vendredi 21 février 2014

CHROMOSOME 3 (The Brood). Prix du Jury au Festival de Catalogne, 1981.

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"The Brood" de David Cronenberg. 1979. Canada. 1h34. Avec Oliver Reed, Samantha Eggar, Art Hindle, Henry Beckman, Nuala Fitzgerald, Cindy Hinds, Susan Hogan.

Sortie salles France: 10 Octobre 1979. Canada: 1er Juin 1979. U.S: 25 Mai 1979

FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada). 1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage, 1979 : Fast Company, 1979 : Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone, 1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants,1991 : Le Festin nu, 1993 : M. Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method. 2012: Cosmopolis.


Après 2 coups d'essai très remarqués auprès de la cinéphilie spécialisée (son diptyque underground  Frissons/rage), David Cronenberg frappe à nouveau un grand coup avec Chromosome 3. Un drame psychologique où l'épouvante vient s'instaurer de manière malsaine plus subtile qu'au préalable. Le pitch: Un psychiatre marginal prescrit à ses patients une nouvelle thérapie, le psychoprotoplasme en s'intéressant de plus près à traiter le cas d'une mère dépressive séparée de sa famille. Battue par sa génitrice durant son enfance, Nola Carveth extériorise sa haine en reproduisant la même violence sur sa propre fille Candy. Au moment où le Dr Raglan tente de la guérir avec sa nouvelle thérapie, un meurtre vient d'être commis sur la propre mère de Nola. Mais le coupable reste introuvable, jusqu'au jour ou Frank Carveth, l'époux de la patiente, découvre son identité après la découverte d'un second meurtre. Ce meurtrier appréhendé possède l'apparence d'un enfant difforme dénué de sexe, fruit d'une mutation génétique inconnue ! Avec plus de talent de par la maîtrise de sa mise en scène assidue et la sobriété imperturbable des comédiens (Oliver ReedSamantha EggarArt Hindle et la petite Cindy Hinds crèvent l'écran !), David Cronenberg  continue de perturber le spectateur par le biais d'une intrigue foutrement anxiogène. Des patients psychologiquement fragiles ou perturbés laissent transparaître sur leur corps des stigmates après avoir confier leur traumatisme moral au Dr Raglan  !


Ainsi, le fait d'assister à la psychothérapie de ces individus en grande souffrance psychologique se répercute sur notre psychisme si bien que le cinéaste aborde les délicats problèmes du divorce, de la filiation, de la maltraitance infantile et de la dépression dans un souci d'intimisme. Qui plus est, avec le témoignage prude d'une fillette traumatisée par un meurtre, Cronenberg enfonce le clou pour mettre en exergue la fragilité de l'innocence lorsque celle-ci est livrée à une situation de grande violence. A l'instar de cet homicide crapuleux auquel l'institutrice y sera sacrifié par deux enfants mutants face au témoignage horrifié de ces élèves ! Cette scène éprouvante quasi insupportable serait aujourd'hui bannie de nos écrans tant Cronenberg n'a pas froid aux yeux pour projeter des images horrifiques assez crues mais toujours tributaires d'un scénario aussi original qu'intelligent. Car il explore notamment le danger des progrès de la médecine (le  psychoprotoplasme peut provoquer une tumeur !) pour y sous-entendre une analogie sur le cancer. Sur ce dernier point, le film met bien en valeur les effets indésirables de la souffrance psychologique au risque de se répercuter sur notre corps et développer ainsi une forme d'excroissance. Spoil ! Quand au point d'orgue traumatique, il faut avoir le coeur bien accroché pour découvrir l'horrible vérité lorsque la mère des abeilles dévoile à la base de son nombril un foetus ensanglanté pour le lécher délicatement ! Fin du Spoil.


Profondément dérangeant et malsain, Chromosome 3 retransmet une émotion quasi dépressive par l'entremise de ces protagonistes instables en quête d'exutoire et nous plonge dans l'horreur cérébrale avec une transgression jusqu'au-boutiste. Le climat de malaise qui y émane est notamment renforcé par le score aigu de Howard Shore quand bien même Cronenberg achève sa conclusion sur une note d'autant plus nihiliste. Dans la mesure où il nous laisse sur le bord de la route avec la dernière apparition d'une fillette impassible, future martyr d'une maladie incurable.
Du grand cinéma horrifique comme on en voit plus de nos jours, à réserver à un public averti

Dédicace à Mylène Lam
Bruno
5èx

RécompensePrix du Jury de la Critique Internationale au Festival International du film de Catalogne, 1981.


5 commentaires:

  1. J'en frisonne encore...ce n'est pas un film pour moi c'est quasiment un traumatisme d'enfance. Lol ! Sérieusement celui-ci m'a pas mal choqué quand je l'ai vu ado. Malsain, anxiogène, perturbant et...aussi vraiment passé de mode ! On voit mal qui se lancerait de nos jours avec autant de sérieux et d'aplomb dans un telle histoire, avec la conviction de Cronenberg. Je crois que c'est qui m'inquiétait le plus chez ce réalisateur : la manière dont il croyait à ce qu'il filmait. Son propos était dérangeant. Il a fait entrer l'épouvante dans une nouvelle dimension à lui-seul. (viscéro-utéro- socio-cérébrale ?) puis il a fini par se regarder un peu le nombril (le nombrilisme pour lui c'est assez cohérent pour le coup).
    Sinon j'ai vu" Trauma" d'Argento : IL n'est pas si mauvais, même si on y décèle les prémices de la déformation du cinéma d'Argento et tout ce qu'on pourra lui reprocher plus tard : une sensibilité qui passe au second plan dans un cadre américanisé, des errances dans le rythme, dans la mise en image, dans des points de vue sans intérêts...
    Ce film n'appartient pas à la période faste du réal mais a encore de beaux restes.

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  2. Puis Pour Cronenberg, j'oubliais ces deux réussites fabuleuses que sont "History of Violence" Et les "Promesses de l'ombre"...le premier nous repousse vers nos instincts destructeurs et primaires de manière maladive et le deuxième nous plante une lame dans le cœur ! Magnifiques !

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  3. je suis de ton avis pour la bio de Cronenberg et pour Trauma de Argento (un film dont j'ai appris à lui découvrir des qualités)

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  4. Pour Cronenberg mon préféré c'est "The fly" et pour Argento c'est"Suspiria" (même si j'adore "Les frissons de l'angoisse"). Bon rien d'étonnant en fait.

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  5. Mon préféré reste FAUX SEMBLANTS (il me traumatise toujours !) et le film de ma vie est SUSPIRIA !

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