lundi 12 janvier 2015

ORCA

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemotions.com

de Michael Anderson. 1977. U.S.A. 1h32. Avec Richard Harris, Charlotte Rampling, Will Sampson, Bo Derek, Keenan Wynn, Robert Carradine.

Sortie U.S: 22 Juillet 1977. France: 21 Décembre 1977

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Michael Anderson est un réalisateur britannique, né le 30 Janvier 1920 à Londres.
1949: Private Angelo. 1950: Waterfront. 1956: 1984. 1956: Le Tour du monde en 80 Jours. 1960: Les Jeunes Loups. 1961: La Lame Nue. 1965: Opération Crossbow. 1975: Doc Savage arrive. 1976: L'âge de cristal. 1977: Orca. 1979: Dominique. 1980: Chroniques Martiennes. 1989: Millenium. 2000: Pinocchio et Gepetto. 2008: Tenderloin.


Comparé à tort comme un ersatz trivial des Dents de la Mer dès sa sortie, Orca n'a pourtant pas la prétention d'émuler le modèle de Spielberg, tant au niveau de son budget beaucoup plus modeste, de l'émotion empathique qu'il procure auprès du monstre marin que de l'intrigue focalisée sur la fonction vindicative entre un homme et un orque. Dans la lignée de Moby Dick, Orca relate l'implacable vengeance d'un épaulard auprès d'un capitaine ayant tué accidentellement une femelle lors d'une chasse en mer. Appâté par le gain d'une juteuse récompense, Nolan s'était mis en tête de capturer l'animal pour l'offrir dans un centre de loisir et ainsi pouvoir hypothéquer son bateau. Seulement, la traque se solde par un grave incident lorsque la femelle décide de se suicider en s'accrochant au moteur du bateau. Après avoir réussi à embarquer à bord l'animal grièvement blessé, un foetus s'en extrait de son estomac ! Témoin de l'horrible scène, le mâle décide d'entamer une vendetta criminelle auprès du capitaine et de ses sbires.


En dénonçant la cruauté de la chasse et le châtiment exercé auprès des orques lorsqu'ils sont envoyés dans des aquariums pour contenter la clientèle de parcs d'attraction, Michael Anderson prend inévitablement parti pour la cause animale et n'hésite pas à nous ébranler lorsqu'une femelle orque à l'agonie nous dévoile en dernier ressort la vision d'effroi de son bébé mort-né ! Soutenue par la sublime partition élégiaque d'Ennio Morricone et renforcé des hurlements stridents (comparables à ceux des humains) des épaulards en détresse, la première partie provoque une émotion accablée face à leur condition de souffre-douleur de l'homme, quand bien même un orque venait de sauver de la mort un biologiste lors d'une plongée sous-marine. La séquence illustrant ensuite le deuil communautaire du mâle emportant sa défunte sur les flots s'avère le moment le plus bouleversant dans sa poésie mélancolique et crépusculaire où la nature semble également pleurer leur triste fardeau. La seconde partie laisse place au revirement agressif de l'animal lorsqu'il décide d'affronter les membres de l'équipage du capitaine Nolan installés à proximité d'un hameau balnéaire. Hormis le caractère prévisible de ses situations belliqueuses et de la traque qui s'ensuit, Orca réussit avec efficacité à réguler l'intérêt de sa vendetta, notamment parmi la prise de conscience du capitaine Nolan, endossé avec autorité par le vétéran Richard Harris. Totalement impressionné par l'arrogance meurtrière de l'animal et hanté par le remord, car ayant préalablement vécu la même situation de deuil parental (sa femme et son fils ont été sacrifiés lors d'un accident de voiture par la faute d'un chauffard !), Nolan reconnait soudainement en lui ses prétentions d'orgueil, d'hypocrisie, de lâcheté et de cupidité qu'une biologiste militante (Charlotte Rampling, pourvu de son habituel charme vénéneux !) va également rappeler à la tolérance. La dernière partie, haletante et spectaculaire, nous dévoile enfin la traque impitoyable impartie entre nos deux adversaires, sachant que l'orque, seul mammifère au monde capable de tuer par vengeance, s'avère redoutablement finaud et opiniâtre dans sa soif de justice. Malgré son mea-culpa, l'homme s'avère donc ici contraint de combattre l'animal à armes égales et dans un ultime baroud d'honneur !


