mercredi 30 mai 2012

PROMETHEUS

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site critique-film.fr   

de Ridley Scott. 2011. U.S.A. 2h02. Avec Noomi Rapace, Michael Fassbender, Charlize Theron, Idris Elba, Guy Pearce, Logan Marshall-Green, Sean Harris, Rafe Spall, Emun Elliott, Benedict Wong.

Sortie salles France: 30 Mai 2012. U.S: 8 Juin 2012

FILMOGRAPHIE (Info Wikipedia)Ridley Scott est un réalisateur et producteur britannique né le 30 Novembre 1937 à South Shields.
1977: Duellistes. 1979: Alien. 1982: Blade Runner. 1985: Legend. 1987: Traquée. 1989: Black Rain. 1991: Thelma et Louise. 1992: 1492: Christophe Colomb. 1995: Lame de fond. 1997: A Armes Egales. 2000: Gladiator. 2001: Hannibal. 2002: La Chute du faucon noir. 2003: Les Associés. 2005: Kingdom of heaven. 2006: Une Grande Année. 2007: American Gangster. 2008: Mensonges d'Etat. 2010: Robin des Bois. 2012: Prometheus


Une équipe de scientifiques se dirigent vers une planète hostile après avoir exploré une grotte illustrant une carte sur l'origine de la vie. A bord de cette expédition, Elizabeth et son ami Charlie sont persuadés de rencontrer nos créateurs de l'humanité sur la planète LV-223. 33 ans après Alien, Ridley Scott ainsi que ses scénaristes Damon Lindelof et John Spaihts ont enfin entrepris de concrétiser le rêve de millions de fans. Concevoir une préquelle à son modèle et donc relancer la franchise pour exploiter d'autres horizons spéculatives et rameuter une nouvelle génération. Spectacle de science-fiction d'une sobriété intègre, Prometheus est avant tout une réussite esthétique dans sa photogénie rugueuse d'un univers hostile, un règne interlope imprégné de mystère avant l'affront d'un cataclysme terrien. A la manière de son aîné Alien, le réalisateur nous refait le coup de l'excursion ombrageuse auprès d'une nouvelle compagnie d'explorateurs envisageant de démystifier l'origine de la vie par le biais d'une carte symbolique. Sur place, en visitant les lieux d'une cavité rocheuse à l'atmosphère irrespirable, ils vont se confronter à une multitude d'énigmes, telles ces apparitions furtives d'humanoïdes virtuels ou encore le corps momifié d'un extra-terrestre. Tandis qu'au fil de leur archéologie, des sculptures et monuments historiques inscrites sur les remparts d'un sous-sol présagent une technologie avancée.
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Avec une ambition formelle, Ridley Scott se réapproprie des codes de la mythologie dans une sorte de mise en abyme pour réinterpréter un univers opaque irrésistiblement inquiétant. Dans Prometheus, l'immersion de son milieu inhospitalier est totalement fluide ! En artiste virtuose aux idées technologiques innovantes, renouant avec de vastes décors organiques d'une planète caverneuse, Scott s'impose une fois de plus en créateur d'images. Cette persuasion de nous entraîner en interne d'une galaxie jalonnée d'éléments troubles ou nébuleux, en connivence avec l'origine de la vie. Avec une science du suspense sous-jacent, Prometheus insuffle une atmosphère singulière d'abandon et d'isolement auprès d'une équipe de chercheurs incapables de supplanter l'antagoniste. Les enjeux humains impartis aux personnages, leur choix conflictuel de survie pour sauvegarder la terre et leur foi spirituelle vont être mis à lourde épreuve pour tenter de se devancer. Pour rationaliser leurs vicissitudes, la dimension humaine de nos protagonistes est allouée à une poignée de comédiens dépouillés car éludés d'une éventuelle bravoure guerrière (mention spéciale à Naomi Rapace en héroïne opiniâtre de sa conviction mystique et à Michael Fassbinder, androïde étrangement équivoque, sournois et affable). Des scientifiques au caractère bien distinct, chargés de crainte, de doutes et d'espoir mais piégés par une évolution délétère auprès d'un individu perfide. Quand bien même au fil de leur cheminement en déclin, leur quête initiatique est allouée d'une théorie métaphysique sur la notion de Bien et de Mal (un Dieu créateur souhaiterait-il invoquer notre perte ?). Notamment sur le fondement de notre foi à la spiritualité pour nous convaincre d'exister et évoluer.


Je ne sais rien mais c'est ce que je choisi de croire
Si nombre de questions restent en suspens (pour quelle motivation les ingénieurs souhaitent éradiquer la Terre et quel est le rôle véritable des armes biologiques ?), Prometheus est suffisamment dense, tangible, convaincant, parfois même terrifiant pour relancer une nouvelle franchise prometteuse. Spectaculaire, esthétiquement fascinant et impressionnant (l'avortement fait figure de nouvelle anthologie horrifique alors que la cruauté de certaines mises à mort renforcent son aspect cauchemardesque), Prometheus déploie en outre un nouvel antagoniste ésotérique. Un humanoïde finalement accouplé avec une forme organique bien connue des amateurs et donc en l'occurrence dévoilée sous son incubation originelle ! S'il n'est pas le chef-d'oeuvre annoncé, la nouvelle démesure de Ridley Scott est un grand film d'anticipation sur l'horreur d'une menace inconnue, l'infini inaccessible et notre soif d'en déchiffrer le sens.
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La critique de Gilles Rollandhttp://www.onrembobine.fr/critiques/critique-prometheus
30.05.12
Bruno Matéï


mardi 29 mai 2012

PULSIONS (Dressed to Kill)

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site CulturBisZ

de Brian De Palma. 1980. U.S.A. 1h45. Avec Angie Dickinson, Michael Caine, Nancy Allen, Keith Gordon, Dennis Franz, David Margulies, Ken Baker, Susanna Clemm, Brandon Maggart, Amalie Collier.

