vendredi 21 septembre 2012

TYRANNOSAUR. Prix Spécial du Jury, Sundance 2011

Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmosphere.com

de Paddy Considine. 2011. Angleterre. 1h32. Avec Peter Mullan, Olivia Colman, Eddie Marsan, Paul Popplewell, Ned Dennehy, Samuel Bottomley, Sally Carman.

Sortie salles France: 25 Avril 2012

Récompenses: Dinard 2011: Grand Prix du Jury, Meilleur Scénario
BIFA 2011: Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleure Actrice
Sundance 2011: Prix Spécial du Jury, Meilleur Réalisateur, Meilleur Acteur, Meilleure Actrice

FILMOGRAPHIE: Paddy Considine est un acteur et réalisateur anglais né le 5 Septembre 1974.
2011: Tyrannosaur


Pour une première réalisation, le britannique Paddy Considine s'emploie au drame social pour nous relater la chronique aigrie d'un quinquagénaire irascible issue d'une banlieue défavorisée. Après la mort de sa femme diabétique, Joseph noie sa solitude dans l'alcool et les rixes de voisinage. Mais un jour, alors qu'il se balade dans une rue commerciale, il fait la rencontre d'une vendeuse de vêtement, Hannah. Catholique pratiquante vouée à l'espoir et l'amour de Dieu, cette épouse molestée est tributaire d'un mari tyrannique et pervers. Ensemble, ils vont apprendre à se connaitre, s'apprivoiser, s'entraider malgré la dureté d'une existence intransigeante. Climat blafard d'une banlieue défavorisée livrée au chômage, l'alcoolisme et la violence, alors que les voisins lambdas tentent d'imposer leur loi, Tyrannosaur  illustre de manière abrupte le portrait d'un couple en perdition. Sans pathos et avec un réalisme sordide parfois difficile, c'est de prime abord la trajectoire esseulée d'un quidam à bout de souffle qui nous ait conté, un individu rongé par la haine de l'injustice dans son environnement défavorisé. Tandis qu'au fil d'une rencontre entretenue avec une femme battue, Joseph va peu à peu renouer avec un regain d'humanité dans son cheminement hasardeux émaillé d'incidents compromettants.


A travers cette romance ardue auquel nos protagonistes sont constamment brimés par un climat insécuritaire et où les provocations ne cessent de les ébranler, Paddy Considine distille néanmoins l'espoir, le dévouement, le désir, l'attachement que chaque individu recèle au plus profond de son âme. Quelque soit notre condition d'être déchu ou sur le fil du rasoir, une parcelle d'optimisme, un regain d'empathie envers une personne intègre, cette envie soudaine de s'affirmer et d'avancer vers une horizon incandescente peuvent expier tous les pêchers du monde. Avec intensité austère, le réalisateur exprime donc le combat perpétuel qu'un quidam déboussolé puisse rencontrer à un moment fatal de son existence. C'est à dire daigner s'accepter et tenter contre vents et marée de se dépêtrer de l'infortune par ce besoin éprouvé de tendresse. Le visage buriné et d'une animosité innée, Peter Mullan impressionne de sa présence robuste, de son regard en demi-teinte à deux doigts de commettre un drame irréparable. A la manière d'un tyrannosaure (alors que le terme est ironiquement impartie à sa défunte !), ce laissé-pour-compte chargé de haine alterne poussés de violence incontrôlée et remise en question existentielle pour son affliction inconsidéré aux yeux de la société. En femme humiliée pourvue d'une indulgence désespérée, Olivia Colman magnétise chaque séquence de sa présence candide et se révèle bouleversante de fragilité pour tenter d'apprivoiser mais aussi accepter un erratique au bord du gouffre.


D'une violence parfois difficile mais jamais ostentatoire, Tyrannosaur est une oeuvre puissante, un drame social éprouvant car inscrit dans le désarroi pour ausculter le portrait à fleur de peau de deux écorchés vifs. Deux quidams à deux doigts de faire naufrage dans leur monde intolérant mais finalement gagnés par la rage de survivre par leur malheur imposé. Et pour authentifier cette romance épineuse, Peter Mullan et Olivia Colman (LA révélation !) livrent communément une interprétation d'une rare verdeur émotionnelle ! Sans toutefois négliger la présence cinglante de seconds rôles criant de vérité par leur trogne fracassée.

21.09.12
BM

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