Si on aurait préféré à ce que l'intrigue soit plus intense et captivante dans les enjeux de survie et de rébellion et que la réalisation aurait mérité à être un peu plus solide, Orca réussit pourtant à provoquer l'émotion lors de cette traque improbable où, pour le coup, l'animal peut enfin parfaire sa revanche sur l'homme. Un beau film d'aventures, humble et dénué de prétention, émaillé de séquences spectaculaires parfois impressionnantes, et soutenu du score lancinant de Morricone

Dédicace à Gwendoline Lefaucheur
Bruno Matéï
3èx

    4 commentaires:

    1. ah oué je m'en souvien bien :)
      je te raconte.
      Ma femme de l'époque n'aimait pas les films d'horreurs Ok zut zut.
      Donc on a été au cinéma est au moment le plus tragique.....
      c'est moi qui a aimé la séance.
      Bonne pêche et meilleur voeux

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    2. Grand fan d'Orca, vu tout petit par "erreur" lors d'une diffusion sur la 5 et littéralement hanté par ce film jusqu'à ce que je puisse l'identifier bien des années plus tard.

      Il s'agit effectivement plus d'une relecture moderne (et inversé) de Moby Dick que de l'habituel sous-Jaws même si sa confection est lié au succès du film de Spielberg. De toute les copies qui ont été faite, celle-ci est la plus originale et intéressante (parce que ne copiant justement pas) en plus de posséder bien des points forts.

      Le thème de Morricone est volontiers déprimant, pour s'accorder au film, le jeu d'acteur est vraiment bon (mention spécial pour Richard Harris qui, dans la V.O., butte sur les mots lorsqu'il lit, et montre des signes d'incompréhension vis-à-vis des propos scientifique de Rampling) et plusieurs images sont inoubliables. Donc un épilogue absolument inattendu.

      Bref, merci pour cette piqûre de rappel qui me donne sérieusement envie de revoir le film et de retrouver ce foutu roman qui traine quelque part dans mes affaires.

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    3. La vengeance d'un mammifère nommé orca .
      Que ca fait du bien de lire une chronique sur ce grand film presque méconnu mais en tout cas plutôt mésestimé , pour la filiation supposée avec le "jaws" de Spielberg dont il se démarque incontestablement ...En effet on est plus prés d'une intrigue a la " moby dick" avec ce squale and revenge que de celle du Spielberg !
      Le public de l'époque très en attente de l'effet bigger and louder pour des films jouant volontier la carte de la surenchére , qui n'est pas l'essence de "orca" .Car en effet ce très beau film d'aventure est avant tout un postulat sur les ravages causés par la "sur peche" et plus globalement sur les ravages causés par l'homme sur la nature et la faune comme avec la chasse . J'ai un souvenir très ancré (pour un film aquatique...) de l'affiche sur la façade du cinéma de quartier ou il était diffusé (et ou je l'ai vu a sa sortie ) , furieuse , attirante autant qu'effrayante mais d'une beauté a couper le souffle .Souffle que j'étoufferai avec l'émotion procurée par cette traque rédemptrice ou on arrive presque a faire preuve d'empathie avec le mammifère , un peu comme avec le singe géant de king kong .
      Le tout servi par un score méconnu de Morricone pour une fois éloigné des plaines léonniennes , mais qui amplifie tout aussi majestueusement la dramaturgie, pour une poignée d'épaulards(on ne me refait pas Bruno , désolé)
      .Rajouté cette gueule burinée (un loup marin jeune ...et oui, vraiment pas !) de richard Harris , la beauté spectrale de rampling , un peu de bo Derek (quand meme !) , et on tiens le bon film d'aventure de nos dernières séances (a quand un bon BR??!)
      Quand richard rencontre orca ...c'est beau et émouvant .
      Bravo pour ta chro tout en sensibilité qui honore cette œuvre (partagée sur ma page ingloriuscritik).

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