Sortie salles France: 15 Mars 1981. U.S: 23 Juin 1980
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Récompense: Saturn Award de la meilleure actrice pour Angie Dickinson, en 1981.

FILMOGRAPHIEBrian De Palma, de son vrai nom Brian Russel DePalma, est un cinéaste américain d'origine italienne, né le 11 septembre 1940 à Newark, New-Jersey, Etats-Unis.
1968: Murder à la mod. Greetings. The Wedding Party. 1970: Dionysus in'69. Hi, Mom ! 1972: Attention au lapin. 1973: Soeurs de sang. 1974: Phantom of the paradise. 1976: Obsession. Carrie. 1978: Furie. 1980: Home Movies. Pulsions. 1981: Blow Out. 1983: Scarface. 1984: Body Double. 1986: Mafia Salad. 1987: Les Incorruptibles. 1989: Outrages. 1990: Le Bûcher des vanités. 1992: l'Esprit de Cain. 1993: l'Impasse. 1996: Mission Impossible. 1998: Snake Eyes. 2000: Mission to Mars. 2002: Femme Fatale. 2006: Le Dahlia Noir. 2007: Redacted.
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Après avoir enchaîné les réussites (Soeurs de sang, Phantom of the paradise, Obsession et Carrie), Brian De Palma s'inspire, pour entreprendre Pulsions, d'un fait de jeunesse (pister la suspicion d'adultère de son père sous la requête de sa mère) et d'un article de presse évoquant des crimes dans la communauté gay des années 70. Kate Miller est une jeune femme sexuellement inassouvie par son amant. Elle consulte le psychiatre Robert Elliot pour tenter de comprendre les raisons de sa frustration. Quelques instants après l'entretien, elle s'aventure dans un musée et y rencontre un charmeur invétéré. Après avoir passé la nuit ensemble, Kate se fait sauvagement assassinée à coups de rasoirs dans un ascenseur devant le témoignage d'une prostituée. Interrogée par la police, la jeune fille décrit le meurtrier comme une femme blonde à lunettes noires. Pendant ce temps, le fils de Kate Miller a déjà entamé une investigation pour tenter de démasquer l'assassin. 
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Sorti en 1980, Pulsions est un des titres emblématiques des années 80 en terme de thriller sulfureux à l'érotisme prégnant. Hommage ironique à Psychose (humour salace à l'appui !), Brian De Palma renoue avec l'art d'Hitchcock et use de roublardise pour nous mener en bateau dans un savant jeu de miroirs et faux semblants. A l'image du préambule charnel sous une douche embuée auquel notre héroïne se caresse langoureusement les parties intimes devant l'insouciance de son amant. Un leurre savamment planifié puisqu'un mystérieux individu situé à revers viendra la saisir par surprise pour tenter de la violer ! Toute la narration agencée autour des frustrations ou pulsions sexuelles de nos protagonistes est établie en fonction du simulacre pour mieux nous surprendre dans sa science aiguisée du suspense. La séquence de filature dans le musée, loisir lubrique de l'aguicheuse convoitée par un séducteur arrogant, est un exemple encore plus confondant dans les rapports de manipulation/ soumission. Alors que la drague improvisée culmine sa devise dans le véhicule d'un taxi puis sous la couette d'un lit, on apprendra un peu plus tard que l'amant est atteint d'une maladie sexuellement transmissible ! Un rebondissement interlope, une manière perfide à favoriser la fébrilité anxieuse de la victime, juste avant son cinglant trépas dans l'étroitesse d'un ascenseur.


Cette mécanique de suspense est judicieusement distillée afin de décupler la contrariété de la victime et du public préoccupé par son inévitable sort. Sitôt le fameux meurtre au rasoir perpétré avec violence géométrique, De Palma nous transcende une cuisante agression structurée par un montage millimétré. Que ce soit au niveau de la victime démunie, sévèrement assaillie par son assassin, que par le témoignage en dernier ressort d'une call-girl qui aura eu l'aubaine d'observer son apparence efféminée à travers le reflet d'un miroir. L'iconographie giallesque du meurtrier affublé d'une combinaison noire et d'un rasoir étincelant exacerbe également un caractère ombrageux à la situation horrifiée. La course effrénée dans le métro poursuit sa contraction dans un jubilatoire jeu mesquin de peur quand notre call-girl, irritée, est courtisée par une bande de délinquants au moment où le tueur est lancé à ses trousses. Alors que notre héroïne réfugiée à l'intérieur du train demandera l'assistance d'un flic de routine, les potentiels agresseurs auront déjà disparu. Mais l'assassin, lui, aura eu l'alternance de s'infiltrer dans l'un des compartiments du wagon ! C'est au moment opportun de l'estocade présagée qu'un autre revirement inopiné viendra une fois de plus contredire nos illusions. Dans son alliage de sexe et d'horreur, Brian De Palma organise donc un astucieux jeu d'apparences jalonné de moments d'anthologie vertigineux. Tandis que sa seconde partie, toute aussi captivante par la motivation fructueuse des personnages se confine vers l'élaboration d'une enquête autonome auprès d'une prostituée et d'un bricoleur juvénile, féru d'électronique. Quand au point d'orgue cynique et révélateur, il s'achève de manière aussi escamoteuse pour confronter le meurtrier pris à parti avec nos deux investigateurs. Mais une nouvelle duperie confessée par une police complice nous sera finalement avouée après avoir découvert l'identité du tueur au rasoir. Enfin, le réalisateur clôture la boucle par une boutade sardonique lorsqu'un ultime fantasme iconographique va renouer avec la charge érotique de son prologue.


