vendredi 27 juin 2014

Brazil

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site sci-fimovieposters.co.uk

de Terry Gilliam. 1985. Angleterre. 2h23 (version intégrale). Avec Jonathan Price, Robert De Niro, Kim Greist, Katherine Helmond, Ian Richardson, Michael Palin, Bob Hoskins, Ian Holm.

Sortie salles France: 20 Février 1985. Angleterre: 22 Février 1985. Canada: 18 Décembre 1985

FILMOGRAPHIE: Terry Gilliam est un réalisateur, acteur, dessinateur, scénariste américain, naturalisé britannique, né le 22 Novembre 1940 à Medicine Lake dans le Minnesota. 1975: Monty Python: Sacré Graal ! (co-réalisé avec Terry Jones). 1976: Jabberwocky. 1981: Bandits, bandits. 1985: Brazil. 1988: Les Aventures du Baron de Munchausen. 1991: The Fisher King. 1995: l'Armée des 12 Singes. 1998: Las Vegas Parano. 2005: Les Frères Grimm. 2006: Tideland. 2009: L'imaginarium du docteur Parnassus. 2013: Zero Theorem.


"Tous les esprits fonctionnent entre démence et imbécilité, et chacun, dans les 24 heures, frôlent ces extrêmes".
Chef-d'oeuvre de Terry Gilliam, Brazil reste son oeuvre la plus folle, la plus fondamentale et la plus sarcastique de toute sa carrière. De par sa thématique pointant du doigt le totalitarisme et par sa frénésie visuelle faisant office de carnaval fantasque, Brazil donne autant le vertige qu'une sensation d'étouffement indécrottable. Le pitchEn essayant de résoudre un problème informatique qui valu l'arrestation d'Archibald Buttle, un bureaucrate sans histoire va rencontrer l'amour avec une frondeuse caractérielle avant de se rendre compte (mais si peu !) qu'il est tributaire d'une société aliénante.  Foisonnant, exubérant, décalé, cauchemardesque, grave, hilarant, romanesque, cruel, Brazil nous jette à la face toute une palette d'émotions contradictoires afin de mieux mettre en exergue le caractère dérisoire d'un futur aussi nocif que blafard. Oeuvre visionnaire habitée par la névrose, la paranoïa et la schizophrénie, Brazil est une peinture au vitriol de nos sociétés modernes déshumanisées, là où la bureaucratie et le capitalisme ont finit par imposer leur hégémonie. Individualistes, privés de sentiments car automatisés par leur paperasse qu'ils impriment à l'aide de machines à écran, les travailleurs de cette mégalopole rétro futuriste ont finit par perdre toute notion de sédition, de raisonnement et de réflexion.


Et ce avec une singularité sans égale du parti-pris formel de Terry Gilliam en pleine possession de son imagination lunaire. A l'exception toutefois des terroristes perpétrant leurs exactions meurtrières dans les restaurants bondés d'une clientèle décatie (mais rafistolée au scalpel chirurgical !) et de quelques insurgés tel ce plombier casse-cou venu prêter main forte à notre duo d'amants. Chargé de décors cafardeux par ses immenses entreprises bétonnées et ses foyers aménagés de conduits et tuyauteries gargantuesques tous azimuts, c'est un périple cauchemardesque que nous dépeint Terry Gilliam à travers le cheminement d'un fonctionnaire avide d'évasion et de romance. Quotidiennement réfugié dans ses rêves édéniques, c'est uniquement par le biais du fantasme qu'il parvient à s'échapper de cette dictature. Jusqu'au jour où la chimère devient réalité par l'entremise de Jill Layton, une frondeuse impétueuse préalablement habituée à vivre en autonomie. Outre son architecture visuelle héritée de l'expressionnisme et des années 30 (notamment la tenue vestimentaire des bureaucrates) et son sens caustique d'une dérision cruelle, la force du récit émane du contraste établi entre les délires fantaisistes du bureaucrate plongé dans une aventure illusoire et la gravité des situations réelles laissant transparaître une amertume profondément cruelle (l'épilogue reste à ce titre implacable à travers son refus de rédemption !).


Le Jour des Fous

Parfois épuisant à suivre de par sa folie progressive en crescendo, Brazil s'avère peut-être trop généreux à travers son trop plein d'imagination et son panel d'émotions éclectiques afin d'y dénoncer avec une fulgurance inégalée une propagande fasciste. Pour autant, cette sarabande inscrite dans l'exubérance en roue libre et le dépaysement claustrophobe insuffle une grande émotion auprès de son vibrant plaidoyer pour la liberté, hymne désespéré au rêve, à l'évasion (bel hommage au cinéma d'antan par ailleurs) et à l'amour. Une oeuvre unique, d'utilité publique, à revoir absolument au fil de notre évolution existentielle cyclique. 

*Bruno Matéï
13.05.22. 4èx

1 commentaire:

  1. Chef d’œuvre absolu en ce qui me concerne!!
    Je serais assez curieux de voir la version “Love Conquers All” de 94 minutes, remontée par le studio, avec toutes les modifications refusées par Gilliam.
    La version est dispo chez Criterion. J'ai le coffret mais malheureusement, personne ne s'est encore attaqué aux sous-titres :(

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