vendredi 29 août 2014

La Mariée Sanglante / La Novia Ensangrentada

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

de Vicente Aranda. 1972. Espagne. 1h42 (version intégrale). Avec Simon Andreu, Maribel Martin, Alexandra Bastedo, Dean Selmier, Angel Lombarte.

Sortie salles : 12 Février 1975

FILMOGRAPHIE: Vicente Aranda est un réalisateur et scénariste espagnol, né le 9 Novembre 1926 à Barcelone. 1969: Les Cruelles. 1972: La Mariée Sanglante. 1984: A coups de crosse. 1986: Tiemp de silencio. 1987: El Lute, marche ou crève. 1991: Amants. 1993: Intruso. 1994: La Passion turca. 1995: Lumière et Compagnie. 1996: Libertarias. 1998: La mirada del otro. 1999: Celos. 2001: Juana la Loca. 2003: Carmen. 2006: Tirant le Blanc. 2007: Lolita's Club.


Trésor ibérique exhumé de l'oubli par l'éditeur Artus Films, La Mariée Sanglante s'inspire d'un roman de Cheridan Le Fanu pour traiter du vampirisme, entre singularité et audace. On est d'abord frappé par la beauté de ces images oniriques sublimant une nature paisible et les monuments de pierre, quand bien même l'apparence soyeuse des héroïnes se charge d'une aura érotico-sensuelle. Les couleurs du mauve, du vert et du blanc se complétant à merveille pour styliser leur présence quasi surnaturelle. En parallèle, et avec défiance pour l'époque, le cinéaste saupoudre par intermittence des moments horrifiques parfois très sanglants (le rituel d'un arrachage de coeur durant un songe de Susan) dont la poésie morbide nous rappelle les excès esthétiques d'Argento à son apogée. Ainsi, en abordant les thèmes du sadomasochisme, de la phallocratie, du saphisme et du féminisme, Vicente Aranda construit un récit de prime abord abscons et tortueux pour mieux nous égarer face aux persécutions qu'une jeune mariée témoigne durant ses nuits de cauchemar. Car à peine emménagée dans le manoir de son époux, châtelain plus âgé qu'elle n'hésitant pas à lui infliger des jeux sexuels particulièrement cruels, Susan est hantée par l'emprise d'une mystérieuse Carmilla ! Régulièrement, durant ses sommeils, elle se voit contrainte d'assassiner son époux à l'aide d'un poignard affûté. Un peu plus tard, elle apprendra d'ailleurs qu'une ancêtre de son mari avait sauvagement tué son conjoint dans la même tradition. 


Quelques jours plus tard, aux abords d'une plage, le mari de Susan fait la rencontre d'une étrange inconnue ensevelie sous le sable. Souffrante d'amnésie, il décide de l'accueillir chez elle afin de lui prêter main forte. Rapidement, une étrange relation d'affection et de cohésion naît entre les deux femmes, quand bien même Susan est de plus en plus persuadée qu'il s'agit bien de la Carmilla de ses rêves ! Ce bref résumé jouant incessamment avec les notions de rêve et de réalité témoigne d'un intense pouvoir de fascination chez le spectateur embarqué Spoilerdans une liaison vampirique où deux lesbiennes vont s'unir amoureusement pour extérioriser leur haine auprès des hommes. Fin du Spoiler. En particulier ceux témoignant d'un goût masochiste pour la cruauté perverse que le mari de Susan et sa descendance ont acquis dans la tradition. Si la première moitié du récit nous laisse dans la confusion à savoir si Susan souffre véritablement d'hallucinations, Spoiler ! la seconde partie lève le voile sur l'identité de Carmilla et ses motivations avec l'entremise de sa nouvelle proie asservie par une morsure de vampire Fin du SpoilerOr, la manière originale dont Vicent Aranda structure son intrigue est d'autant plus déconcertante qu'il distille un climat d'étrangeté ensorcelant parmi l'érotisme candide de ces deux misandres. Quand au final en demi-teinte déployant une violence sanglante radicale, il laisse place à un rebondissement cynique quand à découvrir qui emportera la victoire entre les deux sexes.


Cauchemar éveillé faisant office de romance macabre parmi la beauté épurée de ses actrices, la Mariée Sanglante sous-tend une plaidoirie pour l'émancipation féminine lorsque le machisme primaire de l'homme laisse transparaître un goût douteux pour la violence perverse. Erotique et sensuel, trouble et vertigineux, baroque et parfois ultra sanglant (avec en sus une séquence anthologique toujours aussi bluffante), il empreinte le mythe du vampire avec autant d'esthétisme pictural que d'originalité scabreuse. L'une des pièces fondatrices du cinéma fantastique espagnol en somme.

Bruno 
23.04.23. 3èx

jeudi 28 août 2014

THE ROVER

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de David Michôd. 2014. Australie. 1h42. Avec Guy Pearce, Robert Pattinson, Scoot McNairy, Susan Prior, Anthony Hayes, David Field, Jamie Fallon.

Sortie salles France: 4 Juin 2014. U.S: 20 Juin 2014

FILMOGRAPHIE: David Michôd est un réalisateur australien.
2010: Animal Kingdom. 2014: The Rover.


Après s'être fait révélé par Animal Kingdom, un premier film déjà bien maîtrisé, le cinéaste australien David Michôd nous revient 4 ans plus tard avec un western post-apo sortant des sentiers battus. The Rover s'improvisant en odyssée funèbre que deux anti-héros vont parcourir à travers les étendues désertiques de l'Australie. Alors qu'il vient de se faire dérober sa voiture par un trio de malfrats, Eric n'a comme unique ambition de récupérer son bien, quand bien même au fil de son périple il rencontre l'un des frères du gang, Reynolds, grièvement blessé. Senti trahi, ce dernier décide de faire équipe avec l'inconnu pour l'aider à récupérer son véhicule et mettre la main sur son frangin. Oeuvre atypique baignant dans un climat de désolation cafardeux, The Rover nous plonge au sein d'un univers dystopique 10 ans après l'écroulement de l'Australie. C'est ce que nous annonce le générique d'ouverture sans savoir précisément ce qui a pu engendrer une situation économique aussi déplorable. Car dans cette contrée solaire en décrépitude, une poignée de survivants tentent encore de s'y faire une place quand bien même l'armée perpétue quelques missions afin de dénicher les malfrats les plus dangereux.