Sensuel, provocant, excitant et charnel, Pulsions est un jeu de séduction avec la mort. Un canular impudique où la sexualité refoulée est livrée à toutes les exubérances. Soutenu par la mélodie lascive de Pino Donnagio et interprété avec impudence par deux femmes objets, ce chef-d'oeuvre du thriller voyeuriste se révèle un joyau de mise en scène à l'esthétisme immaculé !
  
30.05.12
Bruno Matéï. 4è


lundi 28 mai 2012

LES DIABLES (The Devils)

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemovies.fr

de Ken Russell. 1971. Angleterre. 1h52. Avec Oliver Reed, Vanessa Redgrave, Dudley Sutton, Max Adrian, Gemma Jones, Murray Melvin, Michael Gothard, Georgina Hale, Brian Murphy, Christopher Logue.

Sortie salles France: 29 Octobre 1971. U.S: 16 Juillet 1971

FILMOGRAPHIE: Ken Russell est un réalisateur, scénariste, acteur, producteur, monteur et directeur de la photographie britannique né le 3 juillet 1927 à Southampton.
1967 : Un cerveau d'un milliard de dollars, 1969 : Love , 1970 : The Music Lovers, 1971 : Les Diables, 1971 : The Boy Friend, 1972 : Savage Messiah, 1974 : Mahler, 1975 : Tommy, 1975 : Lisztomania, 1977 : Valentino, 1980 : Au-delà du réel, 1984 : Les Jours et les nuits de China Blue,1986 : Gothic, 1988 : Salome's Last Dance , 1988 : Le Repaire du ver blanc ,1989 : The Rainbow ,1991 : La Putain, 2002 : The Fall of the Louse of Usher, 2006 : Trapped Ashes segment "The Girl with Golden Breasts".


Chef-d'oeuvre d'hystérie ecclésiastique, les Diables relate avec un sens de provocation couillu l'affaire de Loudun dans les années 1630. Cette chasse aux sorcières suggérée par le cardinal de Richelieu était une manoeuvre politique afin éradiquer le père catholique Urbain Grandier, libertin et militant pour la cause protestante. En 1634, dans la ville française de Loudun, le prêtre Urban Grandier est la cible des convoitises de nonnes. Alors que le cardinal de Richelieu souhaite démolir les remparts du temple religieux, Mère Jeanne des Anges, secrètement amoureuse de Grandier, complote de graves accusations de sorcellerie contre lui.
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Oeuvre frappadingue d'une audace incongrue, Les Diables constitue une spirale de folie hystérique lorsque l'intolérance et le fanatisme religieux découlent de superstitions satanistes. En pourfendeur farouche, Ken Russel utilise le délire et l'aliénation poussés à leur paroxysme afin de mieux souligner l'absurdité des mentalités fondamentalistes. Dans une mise en scène extravagante déployant l'architecture (théâtrale) de décors baroques, il nous relate le déclin de l'abbé Grandier, père catholique totalement voué à sa foi spirituelle mais sexuellement libéré auprès de certaines conquêtes féminines. La jalousie de Mère Jeanne, physiquement handicapée et mentalement dérangée, l'accule à être assigné devant un tribunal pour accusations de sorcellerie. Sous la contrainte de la torture, d'autres nonnes du couvent d'Ursulines vont aussi se laisser gagner par le simulacre en guise de délivrance. Sauvées in extremis d'une mort certaine par un exorciste inquisiteur, elles finissent par improviser une orgie afin de se désinhiber de leur frustration sexuelle. Quand bien même autour de cette sarabande infernale, les badauds assistent impunément au spectacle lors d'une complaisance voyeuriste !


Déversant situations scabreuses chez les psychés torturés de nonnes sexuellement frustrées, séquences chocs particulièrement crues pour les séances de torture endurées et hallucinations fantasmagoriques caractérisées par l'esprit névrosé de Jeanne des Anges, Les Diables amorce une descente en enfer jusqu'au-boutiste. Un délire historico-emphatique où tous les personnages insidieux se livrent à leurs instincts primaires d'une doctrine fondée sur l'intégrisme afin de condamner à tort un homme d'église inscrit dans la tolérance. En cinéaste ambitieux et expérimental, Ken Russel nous entraîne dans un cauchemar frénétique où la folie et l'hystérie collective ébranlent le spectateur sans pour autant verser dans le racolage. Si certaines images restent parfois insupportables de réalisme cru, le réalisateur évite la complaisance pour énoncer avant tout un fait historique édifiant afin de fustiger toute forme de fanatisme et de croyance hérétique. Irrigué d'un florilège d'images scandaleuses, outrageantes et subversives, les Diables n'oublie pas pour autant de mettre en exergue la dimension humaine d'un prêtre catholique libéral. Le calvaire d'un homme de Dieu fustigé par un état totalitaire et délaissé par ces concitoyens influents alors que son éthique n'était que de prodiguer tolérance et charité.


