jeudi 6 mars 2014

Prophecy: le monstre / Prophecy.

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de John Frankenheimer. 1979. U.S.A. 1h42. Avec Robert Foxworth, Talia Shire, Armand Assante, Richard Dysart, Victoria Racimo, George Clutesi, Burke Byrnes.

Sortie salles: 15 Juin 1979

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Frankenheimer est un réalisateur américain, né le 19 Février 1930 à New-York (Etats-Unis), décédé le 6 Juillet 2002 à Los Angeles (Californie). 1957: Mon père cet étranger. 1962: Le Prisonnier d'Alcatraz. 1962: Un Crime dans la tête. 1964: Le Train. 1966: Grand Prix. 1966: L'Opération Diabolique. 1968: L'Homme de Kiev. 1970: Les Cavaliers. 1975: French Connection 2. 1977: Black Sunday. 1979: Prophecy, le monstre. 1982: A Armes égales. 1986: Paiement Cash. 1992: Year of the gun. 1996: L'Ile du Dr Moreau. 1998: Ronin. 2000: Piège fatal. 2002: Sur le chemin de la guerre.


Série B aujourd'hui sombrée dans l'oubli mais bien connue des vidéophiles des années 80, Prophecy, le monstre est la première incursion dans l'horreur de John Frankenheimer, aussi surprenante soit-elle.  Ainsi, sous couvert de divertissement frissonnant où plane l'ombre d'un monstre de légende (le Kathadin !), celui-ci aborde intelligemment le thème écolo de la pollution lorsqu'une usine de papiers déverse illégalement du mercure dans un lac. Par cette occasion alarmiste, il en profite notamment pour y dénoncer le racisme infligé à une nation indienne incriminée par des ricains méprisants à leur égard. Le pitchUn peuple amérindien vivant reclus dans la forêt subit les frais d'une contamination si bien que des malformations de nouveaux-nés, la taille anormale des poissons de rivière et l'état d'ébriété inexplicable de certains d'entre eux les contraignent à alerter le gouvernement américain. Or, ils doivent faire face à l'hostilité d'un agent de protection délibéré à les mettre sous les verrous depuis la macabre découverte de corps déchiquetés. Mais grâce au soutien d'un médecin philanthrope et de son épouse dépêchés sur place, les indiens vont pouvoir coopérer pour tenter de dévoiler au grand jour le scandale.


Avec sa mise en scène solide proprement indiscutable et le jeu dépouillé des interprètes (le couple  Robert Foxworth Talia Shire apporte une réelle intensité sentencieuse à travers leur investigation scrupuleuse et leur mésentente conjugale compromis à la maternité), John Frankenheimer confectionne une série B de luxe adroitement troussée car privilégiant de prime abord l'épaisseur psychologique de ses personnages. Qui plus est, avec la qualité des effets spéciaux conçus par Tom Burman, Prophecy, le Monstre réussit à crédibiliser un animal colossal particulièrement rugissant et agressif (sorte d'ours mutant) lorsqu'il s'acharne sur ses victimes. Et à ce niveau, ses méfaits meurtriers font parfois l'objet d'instants de terreur aussi cinglants qu'inopinés ! En ce qui concerne la physionomie de la créature, et en dépit du latex imposé, elle s'avère aussi impressionnante que pathétique, car victime de la responsabilité de l'homme d'avoir avili sans vergogne son environnement naturel. D'ailleurs, bien avant les attaques récursives du monstre lors du final épique, le réalisateur aura pris soin de nous susciter l'empathie avec la découverte d'un bébé mutant moribond. Son aspect terriblement difforme, ses gémissements et ses braillements plaintifs s'avérant éprouvants pour le spectateur. Et si la dernière partie finit par surprise à céder à l'esbroufe horrifique dans son mode "survival", elle n'en demeure pas moins haletante, intense, terrifiante par son lot d'incessantes attaques surprises et de scènes-chocs sanglantes brillamment maîtrisées.  


En accordant autant d'intérêt à l'aspect ludique du film de monstre impeccablement mené et à la réflexion écolo sur les conséquences désastreuses de la pollution infectant l'homme et l'animal (la nutrition par empoisonnement du poisson), John Frankenheimer confectionne une série B horrifique constamment captivante. Qui plus est, la conviction des comédiens (jusqu'aux seconds rôles fort attachants), l'esthétisme accordé à la beauté de ces paysages forestiers et l'ampleur de son score épique l'acheminent au classique du genre que la génération 80 pourra à nouveau redécouvrir avec un enthousiasme d'autant plus nostalgique. A réhabiliter d'urgence. 

*Bruno
22.04.22. Vostfr. 5èx

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