mardi 27 mai 2014

LES SEIGNEURS (The Wanderers)

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinemotions.com

de Philip Kaufman. 1979. U.S.A. 1h56. Avec Ken Wahl, John Friedrich, Karen Allen, Toni Kalem, Alan Rosenberg, Jim Youngs, Tony Ganios.

Sortie salles France: 12 Mars 1980. U.S: 4 Juillet 1979

FILMOGRAPHIE: Philip Kaufman est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 23 Octobre 1936 à Chicago, Illinois (Etats-Unis).
1965: Goldstein. 1967: Fearless Frank. 1972: La Légende de Jesse James. 1974: The White Dawn. 1978: L'Invasion des Profanateurs. 1979: Les Seigneurs. 1983: L'Etoffe des Héros. 1988: L'Insoutenable Légèreté de l'être. 1990: Henry et June. 1993: Soleil Levant. 2000: Quills, la plume et le sang. 2004: Instincts Meurtriers. 2012: Hemingway and Gellhorn (télé-film).


On les appelle "les Seigneurs", leur rythme c'est la musique, les filles sont leur faiblesse, leur point fort, c'est leur force au combat.  
Leurs ennemis sont les Baldies, les Bombers, les Wongs et les Ducky Boys. Indéniablement des troupes puissantes. 
Mais "Les Seigneurs" sont les plus forts.  

Film culte de plusieurs générations alors qu'aujourd'hui il est injustement occulté, les Seigneurs rend hommage au "film de bandes" avec une générosité et une tendresse sans égales. Hymne à l'insouciance d'une jeunesse avide d'aventures, de liberté et de fantaisies, Les Seigneurs se porte en témoignage d'une époque révolue, celle des années 60 baignant dans le Rock 'n' Roll et la Pop, la Soul et la vague yéyé, quand bien même toute la nation américaine pleure l'assassinat du président Kennedy en ce 22 Novembre 1963. L'action prend pour cadre le quartier du Bronx à travers la quotidienneté d'adolescents revanchards, en particulier ceux appartenant à la bande des Wanderers. De jeunes italiens issus de classe ouvrière passant leur temps à provoquer d'autres clans d'ethnie étrangère tout en courtisant les jeunes filles du samedi soir ! Alors qu'ils viennent d'avoir un accrochage avec les Bombers, Richie Gennaro et ses acolytes leur promettent un prochain lieu de rencontre sur un stade de foot. Au même moment, après une rixe avec les Baldies (la bande des cranes rasés dirigé par "Terreur" !), ils sont secourus in extremis par un nouveau venu plutôt mastard, Perry LaGuardia. Enfin, Richie doit aussi faire face à la jalousie de sa compagne depuis qu'il s'est laissé attendrir par le charme d'une ravissante inconnue lors d'une partie de boum-doudoune (peloter incidemment les seins de citadines !).


Lorsque l'on redécouvre Les Seigneurs pour un énième visionnage, on est immédiatement frappé par la fraîcheur amicale qui se détache des personnages. Non seulement celle des Wanderers mais aussi celle des Baldies et des Bombers pour leur cohésion et leur zèle impartis à la bravoure ! Car outre le fait de rendre un vibrant hommage à l'époque iconique des sixties, Philip Kaufman porte notamment un témoignage au sens de la camaraderie et de la fraternité durant le passage de l'adolescence non exempte de malaise identitaire (la reconversion de Turkey chez les Baldies, la désillusion de Joey au sein du cocon familial en perdition). Ce moment puéril d'idéologie décomplexée où seuls compte les distractions de beuveries, de dragues improvisées, de parties de strip-poker et de bagarres de rues afin de se prouver que l'on garde le monopole de l'élite aux yeux des autres. Tous ces ados naïfs issus du prolétariat, le cinéaste nous les caractérisent avec une tendresse immodérée dans leur fragilité humaine impartie à une quête existentielle (Joey espère quitter la région pour fuir les maltraitances de son paternel !). Qui plus est, et à certaines reprises, le réalisateur adopte la rupture de ton pour insister sur le caractère sombre de situations de rixe (à l'instar du sort tragique réservé à Turkey !) lorsque les plus démunis d'entre eux sombrent dans une délinquance amorale. Je pense à la bande belliqueuse des Ducky Boys issus des ghettos les plus défavorisés et dénués de tout contact avec l'étranger (alors que bizarrement, ils se raccrochent à la religion pour communier dans une église et accepter l'hostie !). A travers le parcours contradictoire des Wanderers, Les Seigneurs consacre notamment toute une partie de notre propre jeunesse avec une intensité émotionnelle proprement bouleversante. A titre d'exemple, il suffit de se remémorer l'épisode des adieux échangés entre Perry, Joey et Richie pour se rendre compte de l'énorme empathie qu'on leur attribue dans leur divergence morale à se consacrer à un avenir meilleur. A travers ce départ précipité, Philip Kaufman brosse donc leur nouvelle initiation à la responsabilité après s'être opposé à une baston collective d'une rare férocité (la séquence confinée dans un stade de foot fait office d'anthologie épique par sa violence acerbe et le nombre de figurants déployés !) quand bien même Richie est sur le point de se marier en regrettant amèrement son ancienne idylle d'un soir !


Une commémoration de l'adolescence
Scandé par les tubes rock des sixties (on y croise Smokey Robinson, The Champs, The Volumes, Chantays, The Surfaris, The Four Seasons, Contours, Isley Brothers, Dion, Lee Dorsey, The Angels, Shirelles, Ben E. Kingk, rien que çà !!!), Les Seigneurs constitue un chef-d'oeuvre du "film de bandes" aussi galvanisant que ces illustres homologues, la Fureur de Vivre, les Rues de Feu et Les Guerriers de la Nuit. Un moment de cinéma nostalgique bourré d'énergie, de musiques et d'émotions, auquel la prestance terriblement attachante des comédiens renforce l'identification du spectateur ! A découvrir impérativement au moins une fois dans sa vie !  

La critique des Guerriers de la Nuit (les): http://brunomatei.blogspot.fr/2013/04/les-guerriers-de-la-nuit-warriors.html
La critique des Rues de Feu (les): http://brunomatei.blogspot.com/2011/11/les-rues-de-feu.html

Dédicace à Christophe Krust Masson
Bruno Matéï
6è visionnage

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