mardi 21 mai 2013

HISTOIRES D'OUTRE-TOMBE (Tales from the Crypt)

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site slashershouse.com

de Freddie Francis. 1972. Angleterre. 1h32. Avec Joan Collins, Peter Cushing, Roy Dotrice, Richard Greene, Ian Hendry, Patrick Magee, Barbara Murray, Ralph Richardson.

Sortie salles U.S: 9 Mars 1972

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Freddie Francis est un réalisateur, directeur de photographie et scénariste britannique, né le 22 Décembre 1917 à Londres, décédé le 17 Mars 2007 à Isleworth (Royaume-Uni).
1962: La Révolte des triffides. 1963: Paranoiac. 1964: Meurtre par procuration. 1964: l'Empreinte de Frankenstein. 1965: Le Train des Epouvantes. 1965: Hysteria. 1965: The Skull. 1966: The Deadly Bees. 1966: Poupées de cendre. 1967: Le Jardin des Tortures. 1968: Dracula et les Femmes. 1970: Trog. 1972: Histoires d'Outre-Tombe. 1973: La Chair du Diable. 1973: Les Contes aux limites de la folie. 1974: Son of Dracula. 1975: La Légende du Loup-Garou. 1975: The Ghoul. 1985: Le Docteur et les Assassins. 1987: Dark Tower.


Produit par la célèbre firme Amicus, Freddie Francis s'était déjà attelé en 1965 au film à sketchs avec le sympathique Train des Epouvantes. Sept ans plus tard, il rempile avec Histoires d'outre-tombe, nouvelle anthologie d'épouvante inspirée des fameux EC Comics (bande dessinée horrifique pour adultes fondée aux usa en 1945). Par ailleurs, elle préfigure la fameuse série TV initiée en 1989 sous le titre homonyme des Contes de la crypte. Composé de 5 segments inégaux mais soigneusement élaborés sur un rythme soutenu, Histoire d'outre-tombe suscite la sympathie auprès du spectateur, pour peu qu'il soit nostalgique d'une époque révolue où les films à sketchs étaient à leur ascension (le Caveau de la terreur, Asylum, le Jardin des supplices, la Maison qui tue, puis un peu plus tard le Club des monstres). 


Le premier sketch empreinte la voie du slasher et préfigure par la même occasion avec 12 ans d'écart les exactions du père noel tueur découvert dans le controversé Silent Night, deadly nightJoan Collins y incarnant avec cynisme le rôle d'une épouse meurtrière quand cette dernière décide de supprimer son mari la veille de Noël. Seulement, à l'extérieur de sa demeure, un tueur fou en liberté se prépare à l'importuner ! Ce huis-clos efficacement mené et pourvu d'une angoisse sous jacente bénéficie d'un humour macabre assez loufoque pour se railler de cette épouse incriminée. Le second sketch, peut-être le plus faible du lot, n'apporte pas vraiment de surprise dans son cheminement narratif voué cette fois-ci à l'adultère auquel un mari et sa maîtresse décident de plier bagage vers une contrée lointaine. Malencontreusement, un accident de la route va sévèrement compromettre leur tentative d'escapade. Défiguré et méconnaissable, le mari infidèle décide de retourner auprès de son domicile conjugal après un temps d'absence prolongé. Le troisième segment illustre le calvaire d'un vieillard reclus dans sa maisonnette parmi la fidélité de ses chiens. Altruiste envers les enfants du voisinage, ce veuf inconsolable se retrouve subitement harcelé par son voisin nanti, délibéré à le faire chasser de sa demeure. Peter Cushing s'insinue avec vibrante émotion dans la peau d'un vieillard candide empli d'affection pour les enfants de son quartier ainsi que sa défunte épouse (il communique avec celle-ci par l'entremise du spiritisme). Le soin alloué à la réalisation et l'empathie éprouvé pour ce sexagénaire nous implique sans peine dans son désespoir voué à une cruelle destinée. Mais la saveur macabre du twist final dédié au sacre de la Saint-Valentin nous réconforte pour le châtiment invoqué à son oppresseur ! Le 4è récit s'articule autour d'une statuette ondine auquel un couple avide de richesse décide d'invoquer un voeu qui en amènera deux suivants vers une horrible issue irréversible. Malgré sa courte durée, cet épisode efficace méchamment ironique culmine magistralement sa conclusion vers un terrifiant dénouement sans appel ! (imaginez une seconde votre enveloppe corporelle et votre âme cérébrale souffrir indéfiniment jusqu'à l'éternité !). Pour l'anecdote personnelle, ce sketch m'avait particulièrement traumatisé à l'époque de mon adolescence et continue toujours de me hanter de manière obsédante !


Enfin, le dernier chapitre, d'une durée excessive de 30 minutes, clôt magistralement cette anthologie de contes sardoniques avec le sombre récit d'une histoire de vengeance localisée en interne d'un hospice pour aveugles. Dominé par la prestance renfrognée de Patrick MacGee en leader des aveugles et de Nigel Patrick en directeur castrateur, ce segment intitulé "Blind Alleys" se révèle un sommet de perversité et de sadisme acéré. Une confrérie d'aveugles va être contrainte d'accomplir une vengeance méthodique auprès de leur directeur opiniâtre afin de le châtier de la mort innocente d'un des leurs. Ce sketch particulièrement raffiné dans l'art d'étudier une vengeance impitoyable s'avère le plus stimulant et capte autant notre attention dans la dimension clairvoyante de ces protagonistes atteints de cécité. 


Si Histoire d'outre-tombe accuse aujourd'hui un certain poids des années, les puristes nostalgiques trouveront encore matière à éprouver du plaisir (masochiste) face à cette anthologie de l'épouvante ancrée dans une facture vintage ! Enfin, son dernier segment, merveille de sadisme incongrue préfigurant les exactions de Phibes ou Jigsaw, vaut à lui seul sa réputation de classique !

21.05.13. 4èx
Bruno Matéï


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