jeudi 1 novembre 2012

La Belle et la Bête / Panna a netvor. Grand Prix Sitges 79. Prix du film fantastique à Fantasporto, 1982.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site mubi.com

de Juraj Herz. 1978. Tchécoslovaquie. 1h27. Avec Zdena Studenková, Vlastimil Harapes, Václav Voska, Jana Brejchová, Zuzana Kocúriková...

Sortie U.S: 1983. France: 1979 (au Rex de Paris).

FILMOGRAPHIE SELECTIVEJuraj Herz est un réalisateur, acteur et scénariste slovaque, né le 4 septembre 1934 à Kezmarok, en Tchécoslovaquie (actuellement en Slovaquie). 1968: l'Incinérateur de cadavres. 1972: Morgiana. 1978: La Belle et la Bête. 1979: Le 9è coeur. 1986: Galose stastia. 1996: Maigret tend un piège. Maigret et la tête d'un homme. 1997: Passage. 2009: T.M.A. 2010: Habermann.


Inédite en France, cette adaptation du conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont relève le défi de proposer une version beaucoup plus sombre et cauchemardesque que les illustres classiques concoctés par Jean Cocteau et Walt Disney. D'origine tchèque, cette perle rare et introuvable (mais enfin disponible en Blu-ray chez ESC !) risque de dérouter le public lambda peu habitué à s'aventurer dans les contrées hostiles d'une terre slovaque imprégnée de magie noire. Ce qui frappe d'emblée dans ce conte obscur à l'aura hermétique, c'est son ambiance singulière alternant féerie gracile par la candeur d'une princesse hantée par ses songes, et visions cauchemardesques de créatures visqueuses travesties en rat ou en volatile. L'architecture gothique de l'étrange bâtisse régie par la bête (les statues de pierre, les faisceaux de chandeliers, les cadres occultant des démons picturaux, les domestiques mutiques insaisissables), ainsi que les extérieurs naturels d'une forêt automnale (brume translucide, végétation substantielle et florissante dont les rares brebis y sont pourchassées) nous égarent et dépaysent comme nul autre métrage audacieux. La densité du récit horrifique étant notamment impartie à la relation trouble entretenue entre la belle et la bête. Romance pudique épris d'aigreur auquel un monstre maudit ne peut se résoudre à assassiner une princesse, La Belle est la Bête illustre avec un onirisme blafard leur empathie commune vouée à la tendresse dans un environnement insolite si mystérieux et inquiétant. D'où ce sentiment tangible pour le spectateur de se sentir aussi oppressé qu'envoûté par la scénographie de ces lieux obscurs. La musique en demi-teinte alternant l'orgue funèbre et l'élégie du piano ne cessant de naviguer entre les ambiances doucereuses et mortifères.


Métaphore sur la noblesse de l'âme où le mal est destitué de son fardeau par l'atticisme de l'amour, la Belle et la Bête est en l'occurrence un étrange voyage vers la rédemption. L'histoire d'amour incongrue entre deux êtres anonymes voués à éveiller leur sensualité pour y apprivoiser leur distinction. Mis en scène avec austérité dans son refus délibéré de céder à un fantastique folklorique et joliment interprété, cette version marginale peut se targuer de rivaliser avec le chef-d'oeuvre de Cocteau. Ou tout du moins, elle n'a pas à rougir de la comparaison tant sa somptuosité formelle insuffle une poésie atypique en l'absence (ou si peu) de trucages. A découvrir sans réserve avec une attention toute particulière, même si au départ cette liaison hermétique peut sembler abstraite, déconcertante chez une partie du public non initié. 

Un grand merci à l'Univers Fantastique de la Science-fiction
Bruno
01.01.12.
19.05.23

Récompenses: Prix du film fantastique, Mention Spéciale du Jury au Festival de Fantasporto, 1982
Grand Prix Sitges 1979
Prix du Public au Rex de Paris, 1979

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