Outre son climat morose particulièrement palpable et la dissonance de sa partition inquiétante, The Rover frappe d'emblée par l'attitude ambiguë des protagonistes. Le cinéaste nous caractérisant des marginaux le plus souvent sans vergogne car livrés à leur indépendance et déshumanisés de leur existence miséreuse où l'engrenage de la violence leur portera de lourdes conséquences. A l'instar de notre anti-héros principal décrit comme un solitaire inflexible à l'agressivité incontrôlée car sévèrement marqué par un passé tragique. Son seul point d'attache, sa voiture qu'un trio a malencontreusement volé après l'embardée de leur camion. On est d'autant plus interloqué par l'immoralité d'Eric à assassiner froidement certains innocents pour la quête dérisoire d'un véhicule à essence. Spoiler !!! Néanmoins, son bien matériel nous révélera au final un secret d'ordre affectif qu'il s'était résigné à récupérer afin de respecter une tâche. Fin du SpoilerAvec l'intervention de Reynolds, un jeune adulte influent quelque peu déficient, Eric va réapprendre à le considérer, à lui trouver un regain d'empathie au fil de leurs confidences et de leur relation compromises par les ripostes ennemies. Contraints de s'entraider au sein de ce no man's land primitif, Eric improvise la figure paternelle pour soutenir la fragilité de Reynolds mais se dirigent d'un pas hésitant vers une destinée tragique par leur raisonnement vindicatif. Avec son scénario déroutant multipliant les situations impromptues d'altercations sanglantes envers rivaux sans vocation, The Rover sème la paranoïa et la désillusion jusqu'à l'apogée d'une confrontation dérisoire Spoiler !!! (la culpabilité d'Eric laissant transparaître en désespoir de cause une larme de remord !) Fin du Spoiler.


A History of Violence
Avec la prestance intense d'un duo d'acteurs burinés (en démarche de fantôme errant, Guy Pearce hypnotise l'écran d'un regard frigide, quand bien même Robert Pattinson, quasi méconnaissable, époustouffle dans sa fragilité de gamin désorienté), The Rover inflige la sinistrose d'une dystopie avec une dimension atmosphérique prégnante. Par le biais d'un schéma narratif complètement aléatoire, il ne cesse de dérouter et de surprendre pour mettre en exergue la responsabilité de la violence engendrant un règlement de compte irascible où l'innocence paiera une fois de plus le lourd tribut.    

Bruno Matéï

    mercredi 27 août 2014

    LES VAMPIRES DU DR DRACULA (La marca del Hombre-lobo)

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

    de Enrique Lopez Eguiluz. 1968. Espagne. 1h34. Avec Paul Naschy, Manuel Manzaneque, Dyanik Zurakowska, Aurora de Alba, Julian Ugarte, José Nieto.

    Sortie salles Espagne: 29 Juillet 1968

    FILMOGRAPHIE: Enrique Lopez Eguiluz est un réalisateur espagnol, né en 1930 à Madrid, décédé le 9 Mai 1997.
    1965: Pascualin. 1965: La Pandilla. 1966: En Andalucía nació el amor. 1966: Chantaje a un asesino.
    1968: Agonizando en el crimen. 1968: Les Vampires du Dr Dracula. 1970: El Santo contre les tueurs de la Mafia.


    Fer de lance de l'âge d'or du fantastique ibérique, Les Vampires du Dr Dracula inaugure notamment la première apparition du personnage de Waldemar Daninski endossé par Paul Naschy. Ancien catcheur et culturiste, cet acteur en pleine ascension se fera une spécialité à réinterpréter à l'écran son monstre favori, le loup-garou, durant une série de 12 films ! Inédit en salles en France mais aujourd'hui exhumé de l'oubli par l'éditeur Artus Films, Les Vampires du Dr Dracula est une aberration de tous les instants. Rien que le scénario improbable est à lui seul une plaisanterie au confins de la parodie. Frappé par la malédiction d'une morsure de loup-garou, le comte Waldemar Daninski sème la mort autour de lui mais se résigne à ne plus commettre d'exactions dès qu'il retrouve son apparence humaine. Pour cela, il fait appel à un ami et sa fiancée afin de le forcer à l'embrigader au fond d'une crypte. En dernier ressort, ils font tout de même appel à un illustre docteur et sa compagne pour tenter de le guérir de sa lycanthropie. Mais rien ne se déroulera comme prévu !


    Egalement attaché au poste de scénariste, Paul Naschy s'est sans doute inspiré d'un de ses films cultes de la Universal des années 30, j'ai nommé Frankenstein rencontre le loup-garou. Car à partir d'un pitch aussi rocambolesque que grotesque, il fait ici intervenir deux icônes de l'épouvante vintage, le loup-garou et le vampire, pour les voir finalement s'affronter lors d'un mémorable baroud d'honneur. Si dans la première partie, Waldemar Daninski joue le rôle d'un monstre assoiffé de sang et de violence, une pirouette scénaristique va l'amener à reconsidérer sa condition erratique de lycanthrope pour s'opposer à un ennemi particulièrement mesquin, un vampire hautain résigné à lui soutirer sa fiancée ! Bourré d'incohérences dans la réaction des personnages auquel les comédiens en font des tonnes pour provoquer émoi et élans de bravoure, Les Vampires du Dr Dracula entremêle des sous-intrigues saugrenues pour voir s'affronter à l'écran non pas un, mais deux loups-garous, quand bien même un couple de vampires y est invité pour semer leur contamination auprès des proches de Waldemar ! Ridicule et hilarant, à l'instar des dialogues ineptes que nos comédiens récitent avec le plus grand sérieux, le film réussit toutefois à nous apprivoiser par sa sincérité à nous offrir un spectacle aussi ludique que flamboyant ! Sur ce point, les Vampires du Dr Dracula s'avère une indéniable réussite esthétique n'ayant rien à envier aux travaux baroques de Mario Bava dans ces éclairages polychromes de toute beauté. Que ce soit l'architecture de l'intérieur du château, sa crypte poussiéreuse parfois chargée de néons rouges ou l'illustration nocturne d'une forêt azur, son gothisme raffiné et la rutilance de sa photographie engendrent souvent un onirisme éclatant !


    Une aberration filmique faisant office de miracle !
    Imbécile en diable et proprement aberrant dans son scénario fourre-tout, Les Vampires du Dr Dracula pallie ses nombreuses failles par une sincérité évidente, un amour immodéré à tailler un récit d'épouvante où se bousculent les monstres de notre enfance. La naïveté des comédiens gesticulant à tout va des comportements outrés et surtout l'onirisme insolite qui se détache de certaines séquences (la danse du vampire en amont d'une passerelle brumeuse pour attiser sa compagne) renforcent l'euphorie que nous procure généreusement ce nanar festif ! 

    Remerciement à Artus Films.
    Bruno Matéï

    mardi 26 août 2014

    Simetierre / Pet Sematary. Prix du Public, Avoriaz 1990.

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site team-hush.org

    de Mary Lambert. 1989. U.S.A. 1h43. Avec Dale Midkiff, Denise Crosby, Fred Gwynne, Miko Hughes, Brad Greenquist, Blaze Berdahl.

