mardi 11 décembre 2012

Le Maître des Illusions / Lord of Illusions - Director's Cut

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site expertcomics.com

de Clive Barker. 1995. Angleterre. 2h01. Avec Scott Bakula, Famke Janssen, Barry Del Sherman, Ashley Cafagna-Tesoro, J. Trevor Edmond, Wayne Grace, Jordan Marder.

Inédit en salles en France. U.S: 25 Août 1995

FILMOGRAPHIEClive Barker est un réalisateur, écrivain, peintre, producteur et scénariste anglais, né le 5 Octobre 1952. 1973: Salome (court). 1978: The Forbidden (court). 1987: Hellraiser. 1990: Cabal. 1995: Le Maître des Illusions


Dernier film à ce jour du romancier Clive Barker, Le Maître des Illusions eut la déveine de ne pas pouvoir bénéficier d'une sortie hexagonale dans nos salles. En prime, alors que l'édition VHS française comportait la version intégrale du Director's cut, sa sortie Dvd sera malencontreusement charcutée de plus de 16 minutes ! Enfin, pour parfaire l'infortune, le film essuya notamment un bide commercial outre-atlantique. Ainsi, à travers l'investigation assidue d'un détective privé contraint de côtoyer l'univers chimérique des illusionnistes, Clive Barker nous concocte un film fantastique absolument fascinant jalonné d'éclairs de terreur cinglante à marquer d'une pierre blanche. Ca commence fort avec un prologue de 14' bien malsain au cours duquel une communauté de fanatiques réfugiés en interne d'une cabane isolée s'extasient à subir l'allégeance d'un gourou adepte de forces occultes de la magie noire. Mais un groupe d'insurgés régi par l'adversaire Swann décide de mettre un terme à cette mascarade pour assassiner leur ancien oracle et libérer une adolescente prise en otage. 13 ans plus tard, un détective privé se retrouver mêlé à fréquenter l'univers des illusionnistes par l'entremise de Swann, devenu en l'occurrence le plus notable des magiciens. 


Bienvenu dans l'univers surréaliste de Clive Barker de nouveau exposé à adapter l'un de ses propres romans afin d'y transcender un spectacle d'onirisme macabre et de magie noire observé nulle part ailleurs. Sous l'autorité sectaire d'un gourou adepte d'une éthique maléfique, le réalisateur nous élabore une vertigineuse descente aux enfers proprement démoniale où l'enquête policière et le surnaturel se conjuguent avec une dextérité plutôt inattendue. Dans une ambiance glauque et malsaine où la fascination morbide occupe une place de choix pour y singer une réalité illusoire, Le Maître des Illusions nous décrit le portrait marginal d'antagonistes fanatisés par l'injonction divine. Un séminaire mystique convaincu que la vie n'est qu'un amas de chair putride et que l'au-delà est une délivrance afin de s'extasier dans la plénitude d'une solitude indolore. Avec la bonhomie rassurante du détective assidu campé à contre-emploi par un Scott Bakula compromis au genre horrifique, Clive Barker nous immerge de plein fouet en interne d'un monde occulte où magiciens interlopes et démons innommables s'opposent afin d'y préserver leur propre doctrine. Par conséquent, à travers cet affrontement escompté entre deux maîtres d'illusion férus de pouvoirs surnaturels, le réalisateur nous énonce avec fougue une réflexion métaphysique sur l'illusion de l'existence (fantasme ou réalité ?), sur l'ambiguïté divine et l'emprisonnement corporel de notre propre chair.


La chair et un piège et la magie peut nous en libérer
Jeu d'illusion où l'horreur tente de s'emparer de la banalité de l'existence, fusion de mystère et de fascination baignant dans un climat glauque et malsain, Le Maître des Illusions est notamment exacerbé de la présence iconique d'un nouvel archétype du Mal, Nix ! Campé par l'impressionnant Daniel Von Bargen, l'acteur extériorise avec une aisance hallucinée une véritable emprise démoniaque dans sa corruption à l'idéologie nihiliste. Pour mettre en exergue la démesure de ses pouvoirs diaboliques ainsi que ses exactions meurtrières impassibles, nous ne sommes pas prêts d'oublier l'ultime point d'orgue apocalyptique où l'inventivité morbide y déploie un florilège d'images cauchemardesques incongrues (les corps martyrs des adeptes encastrés dans le sol argileux, le caractère homérique du sanglant duel Swann/Nix ou encore la putréfaction de ce dernier !). En résulte une perle horrifique, que dis-je, un chef-d'oeuvre singulier particulièrement finaud au travers de sa narration charpentée nantie d'un pouvoir de fascination prégnant. Indispensable pour le genre. 

*Bruno
Un grand merci à l'Univers Fantastique de la Science-fiction
29.12.23. VOSTF. 4èx
11.12.12. 


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