mercredi 23 octobre 2013

Mother's Day

                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site backtothemovieposters.blogspot.com

de Charles Kaufman. 1980. 1h31. U.S.A. Avec Nancy Hendrickson, Deborah Luce, Tiana Pierce, Holden McGuire, Billy Ray McQuade, Robert Collins, Rose Ross.

Sortie salles U.S: Septembre 1980

FILMOGRAPHIE: Charles Kaufman est un réalisateur, producteur et scénariste américain. Il est le frère du producteur de la firme Troma. 1977: The Secret Dreams of Mona. 1980: Mother's Day. 1982: Ferocious Female Freedom Fighters? 1985: When Nature Calls. 1988: Jakarta.


"L'éducation consiste à nous donner des idées, et la bonne éducation à les mettre en proportion."
Hit vidéo des années 80, Mother's Day fit les beaux jours des fantasticophiles friands de bande horrifique décomplexée. Si aujourd'hui cette bisserie sponsorisée par le label Troma est un peu sombrée dans l'oubli, on se surprend toujours de l'efficacité du concept familial soumis au survival aussi brutal que sardonique. Attention ! Ca déménage en diable, sans restriction aucune ! Le pitchTrois amies célibataires décident de passer un week-end bucolique en pratiquant le camping sauvage. La nuit tombée, elles sont alpaguées par une bande de rednecks assoiffés de violence. Excités par leurs nouveaux trophées, ils s'empressent de les présenter à leur charmante génitrice. Démarrant sur les chapeaux de roue, personne ne peut oublier son prologue goguenard auquel un jeune couple fera les frais d'un stratagème criminel autour d'une fausse panne de voiture. Car à proximité d'un sentier forestier, deux hommes masqués font subitement irruption pour alpaguer les amants. Décapitation spectaculaire du malheureux puis surtout passage à tabac de la jeune fille sont sauvagement illustrés sous nos yeux avec une crudité tranchée. Quand bien même se réjouissant avec une bonhomie espiègle face à ce déchaînement de violence, une mamie applaudit les exploits sanguinaires de ses deux rejetons. Fondu au noir, le générique peut débuter ! Bienvenue chez Mother's Day dont le titre débridé est également à lui seul une plaisanterie de mauvais goût ! Ainsi, à travers le modèle lucratif du psycho-killer et du survival, Charles Kaufman complote une immense farce sanglante où les clichés orthodoxes sont directement inspirés des bandes déviantes des années 70 (Massacre à la Tronçonneuse, la Colline a des Yeux) ainsi que du phénomène symptomatique Vendredi 13 (sorti sur les écrans 4 mois au préalable !).


Et si nos personnages potaches (pour autant attachants dans leur esprit jouasse) et les situations convenues pullulent lors de sa première demi-heure, les évènements suivants convergent au spectacle cartoonesques infiniment bête et méchant, pour ne pas dire réjouissants ! De par l'efficacité d'une décharge d'ultra violence héritée des séries B d'exploitation des Seventies, Mother's Day accumule les séquences extrêmes où viols, sévices et humiliations seront le calvaire quotidien de nos trois étudiantes. Car embrigadées dans une baraque familiale insalubre encombrés de TV, déchets et malbouffe, elles tenteront désespérément d'y sortir en comptant sur leur sororité. Si l'intrigue conventionnelle ne fait preuve d'originalité, le portrait inouï alloué au trio familial éclabousse constamment l'écran avec une ironie galvanisante. Si bien que ces deux benêts sevrés aux séries TV, à la pub, à la malbouffe et tributaires d'une rombière narcissique sont éduqués dans une hiérarchie militaire afin de mieux martyriser les quidams égarés. Leur entrainement drastique s'avère d'ailleurs assez irrésistible de drôlerie lorsqu'ils s'opposent à la compétition sportive face à la fierté de leur maman ! En prime, afin de relancer le survival en lieu clos, Charles Kaufman enchaîne les courses poursuites à travers bois puis se rattache au sous-genre du rape and revenge avec une pointe d'intensité dramatique assez empathique ! (le sort tragique imputé à l'une des victimes). Les filles éreintées d'épuisement et de désagrément lors de leur évasion finissant ensuite par élaborer de terribles châtiments sur leurs agresseurs avec une hargne littéralement bestiale ! Coup de hache dans les testicules, aiguille plantée dans le cou, acide déversée dans le gosier, téléviseur encastré dans la tête, strangulation et charcutage au couteau électrique ! Autant dire que les effets-chocs terriblement cinglants s'enchaînent avec une efficacité effrénée ! Par le biais de ces héroïnes en herbe déterminées, on apprécie également le développement de leur esprit solidaire, rebelle et pugnace après avoir essuyé autant de souffrance morale et corporelle.


En dépit de quelques clichés et situations potaches néanmoins funs, Mother's Day se savoure telle une friandise acidulée, de par l'esprit cartoonesque que la famille dégénérée insuffle en permanence et la cohésion désespérée de leurs victimes en proie à une aliénante rébellion. Méchamment irrévérencieux, mal élevé, subversif et immoral, Mother's Day est une inoubliable farce macabre, un cocktail survitaminé où l'audace incongrue fait constamment des étincelles sous l'impulsion d'une satire corrosive (euphémisme) contre la société de consommation. On peut d'ailleurs même prétendre qu'il s'agit là d'un des plus intelligents et originaux psycho-killer des années 80.  
A réserver toutefois à un public averti. 

Bruno
11/08/18. 6èx
23.10.13. 

Jaquette Vhs appartenant au site l'Antre de l'horreur

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