lundi 19 mai 2014

Le Dernier Testament / Testament

   Photo empruntée sur Google, appartenant au site t411.me

de Lynne Littman. 1983. U.S.A. 1h28. Avec Jane Alexander, William Devane, Rossie Harris, Roxana Zal, Lukas Haas, Philip Anglim, Lilia Skala.

Sortie salles France: 13 Juin 1984. U.S: Novembre 1983

FILMOGRAPHIE: Lynne Littman est une réalisatrice, scénariste et productrice, née le 26 Juin 1941 à New-York, USA. 1973: In the Matter of kenneth. 1980: Once a Daughter. 1983: Le Dernier Testament. 1999: Freak City (télé-film). 1999: Having our say: the delanys sister's 100 years (télé-film).


Sorti la même année que Le Jour d'Après de manière autrement confidentielle, Le dernier Testament prend le contre-pied du trauma post-apo de Nicholas Meyer pour décrire les effets collatéraux d'une bombe nucléaire sur la population civile. Si bien qu'ici, point de catastrophe spectaculaire et de visions morbides de victimes décharnées sous les effets radioactifs, Lynne Littman optant la sobriété afin de mettre en exergue la fragilité humaine de sa tragédie. Ainsi, dans une petite banlieue de San Francisco, les habitants sont soudainement avertis d'un message télévisuel leur indiquant que des engins nucléaires viennent d'exploser sur leur territoire. Une mère de famille, dont l'époux vient de s'absenter, tente de préserver ses enfants quand bien même le nombre de victimes commence à progresser. Inédit en Dvd (tout du moins à ce jour du 01.06.23), Le Dernier Testament est une modeste production aussi méconnue que l'identité de sa réalisatrice mais qui s'avère pourtant digne d'intérêt de par sa puissance dramatique littéralement intolérable. Car en privilégiant à tous prix la force de suggestion au mépris de l'esbroufe,  Lynne Littman dénonce les effets dévastateurs de la bombe nucléaire avec une pudeur émotive forçant le respect. 


Si bien qu'ici point de pathos pour nous bouleverser d'une situation aussi catastrophiste (bien que cette bourgade de San Francisco n'eut jamais été directement touchée par une explosion !) mais une retenue à imposer un sentiment de désespoir inscrit dans la constance, la décence, lé résilience au sein de l'unité familiale. Par conséquent, ce qui intéresse surtout l'auteur, c'est le cheminement courageux d'une mère de famille pour préserver la vie de ses trois enfants avec son refus de s'y morfondre lorsque ses proches sont voués à l'inévitable. De par son destin galvaudé, la réalisatrice brosse un superbe portrait maternel où accablement et lutte pour l'espoir ne cessent de s'entrechoquer à l'aide d'une dimension humaine davantage difficilement supportable. Car rendue garante depuis l'absence professionnelle de son mari, Carol tente de relever tous les défis moraux pour survivre après les effets secondaires de la radiation. Ainsi, en jouant la carte de l'intimisme la plus prude et laconique, Lynne Littman nous fait pénétrer dans la loyauté de cette famille parmi la responsabilité infantile car y accordant une belle place pour leur solidarité de dernier ressort. Qui plus est, ce qu'il y a d'inévitablement bouleversant, implacable, puis déchirant à travers ce chemin de croix tragique, c'est d'observer en toute impuissance le calvaire psychologique d'une mère toujours plus accablée par la mort de ses progénitures. Et de compter sur le souvenir, la foi (après l'avoir dénigré), la filiation, le soutien, et surtout la rigueur mentale afin d'y tolérer coûte que coûte cet inépuisable fardeau en dépit de l'idée défaitiste de tentative de suicide.


A la fois Bouleversant, déchirant et traumatisant par sa dureté rubigineuse, son refus de concession et sa cruauté irréversible; éprouvant par son climat (subtilement) moribond sous l'impulsion d'un acting remarquable de dignité (Jane Alexander force l'admiration à travers son épreuve de force interminable au point de nous arracher les larmes de délivrance); Le Dernier Testament est un douloureux réquisitoire contre l'holocauste nucléaire inscrit dans une pudeur humaine à fleur de peau. Une oeuvre foncièrement sensible et fragile dédiée au sens de la famille à redécouvrir fissa afin de témoigner de son exceptionnelle rigueur émotionnelle au gré d'une narration programmée (sciemment prévisible) allant droit à l'essentiel. Si bien que son pouvoir dramatique en crescendo demeure aujourd'hui rigoureusement intact.

*Bruno
4èx vostf

2 commentaires:

  1. Magnifique article Bruno qui résume parfaitement toute la force et la dramaturgie du film .

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  2. Tu me rassures Atreyu, merci beaucoup ! ;)

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