mercredi 11 décembre 2013

Le Jouet

                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

de Francis Veber. 1976. France. 1h35. Avec Pierre Richard, Michel Bouquet, Fabrice Greco, Jacques François, Charles Gérard, Gérard Jugnot, Suzy Dyson.

Sortie salles France: 8 Décembre 1976

FILMOGRAPHIE: Francis Veber est un réalisateur, scénariste, dialoguiste et producteur français, né le 28 Juillet 1937 à Neuilly sur Seine. 1976: Le Jouet. 1981: La Chèvre. 1983: Les Compères. 1986: Les Fugitifs. 1989: Les 3 Fugitifs. 1992: Sur la corde raide. 1996: Le Jaguar. 1998: Le Dîner de con. 2000: Le Placard. 2002: Tais-toi ! 2006: La Doublure. 2008: L'Emmerdeur.


Pour sa première réalisation, Francis Veber frappe un grand coup dans la subversion avec Le jouet, une comédie caustique gentiment drôle à travers un sous-texte social ravageur. Sa force implacable émanant de son postulat de départ improbable auquel un gosse de riche décide d'embrigader un quidam empoté dans sa résidence après l'avoir comparé à un jouet de vitrine ! Cette situation risible demeure donc un fameux prétexte chez Veber afin de fustiger une violente charge contre la haute bourgeoisie. Ainsi, à travers le comportement capricieux de cet enfant livré à une totale indépendance et à l'ennui, Francis Veber dénonce sa victimisation auprès d'un père égocentrique corrompu par sa propre richesse. Un milliardaire déshumanisé auprès de son confort ainsi que l'orgueil de son autorité où des milliers d'employés ne sont que ses instruments qu'il peut limoger à sa guise sous prétexte dérisoire. Par conséquent, à travers ce personnage imbus, le réalisateur aborde également le problème du chômage et l'abus de pouvoir chez les entrepreneurs si bien que les prolétaires sont contraints de se plier à une discipline drastique afin de sauvegarder leur emploi.


Mais revenons à notre "pantin humain" auquel l'inénarrable Pierre Richard apporte sa naturelle maladresse mêlée d'une dose de tendresse. Ce personnage grotesque victime de l'arrogance d'un enfant et de sa condition précaire tentera finalement d'apprivoiser son élève de par leur confiance amiteuse et une forme d'autorité conçue sur le respect d'autrui. C'est à dire éveiller sa conscience par des jeux d'adresse pédagogiques (à l'instar de leur création d'un journal pour caricaturer la hiérarchie dictatoriale du père d'Eric) et le ramener à la réalité des choses simples de la quotidienneté. Le tandem que forment nos compères Pierre Richard et le turbulent Fabrice Greco doit beaucoup à la ferveur débridée du récit de par leurs facéties outrées (le duel au sein de la Garden-party est un moment d'anthologie grinçant !) mais aussi auprès de leur affection commune (l'épilogue des adieux s'avère vraiment poignant). Enfin, en président impassible dénué d'empathie, l'imparable Michel Bouquet adopte une posture rigide afin de caractériser le parfait symbole du nanti renfrogné manipulant à sa guise le prolétaire réduit à la coercition. 


Les jouets du président
Parfaitement interprété en alternant avec vigueur ironie acide et douce tendresse, Le Jouet se décline en comédie intelligente pour illustrer avec originalité les dommages irréversibles de la démission parentale mais aussi de la corruption du pouvoir chez les nantis englués dans leur confort. Soutenu de la partition friponne de Vladimir Cosma, ce classique perdure sa force émotionnelle et la dérision de son thème social avec une étonnante liberté de ton !

*Bruno
11.12.13. 3èx

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