lundi 9 février 2015

HONEYMOON

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site rhinoshorror.com

de Leigh Janiak. 2014. U.S.A. 1h27. Avec Rose Leslie, Harry Treadaway, Ben Huber, Hanna Brown

Sortie US uniquement en Vod: 12 Septembre 2014

FILMOGRAPHIE:  Leigh Janiak est un réalisateur et scénariste américain.
2014: Honeymoon


Première réalisation de Leigh Janiak après sa sélection officielle à Gérardmer 2015, Honeymoon relate la lune de miel d'un couple d'amoureux dans un chalet champêtre. En plein milieu de la nuit, Paul surprend sa compagne Bea égarée dans la forêt. Prétextant une crise de somnambulisme, le couple tente d'oublier cet étrange incident. Mais au fil des jours, Paul commence à suspecter l'humeur versatile de son épouse, notamment ses pertes de mémoire inexpliquées. 


Production indépendante au budget minimaliste et constitué essentiellement de deux acteurs (si on épargne le 1er quart-d'heure !), Leigh Janiak emprunte la voie du huis-clos à partir d'un concept horrifique subtilement amené et à l'intersection de la science-fiction (les flashs de lumières aveuglantes que Paul observe de la fenêtre de sa chambre en cours de nuit !). Accordant toute son importance à la caractérisation humaine des deux protagonistes, Honeymoon puise sa force dans la remise en question du couple d'amoureux pris à parti avec une situation improbable et ne cessant de se contredire pour la quête de vérité. S'attardant dans un premier temps à surligner leur rapport affectueux dans des moments intimistes de tendresse et de vivacité, nous nous éprenons inévitablement de compassion avant que leur déchéance morale ne viennent nous tourmenter par leur discorde quotidienne toujours plus fébrile. Autour des ces rapports houleux, un climat anxiogène se fait toujours plus pesant lorsque Paul va rapidement déceler que le comportement farouche de son épouse risque de nuire à son état mental (notamment sa défaillance cognitive). Grâce au jeu naturel des comédiens alternant la fraîcheur de leur complicité et la contraction de la méfiance, l'intrigue suggère une inquiétude toujours plus tangible au fil de péripéties de plus en plus pessimistes. Tout l'intérêt résidant dans son suspense progressif et le climat oppressant d'observer méticuleusement leur déchéance morale face à une énigme inexpliquée. En prime, par le biais du refus du happy-end et un désir jusqu'au-boutiste de confronter ces amants au seuil de la folie, le point d'orgue, cauchemardesque et viscéral (une séquence malsaine pourrait d'ailleurs évoquer aux fans du genre un moment anthologique d'X-tro, sans compter son image finale !) risquera d'en dérouter plus un. 


En dépit d'un final irrésolu laissé en suspens (une manière autrement audacieuse d'entretenir le mystère !) et risquant de diviser une partie du public, Honeymoon s'avère suffisamment captivant, anxiogène et cauchemardesque par l'esthétisme de sa nature en demi-teinte (sérénité et opacité de la flore se confondent pour perdre nos repères !), et surtout par sa subtile mise en scène préconisant l'intensité d'un jeu d'acteurs inscrits dans la fougue des sentiments et l'emprise paranoïaque. Une découverte intéressante, honnête échantillon d'un Fantastique éthéré. 

Remerciement à Jacques Coupienne
Bruno Matéï


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