Dans le rôle de l'Abbé Grandier, Oliver Reed endosse son personnage avec une vérité humaine aussi pugnace que désabusée dans sa quête rédemptrice de prouver à un tribunal partial qu'il n'a jamais discrédité Dieu. Son courage inflexible de supporter des actes de tortures et sa dignité de pouvoir encore clamer au peuple son innocence face au bûcher inspirent une foi inébranlable pour la liberté. Incarnant celle par qui le scandale est arrivé, Vanessa redgrave (étrangement suave !) se révèle proprement inquiétante en victime estropiée d'une bosse dorsale. Rongée par la jalousie, la frustration sexuelle et envahie de visions spirituelles sur l'agonie du Christ, son profil pathologique nous effraie autant qu'il nous affecte, de par sa déchéance mentale victime d'idéologie puritaine.


Les fous de Dieu
Pamphlet contre l'intégrisme religieux et l'inquisition, Les diables demeure un témoignage sans concession d'une époque vétuste effrayée à l'idée d'adopter la contre-réforme du protestantisme. Choquant et hystérique pour la représentation décadente des "possédées de Loudun", ce chef-d'oeuvre blasphématoire sacralise surtout une ode au libéralisme et à la tolérance.

Dédicace à David Soleau
29.05.12
Bruno Matéï


vendredi 25 mai 2012

SELLE D'ARGENT (Sella d'Argento)


de Lucio Fulci. 1977. Italie. 1h40. Avec Giuliano Gemma, Sven Valsecchi, Ettore Manni, Gianni De Luigi, Cinzia Monreale, Licinia Lentini, Aldo Sambrell, Philippe Hersent.

Inédit en France. Sortie salles Italie: 20 Avril 1978

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996.
1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 :L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio,1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.




Pas une grande réussite mais un sympathique western, jalonné de bonnes scènes d'action et suffisamment efficace pour maintenir l'intérêt jusqu'au bout.






jeudi 24 mai 2012

Le Cauchemar de Dracula

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site papyblues.com/

"Dracula / Horror of Dracula" de Terence Fisher. 1958. Angleterre. 1h22. Avec Peter Cushing, Christopher Lee, Michael Gough, Melissa Stribling, Carol Marsh, Olga Dickie, John Van Eyssen, Valérie Gaunt, Janina Faye, Barbara Archer.

Sortie Salles U.S: 8 Mai 1958

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur, 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.
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Un an après l'immense succès de Frankenstein s'est échappé, Terence Fisher renoue avec la même équipe technique (directeur de photo, décoriste, scénariste et compositeur) puis enrôle ces deux vétérans de l'épouvante Cushing et Lee pour nous réactualiser sa version de Dracula librement inspiré du roman de Bram Stoker. A l'arrivée, ce titre emblématique de la Hammer concrétisé en 1958 demeure LE chef-d'oeuvre absolu du mythe vampirique, maintes fois copié, jamais égalé !
Le pitch: Jonathan Harker se rend au château du Comte Dracula en se faisant passer pour un aimable bibliothécaire. Déterminé à le détruire, il attend le crépuscule du jour pour pouvoir le sacrifier dans son cercueil. Mais une jeune femme vampire, assujettie par le comte, l'attaque le soir même en le mordant au cou. Le docteur Van Helsing décide de partir à sa recherche en espérant que son acolyte ne soit pas devenu une nouvelle victime de Dracula. Le Cauchemar de Dracula ! Titre phare qu'une génération de fantasticophiles eurent l'aubaine de découvrir lors d'une diffusion de l'émission d'Eddie MitchellLa  Dernière Séance. Ce fut en 1985,  un mardi de seconde partie de soirée, plus précisément à 23h ! Que reste t-il aujourd'hui de ce souvenir mythique ancré dans le coeur de tous les fans du genre auquel Van Helsing tentait de sauver le monde en pourchassant inlassablement le comte des Carpates ! Si les diamants sont éternels, le chef-d'oeuvre de Terence Fisher peut lui aussi se targuer de rutiler de manière aussi étincelante de par sa mise en scène épurée d'une précision géométrique ! 

