jeudi 27 mars 2014

LA GUERRE DU FEU (Quest for Fire). César du Meilleur Film

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site relamovies.com

de Jean Jacques Annaud. 1981. France/Canada. 1h36. Avec Everett McGill, Ron Perlman, Nicholas Kadi, Rae Dawn Chong.

Récompenses: César du Meilleur Film, César du Meilleur Réalisateur

Sortie salles France: 16 Décembre 1981. Canada: 10 Février 1982

FILMOGRAPHIE: Jean-Jacques Annaud est un réalisateur et scénariste français, né le 1er Octobre 1943 à Juvisy-sur-Orge (Essonne).
1976: La Victoire en Chantant. 1979: Coup de Tête. 1981: La Guerre du Feu. 1986: Le Nom de la Rose. 1988: L'Ours. 1992: L'Amant. 1995: Guillaumet, les ailes du courage. 1997: 7 ans au Tibet. 2001: Stalingard. 2004: Deux Frères. 2007: Sa Majesté Minor. 2011: Or Noir. 2015: Wolf Totem.


Il y a 80 000 ans se levait l'aube de l'humanité. L'homme préhistorique savait conserver le feu offert par les hasards de la nature: foudre, éruptions volcaniques. Mais il ne savait pas le créer artificiellement. Ce feu, pour nous, si banal, était l'enjeu de rivalités impitoyables. En ces âges farouches, le feu assurait la survie de notre espèce. Il servait à l'homme pour se protéger des froids terribles des glaciations, écarter les animaux féroces, cuir les viandes. Les hordes s'organisaient autour de sa claire puissance bienfaitrice. Ceux qui le possédaient possédaient la vie. 

Succès mondial lors de sa sortie, auréolé chez nous du César du Meilleur Film, La Guerre du Feu est une gageure à vocation pédagogique et ludique que Jean-Jacques Annaud relève dignement afin de reconstituer l'époque du Paléolithique. Une première dans l'histoire du cinéma puisque le réalisateur traite son sujet avec souci de réalisme dans sa configuration géographique (décors naturels du Canada, de l'Ecosse et du Kenya), dans sa violence graphique imposée (affrontements sanglants assez brutaux) mais aussi dans la physionomie des acteurs au faciès simiesque ! On est donc loin ici des ersatz transalpins qui exploiteront rapidement le filon dans une précarité de système Z à but foncièrement mercantile !


Notre aventure débute donc avec l'expédition de trois guerriers de la tribu des Ulam contraints de quitter leur contrée pour partir conquérir le feu après l'avoir égaré dans un récipient. A partir de ce simple canevas, le réalisateur nous dépeint un captivant récit d'aventure chargé de souffle épique dans ces batailles adverses que nos trois héros vont devoir braver durant leur périple. Récit initiatique, leçon de vie pour l'évolution humaine, La Guerre du Feu se porte en humble témoignage afin de rendre hommage à nos ancêtres où leur destinée de survie s'avérait particulièrement précaire. Incessamment confrontés à l'hiver climatique d'une nature sauvage, aux rivalités des tribus et à l'hostilité d'animaux affamés, nos héros vont devoir évaluer leur sens de bravoure afin de s'approprier la denrée du feu et pouvoir le créer indépendamment. Par leur épreuve de survie, leur désir de préserver leur dynastie mais aussi leur esprit de curiosité, ils vont défier la peur et apprendre les sens du mot amour, respect, fraternité et humour en se mesurant à la culture des tribus étrangères. A travers le tempérament primitif de l'homme, capable de perpétrer impunément un viol sur une étrangère, Jean Jacques Annaud illustre notamment notre instinct machiste et phallocrate avant de nous inculquer la valeur essentielle de l'amour. Car à travers la relation empathique partagée entre Naoh et Ika, le réalisateur dépeint avec poésie la prémices amoureuse quand deux amants sont communément épris de sentiments avant de procréer leur descendance (l'épilogue tacite au clair de lune).


Projet casse-gueule réputé inadaptable, voir peu convaincant du point de vue de certains scientifiques, La Guerre du Feu réussit pourtant l'exploit de retranscrire le Paléolithique avec souci de réalisme studieux. Esthétiquement magnifique dans ces décors montagneux, bercé d'une partition envoûtante à la flûte de Pan et épaulé du jeu intense des comédiens, Jean-Jacques Annaud accorde autant de crédit au sens du mot spectacle dans cette aventure lyrique où le feu reste la convoitise pour nos ancêtres afin de prémunir leur destinée. 

Bruno Matéï
4èx 

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