mardi 6 janvier 2015

BOYHOOD. Ours d'Argent du Meilleur Réalisateur, Berlin 2013.

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site nightlightcinema.com

de Richard Linklater. 2002/2014. U.S.A. 2h46. Avec Ellar Coltrane, Patricia Arquette, Ethan Hawke, Lorelei Linklater, Zoe Graham, Tamara Jolaine, Nick Krause.

Sortie salles France: 23 Juillet 2014. U.S: 11 Juillet 2014.

FILMOGRAPHIE: Richard Linklater est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 30 Juillet 1960 à Houston, Texas. 1985: Woodshock (court-métrage). 1988: It's Impossible to learn to plow by reading books. 1991: Slacker. 1993: Génération Rebelle. 1995: Before Sunrise. 1996: SubUrbia. 1998: Le Gang des Newton. 2001: Waking Life. 2001: Tape. 2003: Rock Academy. 2004: Before Sunset. 2005: Bad News Bears. 2005: Fast Food Nation. 2006: A Scanner Darkly. 2008: Inning by inning: a portrait of a coach (doc). 2009: Me and Orson Welles. 2012: Bernie. 2013: Before Midnight. 2014: Boyhood. 2015: That's What I'm Taljing About.


Chronique familiale centrée sur le cheminement initiatique d'un enfant de 6 ans jusqu'à l'âge de sa majorité, Boyhood présente la particularité d'avoir été tourné durant plus de 12 ans afin de coller au plus près de la transformation physique des personnages. Pas de recours au maquillage donc ou de substituer l'acteur par un sosie pour divulguer leur nouvelle morphologie de maturité, mais simplement miser sur la présence naturelle de comédiens physiquement marqués par l'avancement de l'âge. Cet aspect inédit et couillu d'avoir osé suivre durant 12 longues années leur croissance physique engendre un parfum d'authenticité assez troublant dans la peinture de cette famille frappée par les aléas de l'existence.


Le réalisateur comptant notamment sur le jeu naturel de ces comédiens confondants d'aplomb ou de spontanéité dans leur condition humaine en constante mutation. Particulièrement le jeune Ellar Coltrane se fondant dans la peau d'un adolescent discret avec retenue et sagesse de son caractère flegme. Par son tempérament docile et tolérant s'y dégage une sobre émotion d'une intensité parfois accrue dans le reflet de ses sentiments. Fresque fleuve étalée sur une durée de 2h46, Boyhood transfigure l'intimisme d'une famille désunie avec un sens de vérité proche du reportage. On peut peut-être même évoquer une certaine allusion au cinéma de John Cassavetes dans certains sujets traités et la manière prude dont Richard Linklater filme les sentiments des personnages parmi la véracité de leur fragilité humaine. En abordant les thèmes universels de la famille, de l'amour, de la réussite professionnelle, de la puberté, de la maturité, de l'éducation parentale, puis ceux, plus graves, du divorce, de l'alcoolisme et la violence au sein du couple, Boyhood se condense en hymne à la vie du point de vue d'un adolescent en éveil de raisonnement. Le spectateur observant méticuleusement les points essentiels de son évolution à travers le témoignage de la responsabilité parentale, des camarades de classe, des premiers flirts de l'amour puis la déception qui s'ensuit avant de renouer avec l'optimisme d'une nouvelle rencontre. La manière habile et scrupuleuse dont la mise en scène fait preuve pour véhiculer l'émotion est entièrement adaptée à la caractérisation autonome des personnages confrontés au désordre de l'existence (la désillusion amoureuse, la discorde parentale, la crainte de l'échec, la peur de la solitude) mais épris d'une inévitable ambition à braver les difficultés sociales et humaines. C'est à dire celles de concrétiser leur carrière professionnelle, affirmer l'estime de soi et continuer de cueillir les nouvelles rencontres.


Sans aucun artifice dans son souci avisé de filmer la vie dans sa plus sobre intimité, Boyhood évite tout écueil de complaisance ou de pathos pour faire naître l'émotion. Outre la virtuosité de la mise en scène documentée, le cinéaste misant sur la candeur des ces comédiens habités par la fougue existentielle et la passion des sentiments, sans fioriture et encore moins d'emphase. 

Bruno Matéï

Récompenses:
Festival international du film de Berlin 2014 :
Ours d'argent du meilleur réalisateur pour Richard Linklater
Reader Jury of the Berliner Morgenpost
Prize of the Guild of German Art House Cinemas
Festival international du film de Melbourne 2014 : People's Choice Award du meilleur film (1re place)
Festival international du film de Saint-Sébastien 2014 : Grand prix de la FIPRESCI7
Festival international du film de San Francisco 2014 : Founder’s Directing Award pour Richard Linklater
Festival international du film de Seattle 2014 :
Golden Space Needle du meilleur film
Meilleur réalisateur pour Richard Linklater
Meilleure actrice pour Patricia Arquette
South by Southwest 2014 :
Louis Black Lone Star Award
Special Jury Recognition
American Film Institute Awards 2014 : top 10 des meilleurs films de l'année
Boston Society of Film Critics Awards 2014 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur pour Richard Linklater
Meilleure distribution
Meilleur scénario pour Richard Linklater (ex-æquo avec Alejandro González Iñárritu pour Birdman)
Meilleur montage pour Sandra Adair
British Independent Film Awards 2014 : meilleur film indépendant international
Chicago Film Critics Association Awards 2014 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur pour Richard Linklater
Meilleure actrice pour Patricia Arquette
Gotham Awards 2014 : Audience Award
Los Angeles Film Critics Association Awards 2014 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur pour Richard Linklater
Meilleure actrice pour Patricia Arquette
Meilleur montage pour Sandra Adair
National Board of Review Awards 2014 : top 2014 des meilleurs films
New York Film Critics Circle Awards 2014 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur pour Richard Linklater
Meilleure actrice dans un second rôle pour Patricia Arquette
Washington D.C. Area Film Critics Association Awards 2014 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur pour Richard Linklater
Meilleure actrice dans un second rôle pour Patricia Arquette
Meilleur espoir pour Ellar Coltrane
National Society of Film Critics Awards 2015 :
Meilleur réalisateur pour Richard Linklater (1re place)
Meilleure actrice dans un second rôle pour Patricia Arquette (1re place)
Meilleur film (2e place)

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