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Beauté gothique des décors architecturaux et de son environnement champêtre, teinte sépia d'une photo picturale, narration structurée avec souci de vraisemblance. Mais surtout un affrontement légendaire entre deux gentlemans de l'horreur, Peter Cushing et Christopher Lee ! Ainsi, lorsque l'on revoit de façon récursive l'oeuvre de Fisher, on se rend compte à quel point la fascination exercée sur l'emprise visuelle de ses images flamboyantes nous saisit de stupeur ! Car à travers une ambiance gothique d'un érotisme ardent, les femmes soumises sont l'objet du désir d'un prince des ténèbres voué à les contaminer en guise de revanche et de mégalomanie. Si bien qu'ici, à contrario du roman de Stoker et d'autres versions cinématographiques à venir, Dracula n'est jamais épris d'affection pour une dulcinée mais simplement promis à les violenter de façon charnelle. Son ambition étant de propager le mal par la contagion d'une morsure et d'en violer les épouses esseulées. Deux séquences magistrales démontrent à quel point les femmes dénudées, réconfortées dans leur lit soyeux, demeurent éprises d'un irrésistible vertige sexuel afin d'accueillir leur initiateur ! Cet érotisme sous-jacent étant largement accentué par leur attitude tantôt craintive, tantôt extatique de redouter l'arrivée orgueilleuse du prince ! Par conséquent, ce sentiment de répulsion/attraction impartie aux victimes féminines nous fascine durablement de par leur impuissance, leur incapacité à pouvoir repousser le Mal, faute de désir charnel !

                              

En dehors de cette sensualité extravertie, le fil narratif se focalise également sur l'ambition salvatrice de Van Helsing, épaulé d'un complice, Arthur Holmwood (le frère de la première victime), pour se lancer à la traque du prince des ténèbres. Une quête hermétique semée d'embûches puisqu'une maîtresse vampirisée rode la nuit aux alentours de la demeure d'Arthur pour entraîner la petite Tania vers un sous-bois nappé de brume. Alors que Dracula, délibéré à contaminer la compagne d'Arthur, usera de traquenards et subterfuge pour se débarrasser de ses ennemis opiniâtres. Ainsi, si le Cauchemar de Dracula continue d'exercer son pouvoir inaltérable d'envoûtement funeste c'est autant auprès de l'élégance machiste de nos deux protagonistes ! Dans le rôle du vampire notoire, Christopher Lee livre une performance aussi impressionnante qu'insidieuse à travers sa posture distinguée d'aristocrate opportuniste. Son immense cape enveloppant l'ampleur d'un corps ténu ainsi que son regard impassible noyé de perversité nous magnétisent auprès de son apparence spectrale. En chasseur de vampire loyal et pugnace, Peter Cushing impose une prestance aussi persuasive auprès de ses élans héroïques afin d'annihiler sans relâche un immortel prédestiné à la damnation.


Mis en scène avec une fulgurante virtuosité de par son alliance de gothisme funèbre et de sensualité torride, le Cauchemar de Dracula s'avère l'illustration flagrante d'un créateur d'images convaincu du potentiel érotique de son récit bâti sur le folklore vampirique. Pendant que deux gentlemans au charisme gandin auront marqué de leur empreinte l'affrontement dantesque du Bien contre le Mal ! Jubilatoire jusqu'à plus soif ! Par conséquent, quoi de plus belle déclaration d'amour au mythe de Dracula que cette version luminescente vouée à nous hypnotiser ad vitam aeternam !   

La critique de Dracula, Prince des Ténèbreshttp://brunomatei.blogspot.fr/2013/11/dracula-prince-des-tenebres-dracula.html

Dédicace à Eugène Rocton
24.05.12
Bruno Matéï. 5èx


mercredi 23 mai 2012

LA TORTURE (La Marque du Diable 2)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site m.iphotoscrap.com   
de Adrian Hoven. 1973. Allemagne/Royaume-Uni. 1h37. Avec Erica Blanc, Anton Driffing, Percy Hoven, Lukas Ammann, Jean Pierre Zola, Astrid Kilian.

FILMOGRAPHIE: Adrian Hoven est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste, né le 18 Mai 1922 en Autriche, décédé le 8 Mai 1981 en Allemagne
1966: der Morder mit dem Seidenschal
1968: Im Schlob der blutigen Begierde
1970: La Marque du Diable (non crédité)
1971: Les Fantaisies amoureuses de Siegfried
1973: La Torture
1974: Pusteblume
1983: Die Madchen aus der Peep Show

A éviter ! Par le producteur et scénariste de la Marque du Diable, une pâle copie qui n'apporte strictement aucun intérêt (en dehors de deux séquences chocs putanesques).
Prolixe et rébarbatif.









mardi 22 mai 2012

John Carter

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

d'Andrew Stanton. 2011. U.S.A. 2h13. Avec Taylor Kitsch, Lynn Collins, Willem Dafoe, Bryan Cranston, Mark Strong, Ciaran Hinds, Dominic West, Thomas Haden Church, Samantha Morton, James Purefoy.

Sortie salles France: 7 Mars 2012. U.S: 9 Mars 2012

FILMOGRAPHIE: Andrew Stanton est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 3 Décembre 1965 à Boston, Massachusetts. 2003: Le Monde de Nemo. 2008: Wall-E. 2012: John Carter. 2013: Monster and Cie 2
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D'après l'adaptation du roman d'Edgar Rice Burroughs (Une Princesse de Mars, publié en 1912) et réalisé par un spécialiste du film d'animation (Le Monde de Nemo, Wall-E de l'écurie Pixar), John Carter bénéficia d'une promotion désastreuse de la part des nouveaux dirigeants de Disney. Si bien que vendu comme un blockbuster mercantile conçu pour rameuter un public juvénile de moins de 12 ans, dévalorisé par une affiche puérile et d'un trailer compromis au simulacre, John Carter essuya finalement un échec commercial au box-office. Avec comme conséquence la démission de Rich Ross, président des Walt Disney Studios, le film étant un des plus gros budgets jamais enregistrés pour la compagnie (250 000 000 dollars !).

