jeudi 9 octobre 2014

UNE FEMME SOUS INFLUENCE (A Woman Under the Influence)

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site gallerytheimage.com

de John Cassavetes. 1974. U.S.A. 2h17. Avec Gena Rowlands, Peter Falk, Fred Draper, Lady Rowlands, Katherine Cassavetes, Matthew Laborteaux, Matthew Cassel, Christina Grisanti.

Sortie salles France: 20 Septembre 1974. U.S: 14 Avril 1974.

FILMOGRAPHIE: John Cassavetes est un réalisateur, scénariste et acteur américain, né le 9 Décembre 1929 à New-York, décédé le 3 Février 1989 à Los Angeles.
1959: Shadows. 1961: Too late blues. 1963: Un Enfant attend. 1968: Faces. 1970: Husbands. 1971: Minnie et Moskowitz. 1974: Une Femme sous Influence. 1976: Meurtre d'un bookmaker chinois. 1978: Opening Night. 1980: Gloria. 1984: Love Streams. 1985: Big Trouble.


Drame conjugal d'une intensité rigoureuse, Une Femme sous Influence traite de la crise au sein du couple lorsqu'une mère de trois enfants finit par sombrer dans la démence. Mariée à un contre-maître beaucoup plus présent sur le chantier qu'au foyer, Mabel finit par perdre pied avec sa réalité, faute d'une solitude trop lourde à gérer malgré la compagnie insolente de ses charmants bambins. Sans oser dévoiler à son mari sa réticence d'accepter au foyer ses collègues de chantier pour un dîner amical, Mabel réveille l'inconscience de sa rancoeur en adoptant l'attitude d'une femme effrontée aux penchants alcooliques.    


Spécialiste du cinéma-vérité, John Cassavetes nous autopsie l'intimité d'un couple à la manière d'un documentaire pris sur le vif. Sa mise en scène méticuleuse auscultant les tourments des amants devant le témoignage familial avec une indiscrétion dérangeante. Car dévoués corps et âme pour retranscrire leurs émotions, les comédiens vivent plus qu'ils ne jouent leur expérience humaine sans jamais faire preuve de pathos tape à l'oeil. Il faut dire que dans le rôle de Mabel, Gena Rowlands livre une interprétation viscérale aussi vertigineuse qu'éprouvante dans sa difficile convalescence à s'extraire de sa névrose. Bouleversante car sidérante de fragilité névralgique, l'actrice retransmet une telle vérité humaine que l'on éprouve le même malaise que les protagonistes observant de manière impuissante sa déchéance mentale. Dans la peau d'un époux renfrogné trop irascible car agissant souvent sous l'impulsion avant de réfléchir, Peter Falk parvient à lui donner la réplique avec autant d'intensité dans sa posture de machiste lourdement contrarié. Un prolétaire courageux plutôt respecté par son entourage et débordant d'amour envers son épouse mais sur la réserve lorsqu'il s'agit de lui communiquer ses sentiments ou lui offrir l'aplomb nécessaire afin d'assainir sa conduite morale. Etalé sur une durée de 2h27, cette confrontation rigoureuse d'un couple en perdition est entièrement dédiée à leur fracture psychologique alors que les témoignages amicaux et familiaux se contraignent de les soutenir en tant que simples spectateurs.


Drame intimiste d'un couple en crise identitaire, Une Femme sous Influence dresse l'introspection d'une femme fragile de sa condition désaxée et nous dévoile les conséquences de la solitude et de l'incommunicabilité lorsque deux amants atrabilaires sont incapables de canaliser leurs émotions.
Un grand moment de cinéma-vérité porté par un réalisateur en acmé et un acte d'amour alloué à un duo de comédiens hors-pair !


Bruno Matéï
3èx

2 commentaires:

  1. Bonjour Bruno,
    Parler d'un tel chef-d'oeuvre de bon matin n'est pas si évident. L’interprétation de G. Rowlands est sidérante, la voir habiter le rôle de cette façon fait presque froid dans le dos. Quant à la mise en scène de son Johnny de mari, elle est immersive au possible, résultat inespéré de sa singulière méthode de travail. J'aime beaucoup Faces et Husbands également.
    A + Bruno desperado ! Bons Films !

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  2. Lol pour le clin d'oeil ! A plus Laurent ;)

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