mercredi 18 décembre 2013

36-15 CODE PERE NOEL

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

de René Manzor. 1982. France. 1h30. Avec Alain Musy, Louis Ducreux, Brigitte Fossey, Patrick Floersheim, François-Eric Gendron, Franck Capillery.

Sortie salles France: 10 Janvier 1990

FILMOGRAPHIE: René Manzor est un réalisateur et scénariste français, frère de Francis et Jean Félix Lalanne. Il est né le 4 Août 1959 à Mont-de-Marsan.
1986: Le Passage. 1990: 3615 code Père Noël. 1997: Un Amour de sorcière. 2003: Dédales. 2002-2007: Alex Santana, négociateur (série tv). 2009: Blackout (télé-film).


Quatre ans après Le Passage, René Manzor renoue avec l'insolite pour façonner 36-15 Code Père-Noel avec un ton beaucoup plus cauchemardesque et débridé. Flop commercial lors de sa sortie, le film continue de faire figure d'ovni franchouillard avec son florilège de courses poursuites incessantes entre un enfant belliqueux et un père fouettard. En l'absence de ses parents, Thomas, 9 ans, doit combattre un père noël psychopathe et sauvegarder la vie de son grand-père au sein du château familial. Déguisé en Rambo, le marmot ne manque pas de subterfuges pour piéger son adversaire à l'aide de gadget retors sortis de sa cargaison de jouets. C'est le début d'une confrontation dantesque que nos deux guerriers vont concourir à l'instar d'une partie de cache-cache !


Mais que s'est-il passé dans la tête de René Manzor pour pondre un divertissement aussi immoral désacralisant sans complexe l'archétype du père-noël ! Aurait-t'il été traumatisé durant son enfance par le grand-père à la fourrure rouge pour daigner le démystifier en prouvant son imposture ? Si le film devait aujourd'hui faire l'objet d'un remake, aucun producteur n'autoriserait pareil sacrilège pour discréditer l'icone des enfants, à moins d'édulcorer prudemment son caractère irresponsable ! A mi chemin entre Maman, j'ai raté l'avion, Rambo 2 et Douce Nuit, Sanglante Nuit, 36-15 Code Père-Noel provoque une palette d'émotions contradictoires (stupeur et perplexité !) dans ce chassé-croisé infernal entre deux adversaires pugnaces ! Si en l'occurrence, le film a pris un coup de vieux dans son esthétisme criard chargé de nuances fluos, il fait autant preuve de maladresses dans certaines situations risibles (la trêve lamentée de Thomas desservie par une mélodie sirupeuse de Bonnie Tyler !) que de coups de génies adroitement exécutés par un Rambo en culotte courte. D'ailleurs, son joli minois poli et sa colère outrée provoquent parfois l'irritation du stéréotype en dépit d'une certaine empathie éprouvée pour son sens de bravoure (le marmot multipliant les pièges fantaisistes avec une sagacité véloce !). Avec une volonté de moderniser une réalisation inventive, René Manzor fait preuve d'une mise en scène clippesque abusant de ralentis chorégraphiques et de cadrages alambiqués. Quand bien même la scénographie baroque est impartie à un manoir high-tech réduit ici en champs de bataille au milieu d'une cargaison de jouets (par moments, on se croirait presque dans la tanière du supermarché Toys "R" us !). Pourtant, le réalisateur exploite habilement chaque recoin et pièces secrètes de la bâtisse avec un sens de l'imagination imparti au gamin débrouillard et de l'efficacité dans sa mise en scène nerveuse.


Avec sa facture kitch, ses situations parfois ridicules, certains clichés usuels (voiture en panne, tueur increvable) et le cabotinage vertueux de ses interprètes (le papy sclérosé s'avère quand même inexpressif !), 36-15 Code Père Noël peut aujourd'hui prêter à sourire, d'autant plus qu'il n'élude pas un semblant de pathos dans certains retranchements intimistes (à l'instar du désarroi du bambin finalement voué au traumatisme). Pourtant, en cinéaste pourfendeur, René Manzor délivre aussi une série B insolente à la liberté de ton plutôt couillue dans son impact horrifique et l'action homérique qui en découle. Enfin, la présence inquiétante du père-noël endossé par Patrick Floersheim renforce le caractère parfois malsain de l'entreprise. Une bizarrerie littéralement erratique à (re)découvrir avec précaution ! 

18.12.13. 3èx
Bruno Matéï

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