Le Pitch: John Carter, soldat de la guerre de sécession, se retrouve téléporté sur Mars après avoir manipulé un étrange médaillon. Débarqué sur une contrée désertique à gravité défaillante, il se surprend à se déplacer de manière furtive en perpétrant des bonds extraordinaires dans les airs. Rapidement,  d'étranges créatures extra-terrestres affublées de quatre bras viennent à sa rencontre. Kidnappé de force, il se retrouve soumis à l'esclavage du peuple des Tharks. Dans une autre contrée, la princesse Dejah Thoris de la cité d'Helium est contrainte d'épouser contre son gré le roi de zodanga, Sab Thran, délibéré à éradiquer sa ville. John Carter se retrouve donc mêlé aux affrontements entre clans et devra user de bravoure pour contrecarrer les ambitions belliqueuses des guerriers de Zodanga. 
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Epopée fantastique non dénuée de lyrisme et de souffle épique auprès de ses diverses batailles homériques, John Carter est un spectacle flamboyant comme on en savourait durant la sacro-sainte décennie 80. Le genre de divertissement familial intègre car entièrement voué à nous immerger dans une aventure échevelée hors du commun. Et si le scénario touffus, voir désordonné, peut parfois provoquer une certaine confusion dans l'esprit du spectateur, sa richesse formelle d'un univers dépaysant et la dimension humaine inscrite dans l'héroïsme des personnages y transcendent ses menus défauts. D'autant plus qu'en affiliant le western, le péplum, l'aventure et le space opéra, John Carter nous traduit sans excès d'esbroufe une planète rouge sur le déclin où des nations rivales se disputent un bout de terrain.
Au sein de ce conflit peuplé de guerriers pugnaces, de créatures humanoïdes et de monstres hybrides, un terrien se retrouve donc projeté sur leur galaxie en méditant sur l'intérêt à s'impliquer dans une guerre déloyale. Ses pouvoirs démesurés, permettant de se déplacer dans les airs à une vitesse vertigineuse  attisera également la curiosité des clans en rivalité. Mais c'est surtout sa rencontre avec une jeune princesse asservie, livrée aux noces d'un odieux affabulateur qui lui permettra de redorer un sens à sa nouvelle existence en s'improvisant héros rédempteur.


Avec tempérance et refus de facilité spectaculaire, le réalisateur Andrew Stanton établit dans sa première partie une importance capitale à représenter ses personnages autoritaires, compromis à une guerre de clans pour la survie de la cité d'Helium. Ce florilège de protagonistes hétéroclites caractérisés par une hiérarchie drastique d'extra-terrestres opiniâtres et de leaders antinomiques renforcent son authenticité à daigner retranscrire un univers fantasmagorique plus vrai que nature ! Quand bien même des créatures extravagantes (la vaillance du chien-monstre royalement fidèle, les Thern, humanoides perfides ayant la faculté de changer d'apparence humaine ou encore les deux singes blancs déliés dans l'arène), participent autant à sa vraisemblance topographique. Et pour en revenir à la romance tourmentée entre notre héros Jet la princesse Dejah Thoris, elle accentue également une certaine densité émotionnelle à travers leur psyché contradictoire dont l'enjeu est d'y favoriser une croisade guerrière au nom de la liberté. Or, c'est durant cette seconde partie échevelée, multipliant diverses rixes de bataille rangée (aériennes ou terriennes) que l'action intrépide s'y structure au sein de décors démesurés inscrits dans un environnement naturel non factice.
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Dépaysant en diable, naturellement attachant, fertile en péripéties et truffé à rabord de personnages haut en couleurs, John Carter est le genre de divertissement déférent car entièrement voué à créer un univers atypique terriblement stimulant, expressif, endiablé, exaltant. En dépit de sa convention narrative néanmoins soutenue de quelques astuces judicieuses (l'alchimie du médaillon du 9è rayon, les véritables motivations des Therns et l'épilogue à rebondissements), ce spectacle familial rend honneur à l'intelligence du spectateur parce qu'il ne se complaît jamais dans une surenchère de caniveau.  Suffisamment trop rare donc pour ne pas le surligner d'autant plus qu'une certaine réflexion sur la cause guerrière y est habilement dépeinte. On est donc très loin des baudruches de l'époque qui ont inondé sans vergogne notre box-office international (Battle Los Angeles, Prince of Persia, Transformers 3, le Choc des Titans, Battleship et consorts...). 

*Bruno
22.05.12


Dillinger


de John Milius. 1973. U.S.A. 1h46. Avec Warren Oates, Ben  Johnson, Harry Dean Stanton, Michelle Philips, Richard Dreyfuss.

FILMOGRAPHIE: John Milius est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 11 Avril 1944 à Saint-Louis, dans le Missouri, aux Etats-Unis. 1973: Dillinger. 1975: Le Lion et le Vent. 1978: Big Wednesday. 1982: Conan le Barbare. 1984: l'Aube Rouge. 1989: l'Adieu au Roi. 1991: Le Vol de l'Intruder. 


