mardi 9 octobre 2012

LE COUVENT DE LA BETE SACREE (School of the Holly Beast / Sei Ju Gakuen)

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site eiga.wikia.com

de Norifumi Suzuki. 1974. Japon. 1h32. Avec Yumi Takigawa, Fumio Watanabe, Emiko Yamauchi, Maya Takikawa.

FILMOGRAPHIE: Norifumi Suzuki est un réalisateur et scénariste japonais, né le 26 Novembre 1933 à Shizuoka, décédé le 15 Mai 2014. 1971: Girl Boss Blues: Queen Bee's Counterattack. 1972: Girl Boss Blues: Queen Bee's Challenge. 1972: Girl Boss Guerilla. 1973: Girl Boss Revenge: Sukeban. 1973: Sex and Fury. 1973: Le Pensionnat des jeunes filles perverses. 1974: Le Couvent de la Bête Sacrée. 1975: Shaolin Karaté. 1979: Vices et Sévices. 1980: Les Tueurs Noirs de l'Empereur fou. 1982: Le Feu de la Vengeance.


Fleuron de la Nunsploitation, sous-genre inauguré en 1971 avec les Diables de Ken Russel, Le Couvent de la Bête Sacrée brave les interdits de la piété avec un cynisme sarcastique assez extravagant. D'un esthétisme baroque dans sa poésie macabre, cette série B d'exploitation nous emmène au sein d'un séminaire, lieu de débauche véreux auquel une assemblée de religieuses sont incapables de réfréner leurs pulsions sexuelles sous l'effigie de Dieu. Mayumi, jeune fille de 18 ans, pénètre au sein de l'institution dans le but de découvrir qui aurait pu être l'auteur du meurtre de sa mère. Mais derrière cette doctrine religieuse se cache les vices les plus répréhensibles auprès de soeurs endoctrinées sous la hiérarchie de chasteté. Cette abstinence les amenant indubitablement à pratiquer moult relations intimes dans leurs expériences saphiques ou hétéros. En prime, le prêtre particulièrement discret lors de ses visites impromptues est un hérétique délibéré à railler l'impuissance de Dieu. Au milieu de cette débauche où les tortures sont quotidiennement infligées aux nonnes les plus indociles par Mère supérieure, Mayumi se contente d'observer en attendant le moment propice pour accomplir sa vengeance.


Mis en scène avec un brio inspiré et surtout transcendé par la beauté formelle de ces images stylisées, le Couvent de la Bête Sacrée déploie sans modération nombre de séquences érotiques d'une audace blasphématoire. Relations sulfureuses entre lesbiennes douées de pulsions incontrôlées, intrusion illicite de deux marginaux en interne du couvent pour violer l'une d'entre elles, ou encore acte incestueux auprès d'un paternel infidèle. Mais ce libertinage perpétré à l'abri des regards indiscrets est régulièrement épié par des nonnes trop curieuses. En guise de sanction exemplaire d'avoir osé offenser la vertu de chasteté, divers sévices corporels leur sont infligés afin d'exorciser et libérer le démon enfanté ! Ces séquences de tortures épurées sont réalisées avec une élégance singulière pour transcender la beauté macabre d'un érotisme fétichiste. En outre, une séquence de mise à mort pourra rappeler aux amateurs la démesure baroque d'un Argento plutôt inspiré d'avoir sublimé quelques années plus tard un opéra de danse cabalistique. En l'occurrence, le réalisateur préfigure son style novateur avec ce tableau pictural d'un corps suspendu dans le vide par une corde, les jambes ruisselantes de sang aux abords d'une mosaïque décorative !


Etrange film compromis à la tendance fétichiste du Nunsploitation, le Couvent de la Bête Sacrée est un blasphème anti religieux d'une élégance éhontée. Une provocation impudente, un témoignage ironique de l'accoutumance sexuelle innée en chacun de nous et un pied de nez à l'enseignement sectaire du christianisme. D'une sensualité torride et d'une poésie immaculée, cette vendetta en demi-teinte s'obscurcie au fil d'une lourde révélation liée à la filiation parentale. Et l'ange de la vengeance de perpétrer sa douce rancoeur avec une grâce méthodique. 

Dédicace à Nicole Leopoldine Staudigl
09.10.12. 2èx
Bruno Matéï


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