vendredi 28 septembre 2012

ROBOCOP

Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinecri.artblog.fr

de Paul Verhoeven. 1987. U.S.A. 1h43. Avec Peter Weller, Nancy Allen, Miguel Ferrer, Ray Wise, Paul McCrane, Kurtwood Smith, Dan O'Herlihy, Michael Gregory, Ronny Cox, Lee de Broux.

Sortie salles France: 20 Janvier 1988. U.S: 17 Juillet 1987

FILMOGRAPHIEPaul Verhoeven est un réalisateur néerlandais, né le 18 Juillet 1938 à Amsterdam.
1971: Business is business. 1973: Turkish Delices. 1975: Keetje Tippel. 1977: Le Choix du Destin. 1980: Spetters. 1983: Le Quatrième Homme. 1985: La Chair et le Sang. 1987: Robocop. 1990: Total Recall. 1992: Basic Instinct. 1995: Showgirls. 1997: Starship Troopers. 2000: l'Homme sans Ombre. 2006: Black Book.


Deux ans après son chef-d'oeuvre médiéval, La Chair et le Sang, Paul Verhoeven change de registre avec Robocop pour s'ériger vers l'actionner destroy sous couvert d'anticipation alarmiste. Gros succès public et critique à sa sortie, ce monument d'ultra violence et de satire politique reste en l'occurrence incroyablement jouissif, spectaculaire et d'un cynisme ébouriffant ! A travers la vengeance d'un flic préalablement massacré par une milice extrémiste et destitué de son identité par sa propre hiérarchie pour se substituer en machine à tuer, Paul Verhoeven s'autorise tous les excès afin de décrire un monde futuriste régi par une criminalité en effervescence. Cette société déclinante est ici représentée par l'OCP, un conglomérat militaro-industriel et commercial ayant une certaine influence pour gérer la police de détroit. Dehors, c'est l'anarchie la plus complète ! La délinquance et la criminalité ont envahi les quartiers et les flics souvent pris pour cible envisagent de faire grève. C'est au cours d'une mission de routine qu'Alex Murphy et sa collègue Anne Lewis vont se retrouver pris à parti avec les terroristes du leader Clarence Boddicker dans un entrepôt industriel. Murphy est lâchement exécuté, pour ne pas dire massacré sous les balles des tireurs alors qu'Anne survit de ses blessures. Après le rapatriement du corps, un des membres de l'OCP se charge de transplanter le corps du policier en cyborg mi-homme, mi-machine. Mais de manière confuse, la mémoire de Murphy va peu à peu se réveiller pour lui rappeler l'être humain qu'il était au préalable.


Sous couvert de divertissement ultra efficient et furieusement barbare, Robocop caricature une charge contre les médias ainsi que les travers d'une multinationale corrompue par le vice et la cupidité. Alors que dehors, les criminels et prolétaires incultes (car abreuvés de séries TV, pubs débilitantes et pages d'infos éhontées) évoluent dans la déshumanisation d'un univers factice. Comme ce financier licencié qui aura décidé de braquer sa succursale en exigeant le dernier modèle d'une voiture flambant neuf. En pourfendeur sarcastique, Verhoeven décrit notamment une société de consommation démagogique, tributaire de sa technologie moderne, de son armement sophistiqué, tentant par tous les moyens de se transcender avec dommage collatéral. Dans cet avenir pessimiste où l'éthique n'a plus aucune morale, nos capitalistes tentent de s'accaparer du pouvoir par esprit de mégalomanie. C'est donc sans vergogne qu'ils décident de profaner l'identité d'un cadavre de flic pour mieux contrecarrer la criminalité. D'une façon nouvelle, Paul Verhoeven traite aussi du mythe de Frankenstein ou plus précisément de Metropolis avec sa créature asservie par son maître chanteur. De l'être humain ici réduit à l'état de machine à tuer dans une société dépravée où sexe, drogue et alcool sont devenus les seuls hobby. Avec une certaine émotion empathique, la dernière partie nous dévoile justement l'aspect humaniste de cet homme déchu en quête identitaire, à la recherche de son passé, mais finalement engagé dans la justice expéditive pour se venger de ses tortionnaires.


Novateur pour son inventivité technique et d'une ultra violence ébouriffante, Robocop est un sommet de nihilisme où l'homme objet est aujourd'hui destiné à devenir un modèle technologique belliqueux sous la mainmise de sa démocratie. Bourré d'humour sardonique et baignant dans un cynisme au vitriol, ses thèmes de l'insécurité criminelle et d'une hiérarchie policière impuissante préfigurent l'état régressif de notre société actuelle.

La critique de Robocop 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/02/robocop-2.html

28.09.12. 5èx
B-M

4 commentaires:

  1. Ce film est d'une modernité confondante ! Excessif dans les années 80, d'un réalisme cru en notre époque !

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  2. excellente analyse, surtout concernant le mythe de Frankenstein. L'air de rien, le film brosse de nombreuses thématiques, entre autres, celle de l'âme humaine

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  3. je viens de jeter un oeil sur ton blog, très intéressant !

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