    Sortie salles France: 17 Janvier 1990. U.S: 21 Avril 1989

    FILMOGRAPHIE: Mary Lambert est une réalisatrice américaine, née le 13 Octobre 1951 à Helena, Arkansas (Etats-Unis). 1977: Rapid Eye Movements. 1987: Siesta. 1989: Bobby Brown his Prerogative (dtv). 1989: Simetierre. 1991: Grand Isle. 1992: Simetiere 2. 1994: Dragstrip Girl (télé-film). 1996: Le Visage du Mal (télé-film). 1997: Le Prix du Désir (télé-film). 1999: Clubland. 2000: In Between. 2000: Cercle Fermé. 2001: Strange Frequency (télé-film). 2001: Les Sorcières de Halloween 2 (télé-film). 2005: Urban Legend 3: Bloody Mary. 2008: The Attic. 2011: Mega Python vs. Gatoroid.


    Poème mortifère sur l'injustice et la peur de la mort, Simetierre aborde le genre horrifique avec une intelligence rare afin de décrire la descente aux enfers d'une famille incapable d'accepter l'idée de trépasser. D'après un célèbre roman de Stephen King, Simetierre tire parti d'une idée fort originale pour renouveler le mythe du zombie et engendrer une réflexion sur la souffrance aussi physique que morale. Louis Creed, Rachel et leurs deux enfants emménagent dans leur nouvelle demeure bucolique située à proximité d'une route dangereuse, des camions circulant à grande vitesse. Chaudement accueilli par leur voisin de pallier, ce dernier propose rapidement au père de famille de lui faire visiter un cimetière pour animaux, quand bien même à quelques mètres de là une autre nécropole d'origine indienne possède la faculté de ressusciter les morts ! Il aura fallu qu'un évènement tragique intente à la vie du chat de la famille Creed pour que Louis se laisse tenter par l'expérience de  la résurrection !  Baignant dans un climat funèbre perpétuellement palpable, glacial et lancinant,  Simetierre aborde le sujet de la mort sans inhibition, à l'instar de la cruelle malédiction qui s'abattra sur la famille Creed. Confrontés à une succession de deuils improvisés, ceux-ci sont caractérisés comme des citoyens égoïstes, apeurés et capricieux lorsque le fardeau de la mort les mesurent à leur douleur intrinsèque.


    C'est d'abord leur fille possessive Ellie qui voue une obsession morbide pour la survie de son chat, terrifiée à l'idée qu'un jour il puisse lui être soutiré par la faucheuse. Pendant ce temps, Louis, éminent médecin, est déjà fragilisé par la mort d'un de ses patients, quand bien même ce dernier lui revient sous l'apparence d'un zombie pour l'avertir de ne pas franchir la zone du cimetière indien. Quand à sa femme Rachel, elle reste perturbée par un épisode de son enfance lorsqu'elle devait surveiller l'état dégénératif de sa soeur souffrante du cancer. Hantée par son apparence émaciée et sa lente agonie, elle espérait finalement qu'elle meurt dans les plus brefs délais afin d'apaiser sa souffrance d'assister à son épouvantable déchéance physique. Spoiler !!! Après la mort inopinée de leur chat, il aura fallu que le fils cadet des Creed meurt accidentellement, écrasé sous les roues d'un camion, pour que le paternel se résigne à braver la loi du repos éternel, et donc de le ressusciter ! Fin du Spoiler. Le problème est que lorsque le défunt revient à la vie, c'est pour importuner les vivants de sa triste condition d'estropié hanté par l'imprécation. A travers cet argument fantastique particulièrement fascinant car posant notamment la question spirituelle de l'existence de la vie au-delà de la mort, Simetierre met à l'épreuve le courage d'une famille accablée par le deuil mais ayant la possibilité d'en violer le fondement afin pactiser avec le surnaturel !


    Vivre pour mourir
    Regorgeant de séquences impressionnantes d'une rude intensité émotionnelle (la dégénérescence corporelle de Zelda, la tragédie accidentelle du petit Gage et ses houleuses funérailles, sa vengeance implacable auprès de sa propre famille), Simetierre transplante le drame psychologique dans le cadre d'une horreur éprouvante jamais racoleuse. Il y émane une descente aux enfers implacable de par sa cruauté requise et son ironie macabre, notamment auprès de la mort insupportable d'un bambin, de sa nouvelle condition de victime récalcitrante et de l'exutoire du sacrifice qui s'ensuit ! La mort, omniprésente, n'étant à la fois qu'un rappel spirituel, une fatalité, une catharsis afin d'abréger à jamais les souffrances du défunt. 

    * Bruno
    4èx

    Récompense: Prix du Public au Festival d'Avoriaz, 1990


    lundi 25 août 2014

    Soudain... Les Monstres / The Food of the Gods. Licorne d'Or au Rex de Paris.

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site todoelterrordelmundo.blogspot.com

    de Bert I. Gordon. 1977. U.S.A. 1h28. Avec Marjoe Gortner, Pamela Franklin, Ralph Meeker, Jon Cypher, Ida Lupino, John McLiam.

    Sortie salles France: 18 Mai 1977. U.S: 18 Juin 1976

    FILMOGRAPHIE: Bert I. Gordon est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 24 Septembre 1922 à Kenosha, Winsconsin, Etats-Unis). 1955: King Dinosaur. 1957: Beginning of the end. 1957: The Cyclops. 1957: The Amazing Colossol Man. 1958: Attack of the Puppet People. 1958: War of the Colossal Beast. 1958: Earth vs. the Spider. 1960: The Boys and the Pirates. 1960: Tormented. 1962: L'Epée Enchantée. 1965: Village of the Giants. 1966: Picture Mommy Dead. 1970: How to succeed with sex. 1972: Necromancy. 1973: Le Détraqué. 1976: Soudain... Les Monstres. 1977: L'Empire des Fourmis Géantes. 1981: Burned at the Stake. 1982: Let's do it ! 1985: The Big Bet. 1990: Satan's Princess.


    Spécialiste du thème du gigantisme, Bert I. Gordon réalise avec Soudain... Les Monstres son film le plus notoire, à l'instar de sa Licorne d'Or remise par le festival du Rex de Paris. Une prestigieuse récompense plutôt surfaite car il faut bien avouer que cette bisserie d'exploitation regorge de clichés et de personnages caricaturaux déversant des dialogues parfois grotesques bien que l'on éprouve pourtant beaucoup de sympathie pour eux. Qui plus est, l'aspect cheap de certains effets-spéciaux (les guêpes géantes confectionnées en plastique, le coq en latex) témoigne d'un visuel ridicule quand bien même la simplicité de son scénario le réduit finalement au huis-clos inspiré de la Nuit des Morts-vivants ! Mais alors qu'est ce qui a bien pu passer par la tête des membres du jury parisien pour prôner une série B aussi dégingandée alors qu'une génération de cinéphiles continuent de l'applaudir ? C'est d'abord le concept du pitch délirant qui attise notre amusement car voir débouler devant nos yeux des animaux atteints de gigantisme après avoir ingurgité un produit toxique s'avère aussi enthousiasmant qu'incroyablement fascinant. Oui mais alors comment peut-on croire à pareille situation improbable si les effets-spéciaux archaïques s'avèrent fauchés ? En faisant intervenir en second acte de véritables animaux, en l'occurrence notre rongeur quadrupède, le Rat ! Et de nous faire croire de sa taille disproportionnée par des procédés techniques assez efficaces. Et à ce niveau surréaliste, le divertissement fonctionne à plein régime ! 


