jeudi 8 août 2013

L'ANGE DE LA VENGEANCE (MS. 45)

                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site blackcatboneseditions.blogspot.com

d'Abel Ferrara. 1981. U.S.A. 1h20. Avec Zoë Lund, Albert Sinkys, Darlene Stuto, Helene McGara, Nike Zachmanoglou, Abel Ferrara.

Sortie salles France: 18 Août 1982. Sortie salles U.S: 24 Avril 1981

FILMOGRAPHIE: Abel Ferrara est un réalisateur et scénariste américain né le 19 Juillet 1951 dans le Bronx, New-York. Il est parfois crédité sous le pseudo Jimmy Boy L ou Jimmy Laine.
1976: Nine Lives of a Wet Pussy (Jimmy Boy L). 1979: Driller Killer. 1981: l'Ange de la Vengeance. 1984: New-York, 2h du matin. 1987: China Girl. 1989: Cat Chaser. 1990: The King of New-York. 1992: Bad Lieutenant. 1993: Body Snatchers. Snake Eyes. 1995: The Addiction. 1996: Nos Funérailles. 1997: The Blackout. 1998: New Rose Hotel. 2001: Christmas. 2005: Mary. 2007: Go go Tales. 2008: Chelsea on the Rocks. 2009: Napoli, Napoli, Napoli. 2010: Mulberry St. 2011: 4:44 - Last Day on Earth.


Inspiré par les célèbres Un Justicier dans la Ville et Crime à FroidAbel Ferrara nous propose en 1981 un rape and revenge singulier dans son alliage de violence crue (viol sordide exécuté au coin d'une décharge, citadins froidement canardés par balles !), d'horreur et de fantastique (son point d'orgue onirique au sein du bal costumé est entaché de la folie meurtrière d'une nonne vengeresse !). 
Autour de la présence de la néophyte Zoë Lund (née Zoë Tamerlis), l'Ange de la vengeance révèle une actrice d'une beauté charnelle voluptueuse auquel son magnétisme trouble est exacerbé d'un regard glacial inscrit dans le mutisme. Profondément traumatisée à la suite de son double viol, cette jeune couturière va sombrer dans une folie meurtrière irréversible après avoir découpé en morceau sa première victime. En ange exterminatrice, Thana décide de s'afficher en vamp lascive dans un New-York décrépit afin d'attirer les mâles lubriques issus des bas-quartiers. 


Avec réalisme glauque et souci documentaire pour mieux retranscrire l'urbanisation d'un New-York insalubre, Abel ferrara redouble de provocation en iconisant une féministe atteinte d'aphasie. Une justicière des temps modernes délibérée à reprendre sa revanche sur les machistes impénitents avec la violence d'un calibre 45. Auparavant objet de pureté dans sa virginité introvertie, Thana décide aujourd'hui de se substituer en nonne véreuse. L'aura de souffre qui émane de ses exactions mesquines, l'accoutrement aguicheur de sa posture sensuelle et la figure symbolique allouée à une religieuse maléfique marquent durablement les esprits dans un pouvoir de fascination diaphane. La puissance d'évocation de ces images blasphématoires (Thana embrassant d'un rouge à lèvre scintillant chaque balle de son revolver) est d'autant plus irréelle qu'Abel Ferrara utilise une dissonance musicale particulièrement dérangeante dans ces échos à répétition. Parfois, il s'emploie également à provoquer un malaise tangible quand un déséquilibré dépressif décide d'emprunter l'arme de son interlocutrice pour se suicider d'une balle dans la tête devant son témoignage médusé ! Sans concession, Ferrara perdure dans l'oppression avec un final anthologique au paroxysme de l'horreur. Au sein d'un bal costumé arborant la fête d'Halloween, il improvise la technique du slow motion afin de chorégraphier une tuerie sanglante perpétrée par notre nonne endiablée ! Spoiler !!! Et ce juste avant que cette dernière, mortellement blessée par un tiers, s'exclame de douleur pour lui proférer le mot "soeur" ! Fin du SPOILER


Sous l'impulsion archétypale de Zoë Tamerlis et autour du thème religieux violemment singé, Abel Ferrara transcende l'adaptation d'un rape and revenge féministe. Emaillé de fulgurances visuelles par le biais d'une maîtrise technique assez inventive, l'Ange de la vengeance symbolise le culte d'une chasteté sous l'égide d'une vengeance criminelle.

08.08.13. 4èx
B-M

2 commentaires: