lundi 5 août 2013

MUD - Sur les rives du Mississipi

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site collider.com

de Jeff Nichols. 2012. U.S.A. 2h15. Avec Matthew McConaughey, Tye Sheridan, Jacob Lofland, Reese Witherspoon, Sarah Paulson, Ray McKinnon, Sam Shepard, Michael Shannon.

Sortie salles France: 1er Mai 2013. U.S: 26 Avril 2013

FILMOGRAPHIE: Jeff Nichols est un réalisateur et scénariste américain, né le 7 décembre 1978 à Little Rock, Arkansas (Etats-Unis). 2007: Shotgun Stories. 2011: Take Shelter. 2012: Mud.


Un an après son coup de maître Take Shelter, Jeff Nichols nous revient avec un drame naturaliste sur fond de thriller intense où les thèmes de l'amour et de la paternité sont mis en exergue parmi le témoignage candide d'un adolescent en quête de repère. Le PitchDeux adolescents découvrent la présence d'un vagabond armé aux abords du fleuve du Mississippi. Afin de se justifier, il leur explique qu'il fut contraint d'occire un homme pour protéger sa dulcinée. Quelque peu dubitatifs, Ellis et Neckbone finissent par se laisser convaincre et décident de lui prêter main forte afin de pouvoir réparer un bateau pour sa prochaine escapade. A travers une photo immaculée transcendant la beauté naturelle du Mississippi (couchers de soleil crépusculaires à l'appui !), Mud nous retrace le destin d'un fugitif à bout de course et l'initiation d'un gamin sur le fondement de l'amour. Ainsi, de par ces deux personnages à la complicité amicale davantage tangible, Jeff Nichols développe leur état d'âme dans une logique de sentiments et de paternité. Si bien qu'ici, outre l'étude caractérielle de deux héros en proie à l'incertitude, on nous évoque la désillusion amoureuse du point de vue du père d'Ellis (il est sur le point de se séparer de son épouse), de la maîtresse de Mud (en pleine remise en question !) et d'un solitaire décati au passé conjugal revers (le faux père de Mud est devenu depuis un loup solitaire aigri). 


Le thème central du film est donc directement imparti à la valeur inhérente de l'Amour au sein du couple mais auquel le mensonge, l'incommunicabilité et la tromperie peuvent tout remettre en cause. Terriblement dépité de devenir le futur rejeton d'un divorce, et dans un désir d'identification paternelle, l'adolescent Ellis tentera alors de préserver les liens amoureux qui unissent Mud et Juniper. De son côté, notre fugitif libertaire s'efforce de ranimer son destin vers de nouveaux horizons pour longer l'immensité d'un fleuve reculé (la dernière image métaphorique est sur ce point d'une intensité émotionnelle bouleversante !). Sans jamais céder aux bons sentiments lacrymaux, Jeff Nichols aborde tous ces motifs dans la vérité humaine car ils mettent en exergue la densité fragile de protagonistes compromis d'incertitude et de doutes mais aussi d'espérance et de rédemption. Avec autant de vérité psychologique pour les rôles secondaires, le réalisateur nous évoque notamment le thème de la responsabilité parentale lorsqu'un père intégriste un peu trop drastique se refuse à tolérer un peu plus de compassion et d'équité envers la parole du rejeton. La démission parentale est aussi illustrée à travers le portrait du jeune Neckbone, orphelin élevé par son oncle, puis Mud, marginal préalablement désavantagé d'une enfance solitaire et livrée aux lois d'une nature hostile, car survivant miraculé d'une morsure de reptile. Au delà de sa grande force émotionnelle, Mud se confronte également à l'intensité expansive du thriller où le suspense est savamment dosé jusqu'à son apothéose. Principalement lors de son ultime demi-heure haletante où l'issue de nos personnages s'avèrent des plus aléatoires de par les échanges de tirs cinglants.


En directeur d'acteur inné, Jeff Nichols aiguille ces comédiens avec une pudeur confondante (mentions pour l'écorché Matthew McConaughey tout en constance et surtout le jeune Tye Sheridan, époustouflant dans un jeu prévenant et circonspect alors qu'il s'agit de son 2è rôle à l'écran !). C'est ce qui fait tout la puissance de Mud dont le lyrisme poétique renvoie au cinéma de Mallick afin d'y transcender ici une relation charnelle entre la nature environnante et la candeur éperdue de l'amour (qu'elle soit d'ordre conjugale ou parentale). Poignant et bouleversant, du cinéma émotif à son acmé !

05.08.13
Bruno Matéï


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