    Et si à certains moments, on perçoit bien les maquettes d'une voiture, d'une maison ou d'une caravane afin de camoufler leur taille anormale, à d'autres situations, le réalisateur exploite des trucages autrement astucieux lorsqu'il combine dans le même cadre personnage et animal en situation d'affrontements ou de défense ! Ce réalisme parfois saisissant atteindra d'ailleurs son apogée lors de l'ultime assaut quand nos protagonistes sont réunis sur le toit d'une maison engloutie d'eau, quand bien même les rats tente de s'agripper aux murs afin d'éviter la noyade ! Si l'aspect sommaire de l'intrigue (un groupe de survivants se réunissent dans une ferme pour se protéger du danger et tenter de trouver des solutions de survie) et certaines situations incohérentes font un peu tâche (notamment certains rapports de discorde entre eux), le réalisateur parvient néanmoins à insuffler efficacité et vigueur, tout du moins durant une bonne motié de métrage. De par ces attaques récurrentes du rat contre l'homme faisant intervenir moult péripéties - surtout lorsque nos survivants sont séparés en groupe - alors qu'un leader courageux redouble de ruse pour essayer de les combattre (notamment le projet de faire exploser un barrage). En prime, le caractère sanglant des agressions ajoute une certaine intensité cruelle lorsque les victimes tentent vainement de se débattre contre l'animal !


    Ainsi, sous couvert d'un argument écolo militant contre les dangers de la pollution, Soudain... les Monstres exploite une série B maladroite émaillée d'incohérences dans les réactions ubuesques des personnages, mais redoutablement fun, fascinante surtout et ludique dès que le rongeur entre en scène. D'autre part, il se dégage une réelle empathie auprès de la complicité amicale de nos protagonistes en proie à l'improbable, voire aussi à travers leur rapport de divergence rehaussé de l'amabilité de seconds couteaux bien connus des amateurs (Marjoe Gortner et Pamela Franklin pour ne citer que les plus illustres !). Enfin, et en me répétant sciemment, ce divertissement typiquement bisseux tire évidemment  parti de son attraction et de sa puissance fascinatoire en la présence du rat comparable ici à une taille de sanglier afin d'y provoquer l'effroi. Et à ce niveau d'intensité formelle, cette formidable série B est à marquer d'une pierre blanche d'autant plus renforcée aujourd'hui de son aspect rétro bougrement sympathique.  

    *Bruno
    5èx

    RécompenseLicorne d'Or au Festival international du film Fantastique de Paris en 1977

      vendredi 22 août 2014

      NOS ETOILES CONTRAIRES (The Fault in Our Stars)

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site tfios-lovers.tumblr.com

      de Josh Boone. 2014. U.S.A. 2h06. Avec Shailene Woodley, Ansel Elgort, Nat Wolff, Willem Dafoe, Laura Dern, Sam Trammell, Lotte Verbeek.

      Sortie salles France: 20 Août 2014. U.S: 6 Juin 2014

      FILMOGRAPHIE: Josh Boone est un réalisateur et scénariste américain, né le 5 avril 1979 à Virginia Beach (Etats-Unis).
      2013: Stuck in Love. 2014: Nos Etoiles Contraires. 2014: Pretenders.


      Teen movie dramatique ciblant donc prioritairement le public adolescent, Nos Etoiles Contraires traite du thème grave et délicat de la maladie du cancer avec la légèreté de la comédie romantique. Dans le cadre d'une association de soutien pour les malades de tumeur, Hazel Grace fait la rencontre de Augustus Waters, à peine remis de son cancer. Entre eux va débuter une histoire d'amour passionnelle quand bien même la maladie peut les rattraper à tous moments ! 
      Afin d'éviter toute forme de misérabilisme, Josh Boone compte sur la fraîcheur spontanée des deux amants déployant une belle complicité dans leur relation amoureuse bâtie sur la confiance, la solidarité et l'espoir d'une potentielle guérison. Afin de dédramatiser leur situation de grabataire, ils s'échangent avec pragmatisme une verve pittoresque pour profiter du bonheur de l'instant présent.


      Jouant avec l'humour des situations de légèreté (notamment leur liaison amicale entretenue avec un jeune ado souffrant de cécité), Nos Etoiles Contraires réussit inévitablement à nous attendrir à travers leur tendre complicité tout en alternant avec des moments plus dramatiques lorsque le désespoir les rappellent à la raison d'une pathologie cruelle. Sur ce point, la difficile montée des marches d'Hazel pratiquée dans la demeure d'Anne Franck s'avère le moment le plus bouleversant dans sa sobriété requise, le réalisateur évitant d'appuyer sur la corde sensible de l'apitoiement. Alors que l'instant d'après, l'étreinte d'un baiser face à une foule attendrie va décrédibiliser d'un coup toute son intensité dramatique ! Durant plus de deux heures, c'est donc le quotidien d'Hazel et Augustus qui nous est décrit dans leur inlassable épreuve de survie, quand bien même le témoignage parental est également mis en valeur pour soutenir la jeune fille de son fardeau cancéreux. C'est à mi-parcours que le réalisateur souhaite subitement renverser les rôles (et relancer la machine à émotion !) puisqu'un évènement aléatoire va rappeler à l'ordre l'un des deux amants confronté à une irrémédiable injustice. Tragédie de la maladie et romance à l'eau de rose nous sont donc narrés avec la lourdeur de bons sentiments pour ébranler le spectateur et l'entraîner dans une dérive lacrymale qui en terrassera plus d'un. Cet abus de pathos et cette surdose d'effets larmoyants sont néanmoins palliés par la prestance naturelle des comédiens souvent épatants de charme et de spontanéité ! En particulier, l'étoile montante Shailense Woodley (inoubliable dans le magnifique The Spectacular Now !) endossant avec vérité humaine, fougue, bravoure mais aussi affliction une jeune malade en sursis !


