mercredi 10 avril 2013

Driver / The Driver

                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site forum.plan-sequence.com

de Walter Hill. 1978. U.S.A. 1h31. Avec Ryan O'Neal, Isabelle Adjani, Bruce Dern, Ronee Blakley, Matt Clark, Felice Orlandi.

Sortie salles France: 23 Août 1978. U.S: 28 Juillet 1978

FILMOGRAPHIE: Walter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 10 janvier 1942 à Long Beach, en Californie (États-Unis). 1975 : Le Bagarreur (Hard Times),1978 : Driver,1979 : Les Guerriers de la nuit, 1980 : Le Gang des frères James,1981 : Sans retour, 1982 : 48 heures, 1984 : Les Rues de feu,1985 : Comment claquer un million de dollars par jour,1986 : Crossroads, 1987 : Extrême préjudice, 1988 : Double Détente, 1989 : Les Contes de la crypte (1 épisode),1989 : Johnny belle gueule,1990 : 48 heures de plus,1992 : Les Pilleurs,1993 : Geronimo,1995 : Wild Bill, 1996 : Dernier Recours,1997 : Perversions of science (série TV),2000 : Supernova, 2002 : Un seul deviendra invincible, 2002 : The Prophecy, 2004 : Deadwood (série TV).


Bien avant le succès inattendu de Drive et la révélation Ryan Gosling, Walter Hill réalisa en 1978 un western urbain insolite avec comme antagoniste principal, un chauffeur aussi taiseux, conducteur infaillible de braqueurs de casino (et de banque !). Honteusement occulté mais enfin commercialisé en BR et 4K en ce Décembre 2022, ce polar dense magnifiquement interprété par le bellâtre Ryan O'Neal (à contre emploi de sa docile physionomie !) est une véritable perle noire d'une intensité acérée. Pour l'anecdote singulière, aucun protagoniste du film ne possède un quelconque patronyme ! Les personnages évolutifs se prénommant le "chauffeur", la "joueuse", le "détective" et le "contact" ! Quant à sa trame, limpide mais redoutablement solide et truffée de rebondissements retors, elle se résume à une traque incessante entre un chauffeur inébranlable et un flic bourru au sein d'une métropole crépusculaire magnifiquement éclairée de néons verts/bleus. Délibéré à mettre en cabane ce mastard de la conduite, le détective négocie la manigance d'un énième braquage de banque avec la complicité d'un gangster minable. Au préalable, une mystérieuse femme adepte des jeux de casino sauva la mise du conducteur pour feindre un alibi après avoir été témoin du braquage. Pendant que le détective reste sur le qui-vive, une étrange relation équivoque se noue entre le couple.


Driver démarre sur les chapeaux de roue avec une séquence vertigineuse de poursuite automobile remarquablement coordonnée par un réalisateur extrêmement tatillon. Dans les rues nocturnes de New-York, une armada de véhicules de police est lancée à vive allure afin d'appréhender le fameux conducteur. Ce prologue incisif au montage incroyablement fluide est l'entrée en matière d'un western urbain transcendant le portrait d'un anti-héros taciturne (Ryan O'Neal est littéralement habité par sa prestance austère), pourchassé par un flicard rancunier. Walter Hill organisant leur confrontation à l'instar d'un jeu de compétition auquel le scénario charpenté multipliera trafalgars et revirements. Ainsi donc, dans une ambiance de film noir à la fois moderne et typiquement Seventie, Driver exploite à merveille le cadre tentaculaire d'un New-York ténébreux dont flics et gangsters semblent dominer la ville pour l'enjeu cupide d'une mallette. D'une efficacité redoutable de par son cheminement narratif jalonné de deux poursuites automobiles que l'on peut qualifier sans rougir d'anthologiques, le réalisateur en profite d'y esquisser le portrait subversif de trois antagonistes à la fois teigneux et réfléchis. Celui d'un détective cynique auquel Bruce Dern endosse son rôle perfide avec une hargne opiniâtre (non exempt de dérision). Celle d'une joueuse (génialement) mutique qu'Isabelle Adjani entretient avec un charme trouble, pour ne pas dire étrangement félin. Et enfin celui du fameux chauffeur de voiture, casse-cou stoïque que Ryan O'Neal transcende avec une stature hautaine impassible ! Georges Miller s'en est d'ailleurs peut-être inspiré pour mettre en exergue la pugnacité suicidaire du personnage de Max !


Saturé du charisme viril d'un trio d'antagonistes retors éclatant l'écran à chacune de leurs apparitions et mis en scène avec rigueur technique et formelle sous l'impulsion d'une bande-son ombrageuse, Driver s'impose sans ambages en modèle du film d'action, western urbain à la photogénie crépusculaire électrisante. En d'autres termes, un divertissement adulte (notamment auprès de ses âpres éclairs de violence que l'on ne voit jamais venir) d'une classe royale. Et c'est à revoir de toute urgence, qui plus est du fait de son extrême rareté inexplicablement injustifiée (j'insiste). 

En France, il atteint la 33e place du box-office annuel 1 102 183 entrées

*Bruno

Pour rappel, chronique de sa déclinaison: http://brunomatei.blogspot.fr/2011/12/drive-prix-de-la-mise-en-scene-cannes.html

10.04.13. 
08.12.22. 4èx. Vost


 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire