lundi 21 janvier 2013

BARFLY


                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site hollywood80.com

de Barbet Schroeder. 1987. U.S.A. 1h44. Avec Mickey Rourke, Faye Dunaway, Alice Krige, Jack Nance, J.C. Quinn, Frank Stallone.

FILMOGRAPHIE: Barbet Schroeder est un réalisateur et producteur, de nationalité française d'origine suisse, né le 26 Août 1941 à Téhéran (Iran).
1969: More. 1972: La Vallée. 1976: Maîtresse. 1984: Tricheurs. 1987: Barfly. 1990: Le Mystère Von Bulow. 1992: J.F partagerait appartement. 1995: Kiss of Death. 1996: Before and after. 1998: l'Enjeu. 2000: La Vierge des Tueurs. 2002: Calculs Meurtriers. 2007: l'Avocat de la terreur (Documentaire). 2008: Inju, la Bête dans l'ombre. 2009: Mad Men (série TV).


              Définition de Barfly: mouche de bar qu'on pourrait traduire par "Pilier de bistrot"

Echec public lors de sa discrète sortie en salles, Barfly se révèle l'un des films les occultés de la carrière du cinéaste. Inspiré de la véritable vie de l'écrivain Charles Bukowski, le film suit l'errance nocturne d'un couple à la dérive, fréquentant les bars miteux d'un ghetto de Los Angeles.
Drame social sur l'échec professionnel et le fardeau de la solitude, Barfly nous illustre avec une vérité humaine poignante la rencontre marginale de deux écorchés de la vie. L'un est un brillant écrivain n'ayant jamais réussi à percer dans le milieu, l'autre est une chômeuse blasée, lourdement éprouvée par son passé conjugal. Ensemble, ils tentent de former un semblant de couple harmonieux au sein de leur appartement insalubre et fuient leur désespoir en se réfugiant dans l'ivresse de l'alcool. En prenant le choix de daigner réunir deux monstres sacrées du cinéma, on pouvait craindre une oeuvre formatée un brin prétentieuse avec le jeu cabotin de ces illustres comédiens. D'autant plus que l'argument misérabiliste met bien en exergue l'existence sordide d'un couple d'alcoolos sombrant inévitablement dans une déchéance suicidaire.


A contrario, le réalisateur s'en tire admirablement en éludant cette forme de pathos rédouté, tandis que Faye Dunaway et Mickey Rourke imposent leur jeu dépravé avec une vérité humaine inespérée ! En prime, à aucun moment Barbet Schroeder ne prend le parti de les juger. Il nous immerge dans leur vie nocturne avec un réalisme cru (les bastons de rue sont plutôt violentes et sanglantes), une émotion prude (tous les personnages paumés se révèlent attachants dans leur détresse humaine) et un humour parfois pittoresque (les incessants défis physiques que se provoquent Henry et le serveur de bar, Eddie). L'ambiance blafarde des bars malfamés où se côtoient ivrognes, vieillards burinés et femmes esseulées, et celle plus intime, de l'appartement de Wanda, est retranscrite avec un souci d'authenticité. Nous sommes véritablement plongés dans un univers de débauche où l'alcool, les violences conjugales avec le voisinage et les rixes urbaines découlent de leur misère sociale. Avec sa dégaine maladroite de clochard borgne et de bagarreur invétéré, Mickey Rourke incarne un provocateur misanthrope plein d'ironie ainsi qu'une empathie discrètement attendrissante (sa jalousie affectueuse auprès de sa compagne). Sa partenaire Faye Dunaway accorde autant de persuasion pour endosser le rôle vulnérable d'une quinquagénaire trop éprouvée par le poids de son passé sans connaître précisément ce qui l'eut amené à une telle dégénérescence morale. Le film reposant entièrement sur leurs frêles épaules, les deux acteurs parviennent avec sobriété à nous faire oublier leur stature notoire si bien que l'on regrette que le film se clôt brutalement sur un épilogue trivial.


S'il se révèle sans surprise, Barfly est un portrait libertaire poignant et plein d'humilité de deux alcooliques qui auront décidé de tourner le dos à leurs ambitions pour accepter communément leur propre défaite. Rien que pour la présence très attachante des deux comédiens, le film mérite assurément à être réhabilité pour sa démarche intègre et sa modestie émotionnelle, non exempte de savoureux traits d'ironie. 

Un grand merci à Ciné-bis-Art !
21.01.13. 2èx
Bruno Matéï

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