      Inévitablement bouleversant, voir déchirant évoqueront les plus sensibles, Nos Etoiles Contraires ne manque pourtant pas d'humour, de tendresse et de vent de fraîcheur pour évoquer la maladie du cancer sans le cliché trivial du misérabilisme. Paradoxalement, le réalisateur se laisse pourtant voguer dans la facilité des bons sentiments en tirant complaisamment sur notre corde sensible. A l'instar de son final funéraire beaucoup trop surchargé en pathos dans ces allégations publiques ou à la lecture d'une lettre intime ! Mais que les fans de romance édulcorée se rassurent (en priorité les pré-pubères et adolescentes), le spectacle plein de charme en chavirera plus d'un dans sa spirale d'émotions rudes !

      Bruno Matéï


      jeudi 21 août 2014

      Dreamscape. Corbeau d'Or au Festival de Bruxelles, 1985

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

      de Joseph Ruben. 1984. U.S.A. 1h39. Avec Dennis Quaid, Max Von Sydow, Christopher Plummer, Eddie Albert, Kate Capshaw, David Patrick Kelly, George Wendt.

      Sortie salles France: 14 Juin 1985. U.S: 15 Août 1984

      FILMOGRAPHIE: Joseph Ruben est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né en 1951 à Briarcliff, Manor, New-York. 1974: The Sister-in-Law. 1976: Lâche-moi les baskets. 1977: Joyride. 1978: Our Winning Season. 1980: Gorp. 1984: Dreamscape. 1987: Le Beau-Père. 1989: Coupable Ressemblance. 1991: Les Nuits avec mon Ennemi. 1993: Le Bon Fils. 1995: Money Train. 1998: Loin du Paradis. 2004: Mémoire Effacée. 2013: Penthouse North.


      Sortie en salles à quelques mois d'intervalle des Griffes de la Nuit, Dreamscape empreinte la même thématique du rêve par le biais d'un télékinésiste prêtant main forte aux personnes souffrants de cauchemars pathologiques. Si bien qu'à l'aide d'un procédé scientifique révolutionnaire, Alex Gardner réussit à s'infiltrer dans le cerveau du patient pour le guérir de sa terreur nocturne. Recruté par le docteur Paul Novotny, il doit également se confronter à la rivalité d'un autre expert apte à pénétrer dans les rêves, Tommy Ray. Ce dernier étant complice d'une conspiration afin de nuire au président des Etats-Unis. Avec modestie, Joseph Ruben réalise ici une série B réjouissante de par son concept original d'interférence humaine au coeur du songe. Si la première demi-heure s'avère un peu trop sage en terme d'expérimentation (épauler un patient à retrouver sa libido sexuelle par ex !), la suite s'avère toujours plus stimulante lorsque Alex doit par exemple essayer de faire disparaître les cauchemars horrifiants d'un garçon perturbé. Ou pire encore, lorsqu'il doit tenter de protéger le président des Etats-Unis d'un assassinat prémédité quand bien même des tueurs sont lancés à ses trousses.


      Déployant non sans ironie nombres d'idées fantasques, comme celle de l'intrusion frauduleuse d'Alex au sein du sommeil de sa collègue pour exaucer un fantasme sexuel, Dreamscape profite également de son imagerie horrifico-fantastique par le biais de l'activité psychique. A l'instar d'une aventure trépidante, notre héros se retrouve donc plongé dans l'imaginaire du patient où n'importe quelle phobie surnaturelle puisse se matérialiser par auto-suggestion ! Si certains FX cheaps peuvent aujourd'hui prêter à sourire (les apparitions en stop motion du serpent géant !), le soin imparti aux décors de désolation permettent de nous immerger dans un univers post-apo plutôt photogénique. Alors qu'à d'autres moments, on se croirait plongé dans l'abysse d'une quatrième dimension (l'escalade d'un immense escalier dégingandé qu'Alex et l'enfant arpentent autour d'un néant opaque sans repère spatial !). Et pour corser l'intrigue et intensifier les situations de mise en péril, un antagoniste sans vergogne s'avère redoutablement insidieux pour parfaire ses ambitions meurtrières et provoquer son ennemi juré, Alex ! Qui plus est, l'idée géniale de pouvoir s'introduire dans le rêve d'un autre et assassiner le sujet durant son sommeil reste l'argument le plus jouissif, quand bien même un complot politique décuple l'enjeu d'une course contre la montre pour la sauvegarde du président.


      Entouré des solides prestances du sympathique Dennis Quaid et du génial gouailleur Janes DeVries que l'on adore détester, mais aussi d'éminents seconds-rôles au charisme burriné (Christopher Plummer, Max Von Sydow), sans compter la voluptueuse Kate Capshaw, Dreamscape est une sympathique série B à travers son alliage de fantastique, d'humour, de romance, d'action et d'espionnage politique. Il y émane un spectacle davantage captivant auprès de ces enjeux stratégiques, d'autant plus sobre et jamais ostentatoire qu'il exploite intelligemment un scénario retors ! 

      Récompense: Corbeau d'Or au Festival International du Film Fantastique de Bruxelles, 1985

      *Bruno
      26.01.23. 4èx

      mardi 19 août 2014

      Birdy. Grand Prix du Jury, Cannes 85.

                                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site listal.com

      d'Alan Parker. 1984. U.S.A. 2h00. Avec Nicolas Cage, Matthew Modine, John Harkins, Sandy Baron, Karen Young, Bruno Kirby.

      Sortie salles France: 22 Mai 1985. U.S: 21 Décembre 1984

      Récompenses: Grand Prix du Jury, Cannes 1985
      Prix du Public au Festival International du film de Varsovie, 1987
      Top Ten Films: National Board of Review Awards, 1984

      FILMOGRAPHIE: Alan Parker, né Alan William Parker le 14 Février 1944 à Islington, Londres, est un réalisateur, compositeur, scénariste et producteur anglais. 1975: The Evacuees (télé-film). 1976: Bugsy Malone. 1978: Midnight Express. 1980: Fame. 1982: l'Usure du Temps. 1982: Pink Floyd the Wall. 1984: Birdy. 1987: Angel Heart. 1988: Mississippi Burning. 1990: Bienvenue au Paradis. 1991: The Commitments. 1994: Aux bons soins du Dr Kellogg. 1996: Evita. 1999: Les Cendres d'Angela. 2003: La Vie de David Gale.


      Tiré du roman de William Wharton, ancien vétéran américain de la seconde guerre mondiale, Birdy, le film, se permet d'en modifier le contexte historique pour le déplacer à l'époque des années 60, décennie lourdement compromise par le conflit Vietnamien. Synopsis: Après avoir été gravement blessé au visage par un bombardement, Al Columbato retourne dans son pays et rejoint son ami d'enfance, Birdy. Placé à l'hôpital car profondément marqué par la guerre, il s'est résigné à rester dans le mutisme pour fuir la réalité. Avant d'être prochainement muté dans un institut psychiatrique, Al tente en dernier ressort de le ramener à la raison. Si Alan Parker nous ébranla déjà avec l'inoubliable drame carcéral, Midnight Express et le trip clippesque, Pink Floyd the wall, Birdy marqua également de son empreinte le spectateur happé par la puissance de son intensité émotionnelle. 


