un altruisme vertueux se transforme dès lors en tragédie humaine à la porté émotionnelle déchirante.
Par la densité humaine de ces deux interprètes principaux (Tim Robbins et Sarah Polley, époustouflants de vérité endolorie, se livrent corps et âme avec une pudeur à fleur de peau !), cette amitié naissante entre deux inconnus va finalement tenter de s'uniformiser vers une rédemption amoureuse.


Pour ne jamais oublier !
Dénonciation de la barbarie pour toutes les victimes asservies par le trauma de la guerre, The Secret Life of Words est un éloge périlleux à la vie. A travers l'amitié candide de deux êtres brisés par un drame incurable, Isabel Coixet en tire une leçon de tolérance sur l'aspiration au bonheur déchu par la grâce amoureuse. En résulte un conte bouleversant à la fantasmagorie sous-jacente (l'esprit spirituel d'une âme infantile plane sur le récit !), nous laissant dans une acuité émotionnelle emplie de fragilité et de prostration. Attention Spoiler ! Et cela juste avant l'ultime révélation fracassante d'une catharsis maternelle. Fin du spoiler. Inoubliable !
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Dédicace à Jérome Roulon
07.06.12
Bruno Matéï
                                         

3 commentaires:

  1. Excellente critique et merci beaucoup pour la dédicace ^^

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. Un grand merci à toi de m'avoir fait découvrir un des plus beaux films romantiques que j'ai vu ! ^^

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