jeudi 11 septembre 2014

LA TOMBE DE LIGEIA (The Tomb of Ligeia)

                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

de Roger Corman. 1965. U.S.A. 1h21. Avec Vincent Price, Elizabeth Shepherd, John Westbrook, Derek Francis, Oliver Johnston, Richard Vernon.

Sortie salles France: 18 Décembre 1968. U.S: 20 Janvier 1965

FILMOGRAPHIE: Roger Corman est un cinéaste américain, né le 5 avril 1926 à Détroit, Michigan
1955: Day the World Ended. 1956: It's Conquered the World. 1957: Rock all Night. 1957: l'Attaque des Crabes Géants. 1957: Not of this Earth. 1957: Vicking Women. 1957: The Undead. 1958: War of the Satellites. 1958: She-Gods of Shark Reef. 1958: Swamp Women. 1958: Teenage Caveman. 1958: Mitraillette Kelly. 1959: Un Baquet de Sang. 1960: La Petite Boutique des Horreurs. 1960: La Chute de la Maison Usher. 1961: Ski Troop Attack. 1961: La Chambre des Tortures. 1961: Atlas. 1962: The Intruder. 1962: l'Enterré Vivant. 1962: l'Empire de la Terreur. 1962: La Tour de Londres. 1963: Le Corbeau. 1963: La Malédiction d'Arkham. 1963: l'Horrible cas du Dr X. 1963: l'Halluciné. 1964: Le Masque de la Mort Rouge. 1964: l'Invasion Secrète. 1965: La Tombe de Ligeia. 1965: Not of this Earth. 1966: Les Anges Sauvages. 1967: l'Affaire Al Capone. 1967: The Trip. 1970: Bloody Mama. 1971: Gas-s-s-s. 1971: Le Baron Rouge. 1990: La Résurrection de Frankenstein.


"Les frontières de la vie et de la mort ne peuvent être au mieux qu'indécises et vagues. Qui dira l'endroit où s'arrête l'une et où commence l'autre ?". Poe.
Huitième et dernière adaptation d'un récit d'Edgar Poe chez Corman, la Tombe de Ligeia est sans doute son oeuvre la plus subtile et aboutie en matière de stylisme et d'énigme tortueuse où l'amour fou s'harmonise avec la hantise d'une possession morbide. Alors qu'il vient de perdre son épouse Ligeia, Verden Fell reste persuadé qu'elle est encore en vie puisque sa ferme volonté était de surpasser la mort par sa passion pour l'existence. Quelques jours après son enterrement, il rencontre une charmante inconnue ressemblant étrangement à sa défunte, Lady Rowena. Une étrange relation naît entre eux sachant que Verden adopte un comportement des plus versatile. 


D'une beauté plastique singulière dans son univers gothique d'abbaye en ruine et de sculptures égyptiennes ornant une des pièces du château, La Tombe de Ligeia se pare d'une ambition baroque pour nous séduire. Etrange et inquiétant, l'atmosphère que Roger Corman façonne assidûment s'avère d'une sensualité morbide autour de la présence d'une nouvelle épouse victime de persécutions. Que ce soit parmi l'hostilité d'un chat redoutablement agressif, du comportement interlope de son amant ou de l'aura invisible de Ligeia. Si le rythme latent du récit peut rebuter certains spectateurs, son cheminement narratif laisse planer un suspense sous-jacent où le sentiment d'inquiétude est subtilement diffus par l'entremise de Rowena. En empruntant les thèmes de l'amour, de la folie, de la réincarnation, de la vie et de la mort, le cinéaste nous conte un magnifique poème sur le refus de mourir et la peur de l'oubli du point de vue du défunt. Ligeia est-elle revenue d'entre les morts pour persécuter la nouvelle maîtresse de son ancien époux, Rowena en est-elle sa réincarnation ou s'agit-il d'une horrible machination ? La vérité cinglante éclatera lors d'un final mémorable car truffé de rebondissements et savamment pensé, là où le pouvoir de l'amour et celui de la mort fricotent communément parmi l'allégeance d'un chat et parmi la démence d'une victime. Affublé d'une paire de lunettes noires car trop sensible à la lumière du jour, Vincent Price adopte une posture extravagante et ne cesse de jouer avec l'ambiguïté de son caractère lunatique. Victime ou coupable, son interprétation s'avère autrement plus raffinée que celles du Masque de la mort rouge et de la Chute de la maison Usher. Secondé par Elizabeth Shepherd, elle lui partage la vedette avec une élégance candide en traînant d'un pas hésitant une silhouette soyeuse au sein du château. A eux deux, ils forment un tandem plutôt austère dans leur ligne de conduite nébuleuse et leur relation d'affection en voie de perdition. 


Cette fascination exercée par le pouvoir du mal et la hantise de la mort, La Tombe de Ligeia l'exploite avec suggestion et intelligence d'un scénario retors. D'un esthétisme aussi baroque que fulgurant, il s'agit sans doute de l'oeuvre la plus trouble dans la carrière de Corman pour son surnaturel éthéré où la vie et la mort ne cessent de se disputer la mise.

Dédicace à Berangere Soustre De Condat-Rabourdin
Bruno Matéï
3èx

La critique du Masque de la mort rouge: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/10/le-masque-de-la-mort-rouge-masque-of.html
La critique de la Chute de la maison Usher: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/09/la-chute-de-la-maison-usher-house-of.html

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