lundi 3 décembre 2012

MALEVIL

                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site lamaisondegaspard.blogspot.com

de Christian de Chalonge. 1980. France/Allemagne. 2h00. Avec Michel Serrault, Jacques Dutronc, Jean-Louis Trintignant, Jacques Villeret, Robert Dhéry, Hanns Zischler, Pénélope Palmer.

Sortie salles France: 13 Mai 1981 

FILMOGRAPHIE: Christian de Chalonge est un réalisateur français né le 21 Janvier 1937 à Douai.
1968: O Salto. 1971: l'Alliance. 1976: Le Désert des Tartares. 1978: l'Argent des Autres. 1980: Malevil. 1982: Les 40è Rugissants. 1990: Le Diable en Ville. 1990: Docteur Petiot. 1991: Le Voleur d'Enfants. 1996: Le Bel Eté 1914. 1997: Le Comédien. 1999: Maigret; un meurtre de première classe (télé-film). 2002: Maigret et le marchand de vin (télé-film). 2002: Maigret chez le Ministre (télé-film). 2007: l'Avare (télé-film). 2008: Le Malade Imaginaire (télé-film). 2009: Le Bourgeois Gentilhomme (télé-film).


Inspiré du roman homonyme de Robert Merle paru en 1972, Malevil est un récit de science-fiction post-apo décrivant sans esbroufe le quotidien d'une poignée de survivants après un cataclysme nucléaire. Co-produit entre la France et l'Allemagne, le film de Christian de Chalonge bénéficie en outre d'une distribution hétéroclite (Michel Serrault, Jacques Villeret, Jacques Dutronc et Robert Dhéry) afin de renforcer la crédibilité des évènements au cours duquel une famille de paysans va devoir s'unifier pour refonder un semblant de vie harmonieuse. Dans l'atmosphère feutrée d'une nature champêtre destituée de son environnement écologique, Malevil est d'abord une réussite esthétique modeste par son habileté à exploiter divers décors minimalistes pour retranscrire l'isolement d'un bout de campagne (bâtiments en ruines, rivière desséchée, champs et bosquet calcinés).


La première partie nous illustre avec efficacité la survie d'un groupe de citadins sauvés par l'explosion de la bombe et des effets de radiations depuis qu'ils s'étaient protégés en interne d'une cave. De manière circonspecte, Christian de Chalonge prend soin de nous attacher à ces campagnards de terroir réfugiés dans leur unique ferme et ayant encore l'aubaine de pouvoir élever le dernier bétail (chevaux, cochons et boeufs). Au fil des mois, après avoir labouré la terre et planter les nouvelles denrées, leur nouvelle vie semble beaucoup moins contraignante pour laisser présager le nouvel espoir d'un futur envisageable. Jusqu'au jour où une bande de voleurs faméliques décide de s'approcher un peu trop des champs de cultivation. Mais l'arrivée d'un autre groupe de survivants subordonnés à la hiérarchie d'un gourou totalitaire va sévèrement remettre en péril la postérité de nos agriculteurs. Cette seconde partie plus vigoureuse dans les conflits belliqueux entamés à travers deux clans rivaux laisse place à la rencontre apparemment hostile de pèlerins réunis en interne de wagons de transport sous l'isolement d'un tunnel. Tyrannisés par un directeur perfide alloué à la parole du divin (Jean Louis Trintignant, étonnant de flegme impassible), ces sbires sont contraints de lui obéir sans daigner tenter de s'insurger. Mais l'avènement des nouveaux survivants de Malevil va peut-être leur permettre de s'affranchir d'une emprise sectaire. A travers ce conflit hostile entre le peuple d'un fondamentaliste véreux et celui d'un pacifiste intègre (Michel Serrault en fermier autoritaire surprend par son jeu précisément modeste), le réalisateur démontre avec une dérision implicite l'instinct guerrier de l'être humain, contraint de se mesurer à la menace de l'étranger par esprit de mégalomanie, de survie ou d'autonomie. Et cela quelques mois seulement après avoir enduré un cataclysme nucléaire mondial aux conséquences catastrophiques.


Réalisé sans artifice avec une jolie photo scope et éludant le plus souvent la carte du spectaculaire, Malevil est une excellente preuve que le cinéma hexagonal est parfois apte à oeuvrer dans l'anticipation avec intelligence et persuasion. Son pouvoir de fascination émanant de l'environnement de sa campagne désincarnée ainsi que le caractère attachant des personnages, rendent toujours aussi attrayants ce post-nuke provincial bien de chez nous. A revoir sans réserve, notamment du fait de sa rareté partiale.   

03.12.12
Bruno Matéï


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