lundi 15 décembre 2014

REVEIL DANS LA TERREUR (Wake in Fright/Outback)

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site allstarvideo.blogspot.com

de Ted Kotcheff. 1971. Australie. 1h54. Avec Donald Pleasance, Gary Bond, Chips Rafferty, Sylvia Kay, Jack Thompson, Peter Whittle, Al Thomas, John Meillon, John Armstrong.

FILMOGRAPHIE: Ted Kotcheff est un réalisateur, producteur, acteur et scénariste canadien d'origine bulgare, né le 7 avril 1931 à Toronto (Canada).
1971: Réveil dans la Terreur. 1974: l'Apprentissage de Duddy Kravitz, 1978: La Grande Cuisine, 1982: Rambo, 1983: Retour vers l'Enfer, 1988: Scoop, 1989: Winter People, Week-end at Bernie's, 1992: Folks !


Film méconnu resté invisible pendant des décennies mais néanmoins sorti chez nous en Vhs sous le titre Savane et plus récemment dans nos salles, Réveil dans la Terreur retrace le périple impossible d'un instituteur pour rejoindre Sydney lorsqu'il décide de faire escale dans une petite bourgade australienne. Au fil de ses rencontres amicales dans divers bars miteux, il finit par se laisser entraîner dans moult beuveries et une étreinte sentimentale jusqu'à l'improvisation d'une chasse aux kangourous. 


Road movie au vitriol sous le soleil écrasant d'une cité minière australienne, Réveil dans la Terreur est une invitation au bout des ténèbres, l'introspection de la dépravation humaine sous l'oeil complice d'un touriste respectable. A la manière d'After Hours de Scorsese, Ted Kotcheff utilisant la bonhomie de son héros afin de le confronter à un concours de circonstances désastreuses pour sa propre morale ! Celles de l'influence sympathique d'une bande d'alcoolos noyés dans leur médiocrité. Ce qui frappe dans la déliquescence humaine de ce solitaire en perdition, c'est la manière sensitive dont son auteur s'y emploie pour infiltrer le malaise par le biais d'une réalisation documentée, d'un climat presque surréaliste et de la spontanéité de comédiens en roue libre (Donald Plesance et Gary Bond insufflant un jeu viscéral dans leur complicité faussement affable !). L'omniprésence de la bière coulant à flot, le tableau mesquin imparti à ces trognes mal rasées et la place inconsidérée de la femme réduite à l'isolement laissent distiller une atmosphère suffocante et oppressante devant le témoignage impuissant de l'instituteur. Tour à tour confrontés à leurs beuveries quotidiennes car n'ayant pas la virilité pour refuser un verre, il finira par céder à l'euphorie de l'ébriété après avoir été endoctriné par leurs bas instincts. Outre son constat social sur la régression, la précarité, l'avilissement de l'alcoolisme et l'influence de l'effet de groupe, Réveil dans la Terreur se porte notamment en défenseur de la cause animale lorsqu'il s'attarde à souligner les effets pervers (le plaisir de tuer dans une ferveur communicative !) d'une chasse aux kangourous ! 


Bad-trip insolite faisant office d'ovni quasi expérimental, Réveil dans la Terreur improvise la journée en enfer d'un aimable citoyen perdant peu à peu ses facultés intellectuelles et humaines face à l'influence de mauvaises rencontres. Déstabilisant, malsain, hyper réaliste et parfois éprouvant, nous sortons de la séance avec le sentiment aigri d'avoir été ébranlé par une méchante gueule de bois.  

Dédicace à Adrien Pennequin
Bruno Matéï

5 commentaires:

  1. voila un moment que j’attends ce "Wake in Fright" ... c'est bien parce que c'est toi , que j'ai bien voulu lire cette chro , car en règle générale quand j’attends avec grande impatience je m'efforce d'en lire le moins possible (déjà pour éviter les risques de spoiliage ) , c'est mon coté solitaire , guerrier de la route (rien a voir en fait , mais quant a parler impatience et outback... ); tu confirme donc mon impatience avec cet engouement dont je commence a bien ressentir le mécanisme , d'autant plus que vraisemblablement nous sommes tout deux portés sur le kangourou (l'animal !) l'outback et le boomerang , et la ou il y a de l’aborigène , il peut il avoir du plaisir et de la violence .
    pour info la semaine derniere ted kotcheff en personne est revenu (son coté boomerang ..) dans l'émission tracks sur arte , sur les conditions de tournage et sur les coulisse de ce "wake..." :court mais captivant !
    bon , sinon , ta chronique excellente comme d'hab .
    sinon rappelle moi a quelle heure tu as prévu d'aller voir mad max fury road , en mai 2015 ???

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  2. Lol, excellent ton comm Ingloriusfunny ! Le 13 Mai 2015, je serais dans une salle de ciné du Kinepolis de Lomme, à moins que ce ne soit soit celle du Pathé Liévin à 14h ! Sans compter que vers 18h, je déposerais mon bilan ici !
    Merci Inglorius ! ^^

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  3. bon , ben je vais essayer de trouver un vol pour l'avant première aux states ou une pirogue pour l'Australie ...seule chance que j'ai de ne rien lire avant , a moins d'être frappé de cécité foudroyante , ce qui de toute façon me desservirait pour mater le film .
    tiens rien a voir mais je viens d'entendre un flash info sur LCI , une étrange histoire de météorite , qui tomberai coté nord , vers le pas de calais , au alentour d'avril mai ...
    d'ailleurs je vois pas pourquoi je parle de ca , moi tiens ...hors sujet donc

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  4. tu l'as vu en salle alors ? moi j'inspecte minutieusement les programmes des cinés par chez moi en attendant

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  5. Non Laurent, je l'ai vu grâce au ciné-club de l'antre

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