mardi 24 décembre 2013

LA MARQUE DU DIABLE (Mark of the Devil / Hexen bis aufs blut gequält)

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmundo.de

de Michael Armstrong. 1970. Angleterre/Allemagne. 1h37. Avec Udo Kier, Herbert Lom, Olivera Vuco, Reggie Nalder, Herbert Fux, Michael Maien, Gaby Fuchs, Ingeborg Schöner, Adrian Hoven.

FILMOGRAPHIE: Michael Armstrong est un réalisateur et scénariste anglais, né le 24 Juillet 1944 à Bolton, Lancashire, Angleterre.
1969: The Haunted house of horror. 1970: La Marque du Diable. 1986: Screamtime

Avertissement: Il s'agit de la version intégrale inédite en France mais disponible aujourd'hui grâce à l'enseigne The Ecstasy of Films ! (la Vhs d'époque de René Chateau étant cut !)


Deux ans après la sortie du chef-d'oeuvre Le Grand Inquisiteur de Michael Reeves, une production germano british se réapproprie du concept historique avec une volonté évidente de surenchérir dans l'horreur sanglante ! Pour preuve subsidiaire, un sac à vomi était distribué au spectateur à l'entrée de chaque séance de l'époque afin de titiller son instinct voyeuriste ! Dans une petite ville d'Autriche, sous le régime de l'inquisition, l'évêque Albino fait régner la terreur auprès des villageois en exerçant sa traditionnelle chasse aux sorcières. L'arrivée du juge Cumberland et de son apprenti Christian vont venir perturber la tranquillité de son insatiable soif de sadisme. Observant avec perplexité les agissements barbares de ces disciples, le jeune Christian finit par s'éprendre d'affection pour une villageoise. 


Série B d'horreur déviante, avant-coureuse du Tortur' porn, La Marque du diable s'érige en étendard du genre en cette période charnière des seventies, Michael Armstrong se livrant à une débauche putassière quasi inédite pour l'époque ! Une descente aux enfers jusqu'au-boutiste dans son lot de tortures séculaires où les instruments de tortures rubigineux rivalisaient d'inventivité pour intimider les victimes d'hérésie. Sans concession et avec une crudité poisseuse, le réalisateur étale à rythme régulier nombre de sévices corporels infligés sur ces condamnés au nom bienséant du clergé. Avec une volonté historique de dénoncer le fanatisme religieux et les exactions pratiquées par des notables véreux (le juge finit par se laisser gagner par des pulsions meurtrières et sexuelles !), Michael Armstrong livre un constat édifiant sur une société intégriste plongée dans les doctrines superstitieuses. Même les villageois assoiffés de vengeance n'hésiteront pas dans un élan de sédition à employer une violence aveugle pour fustiger les témoins du clergé en sacrifiant un innocent ! Si la Marque du diable fait parfois preuve d'une réalisation triviale en abusant de zooms sur les visages mesquins et d'un montage quelque peu sporadique, il ne manque pas de véhiculer une certaine densité dramatique pour les faits historiques énoncés et pour la relation romanesque allouée au couple Christian / Vanessa. Qui plus est, le réalisme sordide (pour ne pas dire malsain !) qui émane des tortures putassières atteint une vraie intensité émotionnelle (l'arrachage de langue est plutôt nauséeux !) et ne fait que plonger le spectateur dans l'abîme d'une cruauté inhumaine.  
Au niveau de l'interprétation, le film s'en sort avec les honneurs car nous ne somme pas prêts d'oublier l'apparence burinée du génial Reggie Nalder, baron pervers imprégné de bestialité, à l'instar de son faciès taillé à la serpe ! En juge ambivalent, Herbert Lom adopte une posture opulente particulièrement sombre dans son esprit arbitraire d'inquisiteur rattrapé par ses bas instincts. Enfin, si Udo Kier peut parfois irriter avec son comportement impassible d'apprenti observateur, son physique d'ange déchu insuffle pourtant un magnétisme et provoque même l'empathie dans sa romance meurtrie avec Vanessa. Cette dernière invoque d'ailleurs un charme pulpeux littéralement prégnant et dégage une vraie spontanéité liée au sentiment d'injustice et de rébellion. 


Sommet d'horreur craspec sous couvert de témoignage édifiant sur la barbarie d'une juridiction catholique, La Marque du Diable garde intact son impact graphique pour nous plonger dans une descente aux enfers vertigineuse au rythme entêtant d'une mélodie lascive ! (Ruggero Deodato reprendra d'ailleurs cette note élégiaque pour amplifier le malaise du maladif Cannibal Holocaust)

Dédicace à Christophe Cosyns
24.12.13. 3èx
Bruno Matéï 

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