Petit coup de coeur pour un film de gangsters que Jérome Roulon m'avait offert dernièrement. Dillinger, première réalisation de John Milius avec Warren Oates et une pléiade de comédiens aux trognes viriles. Cette évocation à feu et à sang d'un des plus célèbres gangsters des années 30 est criante de vérité dans son aspect documentaire, non dénué d'une sobre romance (ça peut aussi rappeler Bonnie and Clyde par moments, avec entre autre une texture visuelle similaire). Et bon dieu, les scènes d'actions, cinglantes, défoncent tous sur leur passage. On sera aussi étonné de l'extrême violence de certains passages, notamment l'épilogue fatalement tragique. Encore une rareté oubliée de tous, à réhabiliter d'urgence !
Dans les bacs pour une poignée d'euros !

Faute de temps, je vous laisse l'avis de cette critique : http://www.citizenpoulpe.com/dillinger-john-milius/



vendredi 18 mai 2012

LE TUEUR DE BOSTON (The Strangler)

Photo empruntée sur Google, appartenant au site divxturka.net   
de Burt Topper. 1964. U.S.A. 1h29. Avec Victor Buono, David McLean, Diane Sayer, Baynes Barron, Davey Davison.

FILMOGRAPHIE: Burt Topper est un producteur, scénariste, acteur et réalisateur américain, né le 31 Juillet 1928 à New-York, décédé le 3 Avril 2007 à Los Angeles.
1958: War Hero. 1958: Hell Squad. 1959: Tank Commandos. 1959: Diary of a High School Bride. 1963: War is Hell. 1964: Le Tueur de Boston. 1969: The Devil's 8. 1971: The Hard Ride. 1976: The Day the Lord Got Busted.


Un étrangleur sévit dans la région en s'en prenant à de jeunes infirmières. Solitaire et timoré, ce criminel à double personnalité a décidé de punir toutes les femmes qui auront décidé de le contrarier. Alors que la police piétine, l'homme semble épris d'affection pour une jeune foraine. 
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Inspiré de l'affaire de l'étrangleur de Boston, Albert Henry DeSalvo (3 Septembre 1931 - 25 Novembre 1973), le réalisateur Burt Topper ose entreprendre un long-métrage inspiré de ces exactions, quelques mois seulement après sa véritable arrestation !
Tourné en noir et blanc avec un budget modeste, le Tueur de Boston est une rareté oubliée à découvrir pour l'amateur de thriller psychologique rugueux. Réalisé sans génie particulier mais bénéficiant d'une bonne interprétation et d'un intérêt constant dans le cheminement narratif, cette série B trouve son efficience dans la caractérisation de son personnage névrosé. Léo Kroll est un homme solitaire, inhibé par son physique particulièrement obèse et tributaire d'une mère castratrice. En effet, depuis son enfance, cette mégère lui aura inculqué que les femmes sont toutes des traînées et que seul, un coeur maternel vaut toutes les richesses du monde. Profondément perturbé par cette doctrine défaitiste et dévalorisé par sa personnalité aseptisée, Leo Kroll extériorise sa haine par la strangulation en s'en prenant à de jeunes innocentes infirmières. De ses méfaits crapuleux résulte une manière morbide et vindicative de pouvoir accéder à l'orgasme sexuel sous le coup d'une pulsion refoulée.


En ce qui concerne les meurtres sobrement réalisés, ils peuvent prêter à sourire dans la manière concise dont notre étrangleur s'emploie pour étouffer furtivement ses victimes. Mais la prestance de l'excellent Victor Buono (le Couloir de la mort, l'Etrangleur de Vienne, Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? ou encore la série TV: l'homme de l'Atlantide) vaut le détour dans sa physionomie bedonnante alourdie d'un petit regard indocile. Suintant la sueur des pores de son visage quand ses mains s'accaparent brusquement du cou de la victime, sa posture large et ténébreuse renforce une présence opaque de ce psyché galvaudé. Par ailleurs, en guise de trophée et pour se réconforter d'une vie morne et esseulée, Léo Kroll collectionne chez lui les petites poupées de plastique qu'il dénude ou démembre par utopie fantasmatique.
En dehors de l'attention psychologique mise en exergue sur notre tueur pathétique, le Tueur de Boston réussit également à insuffler une certaine notion de suspense quand celui-ci se voit épris d'affection pour une jeune foraine. Tandis que son épilogue fatalement tragique nous inspire également un semblant d'empathie pour le sort dérisoire réservé à cette victime schizophrène.


Dominé par la prestance de l'inquiétant Victor Buono et efficacement mené dans sa dramaturgie croissante, le Tueur de Boston est un petit thriller à découvrir pour l'amateur de curiosité. La dimension psychologique alloué au personnage marginal, son fétichisme déviant pour les figurines de Barbie et l'ambiance futilement obscure émanante de ses dérives meurtrières préfigurent d'une certaine manière un certain Maniac de William Lustig !
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Dédicace à ARTUS FILMS
Un grand merci à divxturka.net
18.05.12
Bruno Matéï

jeudi 17 mai 2012

L'Abominable Dr Phibes / The Abominable Dr Phibes. Prix du Meilleur Acteur (Vincent Price) à Catalogne, 1971.

