vendredi 10 août 2012

Le Dragon du Lac de Feu / Dragonslayer

                                             
                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

de Matthew Robbins. 1982. U.S.A. 1h49. Avec Peter McNicol, Caitlin Clarke, Ralph Richardson, John Hallam, Peter Eyre, Albert Salmi, Sydney Bromley, Chloe Salaman, Emrys James, Roger Kemp, Ian McDiarmid.

Sortie salles France: 20 Octobre 1982. U.S: 26 Juin 1981

FILMOGRAPHIE: Matthew Robbins est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur américain.
1978: Corvette Summer. 1981: Le Dragon du Lac de Feu. 1985: La Légende de Billie Jean. 1985: The Main Attraction (Episode TV). 1985: Histoires Fantastiques (1 épisode). 1987: Miracle sur la 8è Rue. 1989: Mothers, Daughters and Lovers (télé-film). 1991: Bingo.


Co-produit par Walt Disney et Paramount, le Dragon du lac de Feu fut malencontreusement un échec financier à sa sortie. Sombré dans l'oubli depuis, en dehors d'une poignée d'aficionados indéfectibles, cette production de 18 millions de dollars (qui en rapporta 14 !) demeure pourtant un spectacle d'héroïc-fantasy aussi inhabituel que grandiose de par son réalisme naturaliste. Si bien qu'en l'occurrence, l'écurie Disney s'attelle cette fois-ci à faire preuve d'une certaine violence audacieuse chez les méfaits du dragon destructeur, friand de jouvencelles candides. Le PitchAu royaume d'Urland, un dragon sème la terreur auprès de la population. Pour calmer sa haine, le roi est fréquemment contraint de lui offrir en sacrifice une jeune vierge tirée au sort parmi sa population. Galen, un apprenti-sorcier, va tenter de le combattre depuis que son maître fut malencontreusement assassiné. Fort d'une photo somptueuse aux teintes maltaises et de décors naturels transcendant l'immensité de plaines et montagnes clairsemées, Le Dragon du Lac de Feu séduit par son esthétisme d'une époque moyenâgeuse où la sorcellerie semble en phase de déclin. Le choix des comédiens est notamment un atout anticonformiste pour crédibiliser les enjeux dramatiques de nos protagonistes. Car en oracle autoritaire vieillissant, Ralph Richardson fait preuve de son charisme paternel habituel, alors que son comparse, Galen, interprété par le néophyte Peter McNicol, s'attribue un rôle chevaleresque à la bonhomie étonnamment naïve et quelque peu empotée. Sa compagne Valérik, campée par Caitlin Clarke, possède elle aussi une physionomie ordinaire dans sa beauté suave somme toute modeste.


Ainsi, cette aventure assez obscure, notamment sobrement cocasse, nous illustre donc l'initiation d'un jeune apprenti sorcier délibéré à combattre un monstre belliciste que personne ne semble pouvoir circonscrire. Si son maître nécromancien s'était accordé la tâche de l'enrayer, il en aura décidé autrement au moment opportun pour se porter en sacrifice et ainsi privilégier Galen d'y prendre la relève. S'ensuit alors une expédition de longue haleine pour le jeune disciple afin de traquer le monstre et assurer la sérénité auprès du royaume d'Urland. Ce qui surprend durant son cheminement narratif à l'intérêt grandissant, c'est son refus de l'esbroufe et la volonté majeure de rationaliser un monde médiéval régi par un monarque égocentrique. Pour cause, le roi empli d'orgueil réfute à ce que sa fille chaste soit tirée au sort comme toutes les paysannes prudes de sa contrée afin de satisfaire le dragon irascible. Le réalisateur misant notamment sur la suggestion en retardant au possible les apparitions dantesques de l'animal. Un peu comme les Dents de la Mer ou Alien, le dragon nous sera dévoilé avec parcimonie en divulguant certaines parties de son anatomie. Tant auprès de son immense queue de serpent, l'intonation rugissante de sa gueule cracheuse de feu ou de ses larges ailes déployées du fond d'un ciel crépusculaire !


Or, conjuguant certains traits pittoresques auprès de l'apprenti maladroit féru de renommée, la tendresse de sa liaison naissante avec une paysanne timorée et son aventure dantesque d'une traque laborieuse contre le cruel dragon tant redouté, cette épopée médiévale nous transfigure un univers dépaysant où la magie est en instance d'initiation. L'ultime demi-heure échevelée laissant place à la frénésie de combats homériques entre Galen et l'animal réfugiés dans une grotte de feu pour se livrer une lutte sans merci. Quand au point d'orgue tout aussi épique, il met en valeur les envolées aériennes d'un dragon plus pugnace que jamais afin de provoquer l'antagoniste réfugié en altitude d'une montagne. C'est à cet instant fatidique que la sorcellerie acquise pourra enfin porter ses fruits de par l'anticipation de l'alchimiste retors. Toutes ces séquences impressionnantes où le dragon apparaît dans sa complète anatomie s'avèrent assez saisissantes de réalisme de par son aspect funèbre terriblement hostile. D'ailleurs, en ce qui concerne les effets spéciaux, il s'agit du premier film ayant utilisé la technique de l'animation go-motion supervisée par ordinateur. On est également surpris par la cruauté tolérée à certaines séquences martyrs où de jeunes vierges y sont sacrifiées par embrasement d'un brasier ou simplement dévorées par les rejetons du dragon !


Anticonformiste aux spectacles familiaux édulcorés, Le Dragon du Lac de Feu aborde le genre d'héroic fantasy avec une évidente maturité et même une certaine audace horrifique lors de deux séquences portées en offrande. En réalisateur intègre, Matthew Robbins n'omet pas pour autant la légèreté de l'humour imparti à son héros en herbe et surtout la crédibilité d'un univers médiéval à la fois ténébreux, naturaliste, expressif, sans fioriture aucune. Quand à la caractérisation du monstre belliqueux, il se révèle l'un des dragons les plus probants jamais conçus au cinéma ! (si on écarte Le Règne du Feu et la série prestigieuse Game of Thrones digne du format long). A revoir fissa.

*Bruno
10.08.23. 4èx
10.08.12. 


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