lundi 8 décembre 2014

LA MERDITUDE DES CHOSES (De helaasheid der dingen)

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Felix van Groeningen. 2009. Belgique/Hollande. 1h48. Avec Kenneth Vanbaeden, Koen de Graeve, Johan Heldenbergh, Valentijn Dhaenens, Wouter Hendrickx, Gilda De Bal, Bert Haelvoet.

Sortie salles France: 30 Décembre 2009. Belgique: 7 Octobre 2009

RécompensesAmphore d'or au Festival de Quend du film grolandais, 2009. 
Prix Art et Essai de la CICAE, Festival de Cannes, 2009. 
Meilleur Film, Meilleur Scénario, Meilleur Acteur, Meilleur Acteur de second rôle, Meilleur Espoir, Prix du Public au Prix du Cinéma Flamand, 2010. 
Coup de coeur du Jury Lycéen, Festival Les Enfants du Cinéma (Ardennes), 2011. 

FILMOGRAPHIE: Felix van Groeningen est un réalisateur belge flamand, né à Gand en 1977.
2000: 50CC. 2004: Steve + Sky. 2007: Dagen zonder lief (des jours sans amour). 2009: La Merditude des Choses. 2012: The Broken Circle Breakdown


Déjà responsable de l'électro-choc Alabama Monroe, récompensé en 2014 de l'Oscar du Meilleur Film EtrangerFelix van Groeningen avait déjà montré ses preuves de cinéaste talentueux trois ans au préalable avec La Merditude des choses. Un drame social plutôt glauque dans la peinture marginale adressée à une famille de chômeurs englués dans l'ennui et l'alcool. Le jeune Gunther Strobbe tente de se faire une place au sein de sa famille, entre les beuveries de son père et de ses oncles quotidiennement fourrés dans les bars, et parmi le témoignage impuissant de sa grand-mère. Comment cristalliser alors une adolescence équilibrée et cultivée dans un environnement aussi malsain où les hystéries collectives, les violences verbales et physiques, les grossièretés et les états d'ébriété font partie de son morne quotidien ? 


Alternant tranches de vie du passé et du présent, La Merditude des Choses évoque avec un réalisme cru, pour ne pas dire jusqu'au-boutiste, l'itinéraire incertain d'un adolescent paumé co-existant dans une cellule familiale en déliquescence sociale. Outre la structure avisée du récit prenant soin de décrire les états d'âme fragilisés du jeune Gunther et de brosser le caractère besogneux de chacun des parents, l'intensité qui s'y dégage émane de leurs comportements erratiques à s'y brûler les ailes. Époustouflants de naturel avec leur trogne tuméfiée et leur dégaine ventripotente, les comédiens s'avèrent incroyablement expressifs pour insuffler un humanisme en perdition, entre sentiments de révolte et d'impuissance. Car victimes de leur condition rétrograde et d'une sévère accoutumance à l'alcool, c'est avec la fierté de leur patronyme qu'ils décident de survivre dans une solidarité inconsciente de débauche. Au milieu de ces machistes incultes se vautrant dans la médiocrité, Gunther (Kenneth Vanbaeden s'avère touchant d'innocence et de naïveté dans sa condition infantile) observe leurs effronteries grossières, entre rire amusé, sourire gêné et lassitude grandissante. Victime de désaffection et de déconsidération, notamment envers le corps scolaire, mais épris d'un regain de conscience, c'est avec le soutien de sa grand-mère et d'une assistante sociale qu'il va tenter de modifier son parcours pédagogique afin de concrétiser une destinée plus optimiste. Advenu à son tour adulte quelques années plus tard pour devenir un potentiel écrivain et papa d'un enfant, aura-t'il la maturité responsable de faire face au statut paternel et aura t-il la constance professionnelle de parvenir à son rêve ? En brassant les thèmes de l'exclusion, de l'immaturité, du chômage, des ravages de l'alcool, de l'influence de l'entourage et de la démission parentale, Felix van Groeningen nous ausculte un drame social d'une incroyable verdeur dans la peinture de ces laissés-pour-compte auquel l'émotion poignante et rigoureuse vient nous alpaguer de manière aléatoire. 


Dur, cruel, poignant, bouleversant, La Merditude des Choses s'avère aussi dérangeant qu'éprouvant lorsqu'il nous retranscrit avec gravité et tendresse la quotidienneté d'une famille déshéritée dans les bas-fonds d'un village flamand. Sans misérabilisme et avec souci de vérité, Felix van Groeningen pose la question essentielle de la responsabilité parentale tout en évoquant les conséquences de la postérité d'un enfant ayant évolué dans un milieu familial aussi dépravé. Ode à l'espoir, au courage à l'amour et à la persévérance, un film coup de poing d'une intensité émotionnelle névralgique !

La critique d'Alabama Monroe: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/01/alabama-monroe-broken-circle-breakdown.html

Remerciement à Dany Dumont et Jennifer Winter
Bruno Matéï

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