mercredi 29 octobre 2014

FRANKENSTEIN

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site luxedb.com

de James Whale. 1931. U.S.A. 1h11. Avec Boris Karloff, Colin Clive, Mae Clarke, John Boles, Edward Van Sloan, Dwight Frye.

Sortie salles France: 17 Mars 1932. U.S: 21 Novembre 1931

FILMOGRAPHIE: James Whale est un réalisateur américain, né le 22 Juillet 1889 à Dudley en Angleterre, décédé le 29 Mai 1957 à Hollywood, Los Angeles.
1930 : La Fin du voyage (Journey's End). 1930 : Les Anges de l'enfer. 1931 : Waterloo Bridge.
1931 : Frankenstein. 1932 : Impatient Maiden. 1932 : Une soirée étrange (The Old Dark House)
1933 : The Kiss Before the Mirror. 1933 : The Invisible Man. 1933 : By Candlelight. 1934 : One More River. 1935 : La Fiancée de Frankenstein (Bride of Frankenstein). 1935 : Remember Last Night. 1936 : Show Boat. 1937 : The Road Back. 1937 : Le Grand Garrick (The Great Garrick)
1938 : Port of Seven Seas. 1938 : Sinners in Paradise. 1938 : Wives Under Suspicion. 1939 : L'Homme au masque de fer (The Man in the Iron Mask). 1940 : L'Enfer vert (Green Hell). 1941 : They Dare Not Love. 1942 : Personnel Placement in the Army. 1950 : Hello Out There.


"On dit souvent que la Fiancée de Frankenstein est un meilleur film, mais il y a quelque chose de pur par rapport à l'original. C'est comme explorer un territoire où l'homme n'est jamais allé. L'austérité de la mise en scène et l'absence de musique en font une expérience très onirique. Bien sûr, l'artificialité du film est très prononcée, avec ces studios visibles et une direction artistique évidente, mais je vois une pureté romantique dans son approche de l'horreur. Et bien sûr, la performance de Karloff est phénoménale. Je pense qu'il s'agit de la meilleure version de Frankenstein, même s'il en existe des plus opulentes et des plus complexes. C'est amusant, pendant longtemps, La Fiancée de Frankenstein a été mon épisode favori. Les goûts évoluent, et j'ai fini par embrasser la simplicité de l'original." Joe Dante.

Film mythique s'il en est, inaugurant l'âge d'or de la Universal et tous ces monstres qui prendront le relais, Frankenstein reste le chef-d'oeuvre incontournable du genre sachant qu'aucun cinéaste ni comédien notoire n'ont réussi à le surpasser 80 ans après sa sortie ! Exception faite peut-être avec la série Penny Dreadful transcendant avec souci de réalisme l'intense dramaturgie de la créature réduite au désarroi de la solitude ! Outre l'idée singulière empruntée au roman de Mary Shelley, c'est à dire créer un être vivant à partir de morceaux de corps humains récupérés sur les cadavres de sépulture, Frankenstein puise sa force d'évocation dans l'interprétation de Boris Karloff épaulée des maquillages de Jack Pierce. Pourvu d'une taille imposante, d'une démarche hésitante, d'un front carré et d'un regard abattu, l'acteur se fond dans la carrure du monstre avec une intensité troublante par ses expressions de terreur ou de compassion.


Sur ce dernier point, personne ne peut oublier la séquence intime qui voit le monstre batifoler avec une fillette avant qu'un drame inéluctable ne vienne ternir leur relation amicale. Spoiler ! Persuadé qu'elle puisse flotter à la manière des nénuphars de l'étang, il s'empressera de la jeter dans l'eau sans connaître les conséquences tragiques d'un acte aussi inconscient. Fin du Spoiler. La force dramatique du récit émane justement de sa caractérisation en quête identitaire et de paternité car ne sachant différencier le Bien du Mal depuis sa brutale résurrection. Qui plus est, avec le cerveau d'un ancien criminel, la créature extériorise des pulsions de haine face à l'autorité de l'homme incapable de comprendre son désarroi dans sa position martyrisée ! A travers sa condition d'estropié par la mégalomanie du savant (Colin Clive semble littéralement habité par la folie dans son regard monolithique !), James Whale aborde le sens de la responsabilité parentale et celui de l'éducation lorsque l'innocence se retrouve destituée de soutien et de personnalité. Spoiler ! Pourchassé par les villageois comme un vulgaire criminel depuis la découverte macabre de la fillette, il s'enfuit désespérément dans la forêt, tel un enfant apeuré par la folie vindicative, avant de trouver refuge dans un moulin rapidement incendié. Fin du Spoiler.


Oeuvre charnière pour le genre horrifique, Frankenstein puise sa densité dans l'originalité d'un pitch mettant en exergue la dimension humaine d'une créature livrée à l'intolérance et l'instinct violent de l'homme. Baignant dans un noir et blanc aux éclairages crépusculaires et entièrement dénué de musique, la forme adopte une ambiance baroque que la prestance exceptionnelle de Karloff va renforcer avec symbolisme. 

Bruno Matéï
3èx

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