vendredi 15 août 2014

Montclare: Rendez-vous de l'horreur / Next of Kin. Licorne d'Or, Rex de Paris.

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Facebook via Le Chat qui fume

de Tony Williams. 1982. Australie/Nouvelle-Zélande. 1h29. Avec Jackie Kerin, John Jarrat, Alex Scott, Gerda Nicolson, Charles McCallum, Bernadette Gibson.

Sortie salles France: 30 Avril 1986

FILMOGRAPHIE: Tony Williams est un réalisateur, scénariste et producteur né en 1942 en Nouvelle-Zélande. 1978: Solo. 1982: Montclare: Rendez-vous de l'horreur. 2013: A Place Called Robertson.


En plein âge d'or du Fantastique Australien qui aura vu déferler des premières oeuvres aussi originales et poétiques qu'audacieuses (Harlequin, Les voitures qui ont mangé Paris, Long Week-end, Picnic à Hanging Rock, La Dernière Vague), voires carrément révolutionnaires (Mad Max 1 et 2), Next of Kin vient s'ajouter au palmarès tant Tony Williams se porte en véritable auteur pour renouveler le thème de la demeure hantée lors d'une mise en image quasi expérimentale. Pour les fans indéfectibles, les multiples visionnages ont beau s'accumuler, Next of Kin perdure son pouvoir d'envoûtement au point que l'on replonge dans les mailles de sa machination avec la trouble impression de le découvrir pour la première fois, à moins de le discerner sous une autre interprétation. Le pitchAprès la lecture du testament de sa mère décédée, Linda se voit léguer sa maison de retraite Montclare afin d'assurer la relève. Le soir, d'étranges bruits et incidents domestiques l'importunent rapidement, quand bien même le corps d'un des pensionnaires est retrouvé noyé dans sa baignoire. En lisant le journal détaillé de sa mère, elle se rend compte que son récit inexpliqué semble se répéter, les évènements relatés correspondant exactement à ce qu'elle endure actuellement. 


Dédié à l'atmosphère gothique d'une maison de retraités imprégnée de silence diffus et théâtre de découvertes macabres, Next of Kin impose un cinéma fantasmagorico-baroque. A l'instar des cauchemars nocturnes que l'héroïne nous matérialise à renfort de souvenirs infantiles (les apparitions de la fillette accompagnée d'un ballon rouge) ou de visions macabres de vieillards décaties (des effets de "ralenti" permettant d'insuffler une poésie morbide lorsque l'eau s'avère la conséquence de leur état tuméfié). Les nuances dominantes de "rouge" et de "sépia" formant souvent une stylisation baroque de par l'architecture de la bâtisse qu'une caméra ultra maniable transcende de virtuosité (notamment ces travellings aériens vertigineux). Ainsi, sous couvert d'un éventuel cas de hantise, Tony Williams exploite son potentiel anxiogène avec autant d'efficacité que de subtilité, notamment par la présence de ces vieillards à la mine renfrognée. Pourtant, si l'intrigue fondée sur la rancune meurtrière s'avère somme toute simpliste, la manière dont le cinéaste tisse les ficelles et exploite sa mise en scène scrupuleuse engendre instinctivement un climat ensorcelant. De par son suspense admirablement maintenu où le pouvoir de suggestion insuffle des sommets d'acuité qui ira pourtant se contredire avec l'explosion de violence finale ! Or, lors de son action brutale, le cinéaste ne remédie pas à la facilité d'une imagerie sanglante (ou alors si peu) et continue d'exposer une fulgurance visuelle en harmonie avec son tempo musical. Si la puissance du score métronomique de Klaus Schulze y est donc pour beaucoup, l'interprétation de l'étonnante Jackie Kerin l'est toute autant ! Contrastant avec le naturel de son physique blême, l'actrice réussit à nous impliquer dans son désarroi et ses questionnements avec pudeur puis ensuite bravoure d'ultime ressort.


Chef-d'oeuvre incontesté du fantastique insolite où la thématique de la demeure hantée n'était qu'un leurre afin de mieux nous piéger, Next of Kin est une expérience atypique avec l'étrange. Un moment d'angoisse éthérée, l'effet de suggestion atteignant ici des sommets d'intensité émotionnelle parmi la psyché tourmenté de son héroïne perdue au milieu de nulle part. Grâce à l'incroyable maîtrise de sa réalisation chiadée  et de sa beauté formelle (notamment le soin accordé à la photographie et aux éclairages naturels), Next of Kin peut rejoindre sans rougir les clefs de voûte de la demeure oppressante. A savoir: La Maison du Diable, Trauma, Les Innocents, Ne vous retournez pas (pour la cartographie de la ville de Venise), le Cercle Infernal, l'Enfant du Diable.

*Bruno
27.06.23. 5èx

Récompenses: Licorne d'Or et Prix de la Meilleure Musique au Festival du film Fantastique du Rex à Paris, 1983.
Prix de la mise en scène, Sitges.

                                     

2 commentaires:

  1. D'une lenteur fascinante, avec une montée progressive vers quelque chose d'indicible mais cependant surprenant surtout dans sa finalité, un film fantastique atmosphérique d'une beauté glaciale, pour un grand prix mérité ! d'accord comme souvent avec ton analyse ! et juste une chose bruno, un film qui n'a rien a voir mais que tu te dois absolument de découvrir si ce n'est deja fait et que je viens de poster tant mon enthousiasme apres l'avoir vu y'a deux semaines, me conforte egalement dans la qualité du cinéma de genre espagnol, en particulier avec ce drame qui m'a emporté littéralement par son portrait magnifique sur l'enfance avec "Cria cuervos", car connaissant tes gouts de cinéphile qui aime la variété dans ses choix, je ne peux imaginer que tu y restes insensible et que tu n'aies envie d'en faire une critique ds la minute comme moi, surtout qu'on y retrouve encore une fois la performance expressive et habitée apres "l'esprit de la ruche" de la gamine actrice surdouée de l'époque, Anna Torrent, mais aussi un scénario d'une justesse bouleversante dans le traitement sur les personnages, en particulier les enfants, ainsi qu'une touche fantastique a travers l'imagination de la petite Anna Torrent tres touchante qd elle reinvente le passé.

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  2. Jamais vu ce "cria cuervos" mais je te crois sans hésitation

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