jeudi 15 mai 2014

PONTYPOOL

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Brice McDonald. 2008. Canada. 1h35. Avec Stephen McHattie, Lisa Houle, Georgina Reilly, Harant Alianak, Rick Roberts, Daniel Fathers.

Sortie salles France (l'Etrange Festival): 5 Septembre 2010. Canada: 6 Septembre 2008 (Festival de Toronto).

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Bruce McDonald est un réalisateur, producteur, acteur, scénariste et monteur canadien né le 28 Mai 1959 à Kingston, dans l'Ontario, Canada.
1989: Roadkill. 1996: Hard Core Logo. 1997: Platinum (télé-film). 2007: The Tracey Fragments. 2008: Pontypool. 2010: Ma Babysitter est un vampire.


Inédit en salles, en dehors de sa sélection dans certains festivals, Pontypool est donc passé discrètement par la case Dtv parmi l'entremise d'un bouche à oreille plutôt élogieux ! A partir du concept en vogue du film d'Infectés (et/ou de Zombies, on ne sait plus trop ce qu'il en est !), cette série B de facture visuelle très "Carpenter" (format scope, unité de lieu et de temps, comédiens hyper photogéniques) est un ovni d'une audace inouïe dans sa manière d'aborder le thème éculé. Au sein d'une station de radio, l'animateur Grant Mazzie et ses deux standardistes diffusent leur programme traditionnel quand l'un de leur collaborateur parti en reportage décrit par téléphone un évènement des plus improbables ! Une horde de patients ont encerclé le cabinet de leur médecin et se comportent comme des déments atteints de cannibalisme ! C'est le début d'une nuit de cauchemar que nos animateurs vont de tenter de déjouer à l'aide de leur propre dialecte ! Amateurs de bizarreries saugrenues imprégnées d'ironie, préparez vous à suivre une expérience hors du commun dans ce huis-clos anxiogène où la menace externe s'avère aussi singulière qu'incompréhensible. Du moins, c'est ce que laisse penser la première partie du film, non exempt de bavardages un peu rébarbatifs afin de distiller une ambiance d'inquiétude latente.


Imaginez le contexte aussi grotesque qu'invraisemblable ! Un nouveau virus d'origine inconnue s'empare de l'esprit des citadins par l'entremise du dialecte oral ! Je m'explique : dès que vous prononcez certains mots spécifiques durant vos conversations (prioritairement les plus affectueux), une menace invisible s'infiltre en vous pour prendre possession de votre cerveau et vous plonger dans une folie meurtrière incontrôlée ! Subitement atteint de démence, et répétant incessamment le mot contaminé, vous devenez une sorte de zombie gesticulant à répétition nombre de divagations, et vous vous empressez d'écouter les paroles de vos voisins afin de vous transmettre le germe ! Réfugiés dans une station de radio, nos trois héros vont donc tenter de se prémunir contre cette menace en évitant de bavasser entre eux, quand bien même, dehors, une foule de quidams enragés commencent à encercler leur station ! Face à cette situation cauchemardesque et apocalyptique (dehors, les incidents en masse se multiplient !), ils vont peu à peu se laisser gagner par la paranoïa et s'efforcer de se réfugier dans le mutisme ! Alors que l'une des standardistes était préalablement infectée, ils vont également s'employer à déchiffrer un remède pour s'y protéger et par la même occasion désinfecter la population ! Réussir à retranscrire une situation improbable dans le domaine du crédible, c'est ce qu'à réussi à entreprendre son réalisateur avec l'alibi de la satire et de la complicité de solides comédiens. Avec l'efficacité du pouvoir de suggestion, Bruce McDonald réussit notamment à distiller une ambiance d'étrangeté toujours plus insaisissable et un climat d'angoisse subtilement diffus afin de faire plonger le spectateur dans l'aberration ! La poésie, l'oxymore et le sens des mots, leur incohérence et effet de contradiction nous plongeant toujours plus dans une situation de psychose !


Parlez vous français ?
Avec pas mal d'ironie et nombre d'idées aussi retorses que débridées, Pontypool ressemble à s'y méprendre à un épisode long format de la 4è dimension. Indubitablement, il ne plaira pas à tous, l'action et le gore s'avérant quasiment absents et son rythme plutôt languissant. Mais la manière atypique dont le cinéaste aborde son sujet, l'effet de surprise inopiné qui en découle et surtout sa crédibilité qu'il réussit finalement à cristalliser redorent la symbolique du film culte ! Une expérience hors-norme faisant office de farce sarcastique et qui ne peut laisser indifférent quelque soit l'opinion encourue ! 

Bruno Matéï
2èx

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