      Hymne à la liberté, réquisitoire contre le traumatisme de la guerre, plaidoyer pour le droit à la différence, Birdy est un poème universel sur la quête éperdue d'un monde idéaliste. Car à travers la passion obsessionnelle d'un adolescent féru de volatiles lui même destiné à voler de ses propres ailes, Birdy nous démontre à quel point l'univers qui nous entoure peut s'avérer lâche et cruel chez les êtres les plus candides. C'est ce que nous illustre Alan Parker avec souci d'humanisme à travers le portrait de deux amis indéfectibles prochainement désunis pour rejoindre les troupes américaines et perdre leur innocence. Alternant flash-back de leurs 400 coups et présent d'une triste réalité (celle de leur traumatisme psychologique post-vietnam, quand bien même Al tente par tous les moyens de sauver de la démence son camarade), Birdy bouscule nos émotions de par la description documentée d'une passion (trop) dévorante (celle des volatiles et de se confondre dans leur existence au point d'envisager de véritablement voler !). Ainsi, à travers la séparation amicale de Birdy et d'Al recrutés en soldat, la guerre du Vietnam est aussi là pour nous rappeler qu'elle priva de leur liberté et de leur rêve des milliers de jeunes recrues non préparés à combattre au front pour s'y sacrifier. Outre sa réflexion sur la passion pouvant engendrer chez les esprits les plus introvertis un trouble de personnalité, Birdy transcende une magnifique histoire d'amitié inscrite dans la fidélité. Car leur cohésion bâtie sur la confiance, la tolérance et le respect est également un espoir afin de ramener à la raison Birdy prisonnier de sa déchéance mentale ! 


      Soutenu de la partition sensitive de Peter Gabriel transcendant une intensité émotionnelle ingérable, et endossé par deux illustres comédiens criants de vérité humaine, Birdy est un grand moment de cinéma lyrique ! Un chef-d'oeuvre de fragilité touché par la grâce d'un onirisme prude. Celui de fantasmer un idéal de liberté épargnée de toute souffrance, en accord avec l'harmonie de la nature et de la cause animale ! Inoubliable est un euphémisme si bien que Birdy est le crève-coeur d'une rédemption amicale même si l'ironie finale du saut de l'ange nous rappelle à notre réalité quotidienne ! 

      A mon ami de coeur Pascal Clabaut.

      Dédicace à Daniel Aprin

      Bruno Matéï
      3èx

      lundi 18 août 2014

      Course contre l'Enfer (Race with the Devil)

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviecovers.com

      de Jack Starrett. 1975. U.S.A. 1h29. Avec Peter Fonda, Warren Oates, Loretta Swit, Lara Parker, R.G. Armstrong.

      Sortie salles France: 5 Mai 1976. U.S: Juin 1975

      FILMOGRAPHIE: Jack Starrett est un acteur et réalisateur américain, né le 2 Novembre 1936 à Refugio (Texas), décédé le 27 Mars 1989 à Sherman Oaks (Californie). 1969: La Cavale Infernale. 1969: House of Zodiac. 1970: Les Machines du Diable. 1970: Fuite dans la nuit (télé-film). 1970: Le Dernier des Apaches. 1972: The Strange Vegeance of Rosalie. 1972: Slaughter. 1973: Dynamite Jones. 1974: The Gravy Train. 1975: Course contre l'Enfer. 1976: La Vengeance aux Tripes. 1976: Hollywood Man. 1977: Haute Sécurité (télé-film). 1977: Final Chapter: walking Tall. 1978: Thaddeus Rose and Eddie (télé-film). 1978: Big Bob Johnson and his fantastic speed circus (télé-film). 1979: Mister Horn (télé-film). 1979: Survival of Dana (télé-film). 1981: Treachery and greed on the Planet of the Apes (télé-film). 1982: Kiss my Grits.


      Film d'exploitation sans prétention réunissant en têtes d'affiche les vétérans Peter Fonda et Warren Oates, Course contre l'Enfer est un road movie horrifique tirant son efficacité par son concept de départ plutôt original. C'est à dire deux couples de vacanciers témoins malgré eux du rituel meurtrier d'une secte perpétré en pleine cambrousse. Réalisé 2 ans avant La Colline a des yeux, on pourrait penser que Wes Craven s'en était inspiré pour sa caractérisation d'une famille solidaire exilée en villégiature à bord d'un camping-car mais rapidement prise au piège dans un désert hostile. Livrés à eux même, ils étaient contraints de riposter par la force et rivaliser de ruses pour duper des agresseurs cannibales réduits à l'état primitif. Dans Course contre l'Enfer, nos jeunes touristes également embarqués en caravane sont sévèrement mis à mal avec une confrérie satanique dans le désert du Colorado. Incessamment pourchassés et persécutés, ils useront de bravoure et persévérance pour déjouer les nombreux pièges qui empiètent leur itinéraire.


      Ce pitch inquiétant combinant les genres du road movie et de l'horreur est une combinaison judicieuse afin d'alterner suspense latent et poursuites endiablées. En toute simplicité, Jack Starrett façonnant un pur divertissement conçu sur la fragilité attachante des personnages entraînés dans une descente aux enfers (leur cohésion amicale puis combative nous permettant d'éprouver considération et empathie face à leur crainte de trépasser), et sur l'action effrénée découlant d'une poursuite automobile en ultime ressort. Car toujours plus confrontés à des menaces pernicieuses (Spoiler ! l'attaque des serpents dans la caravane impose une tension éprouvante ! Fin du spoiler), ils brandiront les armes pour se défendre, sachant que la police locale n'eut accordé que peu d'égard à leur témoignage. Avant une incroyable poursuite sur bitume déployant moult cascades, le réalisateur distille enfin une ambiance d'insécurité lorsque l'une des héroïnes gagnée par la paranoïa s'était mise à suspecter les regards patibulaires de certains habitants de la région. Dès lors, la menace palpable s'avère d'autant plus sournoise parmi les provocations des satanistes redoublant d'audace morbide (Spoiler ! la découverte du chien pendu d'Alice à l'entrée de la caravane ! fin du spoiler).


      Rondement mené, Course contre l'Enfer n'a comme unique but que de divertir parmi l'efficacité d'un pitch démonial multipliant péripéties haletantes autour des situations de sauvegarde et de riposte de couples molestés. Sous la houlette de Peter Fonda et Warren Oates, on nous embarque d'autant mieux dans leur virée meurtrière parmi leur virilité commune de pugnacité. Du cinéma Bis redoutablement excitant et audacieux (l'épilogue nihiliste en déconcertera plus d'un ! ) faisant presque office de modèle d'efficacité ! 