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant à aaronpolson.net

de Robert Fuest. 1971. Angleterre/U.S.A. 1h34. Avec Vincent Price, Joseph Cotten, Hugh Griffith, Terry Thomas, Virginia North, Peter Jeffrey, Derek Godfrey, Norman Jones, John Cater, Aubrey Woods, John Laurie.

Sortie salles U.S: 18 Mai 1971

FILMOGRAPHIE: Robert Fuest est un réalisateur et scénariste anglais, né le 30 Septembre 1927 à Londres, décédé le 21 Mars 2012. 1967: Just like a Woman. 1970: And soon the Darkness. 1970: Les Hauts de Hurlevent. 1971: L'Abominable Dr Phibes. 1972: Le Retour du Dr Phibes. 1973: Les Décimales du Futur. 1975: La Pluie du Diable. 1977: Three Dangerous Ladies. 1980: Revenge of the Stepford Wives (télé-film). 1981: The Big Stuffed Dog (télé-film). 1982: Aphrodite.


Un docteur met au point une diabolique vengeance pour punir les responsables de la mort de sa femme. Selon les 10 plaies d'Egypte inspirées de la Bible, il perpétue ces horribles crimes pour rejoindre au bout de sa devise les ténèbres avec sa dulcinée. La police impuissante compte les victimes tout en étant déconcertée par l'ingéniosité des meurtres. 

Classique british des seventies mondialement célébré, l'Abominable Dr Phibes est un jubilatoire jeu de massacre inspiré des écrits religieux de la bible. Les deux points les plus probants de cette oeuvre atypique émanant de l'interprétation mutique de l'extraordinaire Vincent Price et d'une narration sardonique remarquablement charpentée. De par l'ingéniosité des crimes concrétisés avec cynisme par un docteur élégiaque, cette farce macabre oscille judicieusement l'horreur railleuse à la romance. En effet, fou d'amour et de haine d'avoir perdu sa femme sur la table d'opération, le Dr Phibes, ancienne vedette de music-hall, manigance une vengeance improbable auprès de huit chirurgiens en s'inspirant des châtiments des plaies d'Egypte. Parmi la beauté baroque de décors excentriques inspirés du music-hall des années 30, le Dr Phibes a érigé un véritable temple en sa demeure classieuse parmi la présence d'une assistante gracile et d'automates musiciens. Mélomane en diable, il compose avec son orgue un cérémonial funèbre pour rappeler aux ténèbres son amour immodéré pour sa chère défunte brutalement disparue par la cause d'éminents chirurgiens. Ce décalage audacieux de romantisme éperdue et d'horreur vindicative irrigué de dérision instaure admirablement la force et le pouvoir de séduction de ce cher  Abominable Dr Phibes.


Dans le rôle du savant fou, Vincent Price livre l'une de ses performances les plus caustiques auprès de ces manigances morbides d'une inventivité littéralement incongrue. Les victimes prises au dépourvu s'avérant sacrifiées de manière sadique avec la complicité fluctuante d'insectes (sauterelles, abeilles) ou mammifères (chauve-souris, rats). Alors que d'autres fois, le Dr Phibes leur administre lui même des sévices tous aussi insidieux comme le fait de vider de son sang une victime rendue anémique par transfusion sanguine, piéger la tête d'un homme avec un masque de grenouille ou encore en congeler un autre dans son véhicule avec de la grêle réfrigérée à - 50 degrés ! Or, faute d'un accident de voiture l'ayant défiguré et rendu mutique, toutes les émotions qu'il véhicule passe donc par son expression faciale. Une physionomie noyée d'amertume romanesque et de revanche imparable. Sa tenue vestimentaire extravagante telle l'icône fantomatique renvoyant également aux classiques vétustes de personnages en déraison bafoués par leur destin infortuné (l'Homme au masque de cire, le fantôme de l'opéra).


Quant au point d'orgue crucial, il préfigure avec 40 ans d'avance la saga Saw à travers son machiavélisme morbide anthologique ! Spoil ! Pour cause, un médecin est soumis à une opération d'urgence pour sauver son fils parce qu'une clef y aura été transplantée à l'intérieur de son estomac, juste à côté du coeur. Cette pièce métallique se révèle la seule délivrance pour la victime anesthésiée de lui permettre de se libérer de ses chaines par l'entremise du chirurgien. Pendant qu'un compte à rebours de six minutes défile, de l'acide sulfurique circule dans des cylindres de verres du haut du plafond. Par un système mécanique retors, le liquide se déplacera lentement en direction du faciès du rejeton calé sur la table d'opération ! Suspense acerbe, tension crescendo et sadisme risible garantis ! Fin du spoil.


Formidablement corrosif par son humour noir british, précurseur du Tortur'porn, l'Abominable Dr Phibes s'édifie en chef-d'oeuvre immuable si bien qu'il reste aussi frais et vigoureux qu'à l'époque de sa sortie. Magnifiquement interprété par un Vincent Price aussi patibulaire qu'aigri pour le ressenti de sa romance déchue et efficacement structuré autour d'une narration débridée, ce canular funeste rehausse sa fascination auprès de la fulgurance de son esthétisme baroque spécialement distingué. 

*Bruno

RécompensePrix du Meilleur Acteur pour Vincent Price au festival du film de Catalogne en 1971.

Un grand merci à Aaronpolson.net
17.05.12. 
10.03.24. 6èx. Vost