      Bruno 
      3èx


      vendredi 15 août 2014

      Montclare: Rendez-vous de l'horreur / Next of Kin. Licorne d'Or, Rex de Paris.

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Facebook via Le Chat qui fume

      de Tony Williams. 1982. Australie/Nouvelle-Zélande. 1h29. Avec Jackie Kerin, John Jarrat, Alex Scott, Gerda Nicolson, Charles McCallum, Bernadette Gibson.

      Sortie salles France: 30 Avril 1986

      FILMOGRAPHIE: Tony Williams est un réalisateur, scénariste et producteur né en 1942 en Nouvelle-Zélande. 1978: Solo. 1982: Montclare: Rendez-vous de l'horreur. 2013: A Place Called Robertson.


      En plein âge d'or du Fantastique Australien qui aura vu déferler des premières oeuvres aussi originales et poétiques qu'audacieuses (Harlequin, Les voitures qui ont mangé Paris, Long Week-end, Picnic à Hanging Rock, La Dernière Vague), voires carrément révolutionnaires (Mad Max 1 et 2), Next of Kin vient s'ajouter au palmarès tant Tony Williams se porte en véritable auteur pour renouveler le thème de la demeure hantée lors d'une mise en image quasi expérimentale. Pour les fans indéfectibles, les multiples visionnages ont beau s'accumuler, Next of Kin perdure son pouvoir d'envoûtement au point que l'on replonge dans les mailles de sa machination avec la trouble impression de le découvrir pour la première fois, à moins de le discerner sous une autre interprétation. Le pitchAprès la lecture du testament de sa mère décédée, Linda se voit léguer sa maison de retraite Montclare afin d'assurer la relève. Le soir, d'étranges bruits et incidents domestiques l'importunent rapidement, quand bien même le corps d'un des pensionnaires est retrouvé noyé dans sa baignoire. En lisant le journal détaillé de sa mère, elle se rend compte que son récit inexpliqué semble se répéter, les évènements relatés correspondant exactement à ce qu'elle endure actuellement. 


      Dédié à l'atmosphère gothique d'une maison de retraités imprégnée de silence diffus et théâtre de découvertes macabres, Next of Kin impose un cinéma fantasmagorico-baroque. A l'instar des cauchemars nocturnes que l'héroïne nous matérialise à renfort de souvenirs infantiles (les apparitions de la fillette accompagnée d'un ballon rouge) ou de visions macabres de vieillards décaties (des effets de "ralenti" permettant d'insuffler une poésie morbide lorsque l'eau s'avère la conséquence de leur état tuméfié). Les nuances dominantes de "rouge" et de "sépia" formant souvent une stylisation baroque de par l'architecture de la bâtisse qu'une caméra ultra maniable transcende de virtuosité (notamment ces travellings aériens vertigineux). Ainsi, sous couvert d'un éventuel cas de hantise, Tony Williams exploite son potentiel anxiogène avec autant d'efficacité que de subtilité, notamment par la présence de ces vieillards à la mine renfrognée. Pourtant, si l'intrigue fondée sur la rancune meurtrière s'avère somme toute simpliste, la manière dont le cinéaste tisse les ficelles et exploite sa mise en scène scrupuleuse engendre instinctivement un climat ensorcelant. De par son suspense admirablement maintenu où le pouvoir de suggestion insuffle des sommets d'acuité qui ira pourtant se contredire avec l'explosion de violence finale ! Or, lors de son action brutale, le cinéaste ne remédie pas à la facilité d'une imagerie sanglante (ou alors si peu) et continue d'exposer une fulgurance visuelle en harmonie avec son tempo musical. Si la puissance du score métronomique de Klaus Schulze y est donc pour beaucoup, l'interprétation de l'étonnante Jackie Kerin l'est toute autant ! Contrastant avec le naturel de son physique blême, l'actrice réussit à nous impliquer dans son désarroi et ses questionnements avec pudeur puis ensuite bravoure d'ultime ressort.


      Chef-d'oeuvre incontesté du fantastique insolite où la thématique de la demeure hantée n'était qu'un leurre afin de mieux nous piéger, Next of Kin est une expérience atypique avec l'étrange. Un moment d'angoisse éthérée, l'effet de suggestion atteignant ici des sommets d'intensité émotionnelle parmi la psyché tourmenté de son héroïne perdue au milieu de nulle part. Grâce à l'incroyable maîtrise de sa réalisation chiadée  et de sa beauté formelle (notamment le soin accordé à la photographie et aux éclairages naturels), Next of Kin peut rejoindre sans rougir les clefs de voûte de la demeure oppressante. A savoir: La Maison du Diable, Trauma, Les Innocents, Ne vous retournez pas (pour la cartographie de la ville de Venise), le Cercle Infernal, l'Enfant du Diable.

      *Bruno
      27.06.23. 5èx

      Récompenses: Licorne d'Or et Prix de la Meilleure Musique au Festival du film Fantastique du Rex à Paris, 1983.
      Prix de la mise en scène, Sitges.

                                           

      lundi 11 août 2014

      Holocaust 2000 / Rain of Fire

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

      de Alberto De Martino. 1977. Angleterre/Italie. 1h42. Avec Krik Douglas, Simon Ward, Agostina Belli, Anthony Quayle, Virginia McKenna, Spyros Fokas, Ivo Garrani.

      Sortie salles France: 22 Mars 1978 (Int - 18 ans). Italie: 25 Novembre 1977.

      FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Alberto De Martino est un réalisateur et scénariste italien, né le 12 Juin 1929 à Rome. 1962: Les 7 Gladiateurs. 1963: Persée l'Invincible. 1963: La Maison de la Terreur. 1964: Le Triomphe d'Hercule. 1964: Les 7 Invincibles. 1966: Django tire le premier. 1967: Opération frère Cadet. 1968: Rome contre Chicago. 1969: Perversion. 1972: Le Nouveau Bosse de la Mafia. 1974: L'Antéchrist. 1977: Holocaust 2000


      Après s'être inspiré de L'exorciste pour sa copie latine de l'Antéchrist, Alberto De Martino exploite cette-fois le succès de Richard Donner, La Malédiction, pour entreprendre Holocaust 2000. A nouveau influencé par les versets apocalyptiques de la Bible, le scénario reprend à peu près le même schéma que son homologue ricain avec une efficacité presqu'aussi redoutable. C'est à dire l'auto-suggestion d'un magnat industriel davantage convaincu qu'une prophétie est sur le point de converger au moment même où une succession d'accidents meurtriers intentent à son entourage. Hormis cette impression de déjà vu que l'on peut avoir dès le départ, puisque singeant sans trop de complexe la ligne directrice de La Malédiction, Holocaust 2000 réussit pourtant à distiller un suspense en crescendo autour du projet d'une centrale thermo-nucléaire, métaphore du dragon à sept têtes natif de l'apocalypse. Grâce à cette idée de départ plutôt astucieuse, et sous couvert de divertissement horrifique, Alberto De Martino se porte en pourfendeur écolo afin de souligner l'état de notre planète (les problèmes de pollution et de famine) et ce avant de pointer du doigt la menace nucléaire. Comme dans la Malédiction, toute l'efficacité du récit réside dans la perplexité du héros à tenter d'admettre que son projet révolutionnaire (construire un complexe atomique afin de venir en aide aux pays du tiers-monde !) émane finalement d'une stratégie diabolique invoquée par l'un de ses proches.


      C'est ce qu'un habile rebondissement nous divulguera (pour relancer ainsi le suspense !) au cours de son investigation, quand bien même il fut sur le point de sacrifier une innocente victime. Emaillé de quelques séquences-chocs réussies (le premier ministre scalpé par la pale d'un hélicoptère, les deux altercations sanglantes intentées à Robert Caine dans la chambre de l'asile, l'empoisonnement des bébés au sein de l'hôpital), Holocaust 2000 réussit d'autant mieux à convaincre parmi la complicité bougrement attachante des comédiens (si on épargne quelques ellipses narratives, quelques incohérences dans l'asile déserté de surveillants et praticiens et un montage tantôt maladroit). Outre la beauté vertueuse d'Agostina Belli et le charme sournois de l'inquiétant Simon Ward crevant l'écran comme de coutume par sa prestance féline, c'est la présence du monstre sacré Kirk Douglas qui permet d'accorder autant de crédit à ce démarquage transalpin (effusions sanglantes en sus !) extrêmement captivant sous l'impulsion d'un climat d'étrangeté amplifié du superbe score choral d'Ennio Morricone. Incarnant la démarche autoritaire d'un entrepreneur fréquemment compromis par la remise en question, le doute et la perplexité, il y déploie dans ses moments d'accalmie une rassurante carrure paternelle de par sa bonhomie spontanée à daigner préserver la vie de sa nouvelle famille que représente la jeune maman Sara sur le point d'accoucher. 


      Soutenu de la partition tantôt mélancolique, tantôt religieuse (choeurs maléfiques indissociables !) d'Ennio Morricone et renforcé du jeu cordial des interprètes, Holocaust 2000 réussit constamment à inquiéter et séduire de par l'efficacité d'un scénario fustigeant le péril atomique. Hormis quelques facilités et incohérences (notamment l'altercation finale perpétrée dans l'institut psychiatrique éludé de personnel médical !), il s'avère le meilleur épigone bisseux de La Malédiction parmi La 7 Prophétie.

      *Bruno
      09.12.22. 4èx

      7

      vendredi 8 août 2014

      SIXIEME SENS (The Sixth Sense)

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org

      de M. Night Shyamalan. 1999. U.S.A. 1h47. Avec Bruce Willis, Haley Joel Osment, Olivia Williams, Toni Collette, Donnie Wahlberg, Bruce Norris, Glenn Fitzgerald.

      Sortie salles France: 5 Janvier 2000. U.S: 2 Août 1999

      FILMOGRAPHIE: M. Night Shyamalan est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, d'origine indienne, né le 6 Août 1970 à Pondichéry.
      1992: Praying with Angers. 1998: Eveil à la vie. 1999: Sixième Sens. 2000: Incassable. 2002: Signs. 2004: Le Village. 2006: La Jeune fille de l'eau. 2008: Phenomènes. 2010: Le Dernier maître de l'air. 2013: After Earth.


      Enorme succès commercial et critique lors de sa sortie, Sixième Sens a réussi à imposer la notoriété de son jeune réalisateur (il avait 30 ans à l'époque !) alors qu'il s'agissait de son 3è long-métrage. Souvent célébré pour l'originalité de son twist final (même si avant lui d'autres réalisateurs avaient déjà emprunté la même pirouette !), Sixième Sens s'avère autrement plus captivant par l'entremise d'une psychanalyse exercée sur un garçon perturbé. Car Cole Sear possède le don d'apercevoir et de communiquer avec les morts, particulièrement ceux décédés d'une manière aussi violente qu'inopinée. Avant sa première rencontre avec le psychologue Malcolm Crowe, on nous rapporte que ce dernier eut été victime d'une grave agression à son domicile parmi la présence de sa femme. Entré par effraction en pleine nuit avec une arme à feu, l'un de ces anciens patients lui avait asséné une balle dans l'abdomen ! C'est un an plus tard que nous retrouvons Malcolm Crowe prêtant main forte au jeune enfant tout en essayant de se réconcilier avec son épouse traumatisée de l'agression.


      Si à la première vision de Sixième Sens, la majorité des spectateurs avaient été surtout bluffés par sa révélation finale, un second visionnage nous permet de mieux percevoir son intensité émotionnelle et d'aborder le film sous un autre angle vis à vis des personnages tourmentés du psychologue et de son épouse. Principalement ses rapports délicats lorsqu'il tente difficilement de la réconcilier, quand bien même cette dernière se morfond dans une grave solitude avant de se réconforter dans les bras d'un autre ! Sur ce point, le film s'avère beaucoup plus poignant et remarquablement construit lorsque l'on comprend pour quelle raison (l'aider à faire le deuil de manière inconsciente !) il persiste à s'accrocher à son chevet. Entièrement dédié à la caractérisation humaine de personnages emplis de fragilité, Sixième Sens relate leur contrariété et leur fêlure morale avec une sensibilité souvent bouleversante. A l'image de l'innocence infantile de Cole, garçon de 9 ans sévèrement persécuté par des fantômes moribonds en quête d'exutoire. Outre sa réflexion sur la difficulté d'accepter le deuil de l'être aimé et sur l'attention d'être à l'écoute de l'autre (particulièrement envers les gens les plus démunis et esseulés), le film met en relief les rapports complexes de responsabilité et d'éducation parentale lorsqu'une mère divorcée tente désespérément de déceler la pathologie mentale de son fils. Enfin, à travers le cheminement tortueux de ce dernier, Sixième Sens transcende une puissante histoire d'amitié entamée avec son psychologue. Un homme rongé par le doute et le remord, d'autant plus affaibli par sa relation conjugale, mais cette fois-ci délibéré à réparer ses erreurs pour guérir les névroses de l'enfant mais aussi assumer son tragique destin.


      Dominé par les sobres prestances de Bruce Willis, Haley Joel Osment et Toni Colette, communément bouleversants de fragilité humaine, Sixieme Sens rend ses lettres de noblesse au genre fantastique. Celui d'un cinéma mature où le climat éthéré est avant tout dédié à la psychologie torturée de personnages en quête de rédemption. Une oeuvre magnifique, esthétiquement avisée et remarquablement maîtrisée, nous donnant sérieusement envie de croire à la spiritualité d'un havre de paix. 

      Bruno Matéï
      3èx