mardi 10 février 2015

HOUSEBOUND. Grand Prix, NIFF 2014, Prix du Public, FEFFS 2014.

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site addictedtohorrormovies.com

de Gerard Johnstone. 2014. Nouvelle-Zélande. 1h49. Avec Morgana O'Reilly, Rima Te Wiata, Glen-Paul Waru, Cameron Rhodes, Ross Harper, Ryan Lampp.

Sortie salles Nouvelle-Zélande: 4 Septembre 2014. U.S: 17 Octobre 2014

Récompenses: Grand Prix au NIFFF 2014 et du Prix du Public au FEFFS 2014,

FILMOGRAPHIE: Gerard Johnstone est un réalisateur et scénariste néo-zélandais,
2008/09: The jaquie brown diaries (Serie TV). 2014: Housebound 


Inédit en salles en France malgré son Grand Prix décerné au Niff et son Prix du Public attribué au Feffs, Housebound est une production néo-zélandaise détonante dans son télescopage de comédie pittoresque, thriller criminel et horreur gothique. Inscrit dans la débrouillardise cérébrale grâce à l'ossature d'une intrigue riche en rebondissements impromptus (si on fait fi de petites incohérences), Housebound fait office d'attraction foraine, notamment par l'énergie communicative que les protagonistes insufflent avec une dérision percutante. Après le braquage raté d'un distributeur de banque, la jeune délinquante Kylie est contrainte d'accepter la sentence du bracelet électronique pour retourner chez sa mère durant 8 mois de détention. Alors qu'elle surprends cette dernière déclarer à la radio que sa maison est hantée, Kylie va personnellement se rendre à l'évidence que d'étranges phénomènes inexpliqués intentent à la tranquillité familiale. 


Modeste entreprise érigée sous le moule de la série B, Housebound renoue avec l'éclat des premières oeuvres bricolées, de par sa sincérité indéniable pour le(s) genre(s) et ses trouvailles retorses privilégiant revirements en estocade plutôt que l'esbroufe racoleuse. Grâce à l'habileté de son scénario échevelé (même si sa première demi-heure marque certains signes d'essoufflement !) et la fougue héroïque de personnages aussi décalés que maladroits, le cheminement narratif ne cesse de nous surprendre par l'entremise du simulacre, du subterfuge, du retournement de situation et du faux coupable. Utilisant les codes éculés de la demeure hantée et ceux du thriller criminel (à savoir les exactions d'un éventuel serial-killer !), Housebound réussit à dépoussiérer les genres dans un esprit aussi pittoresque que dramatique (son final réussit même à provoquer une véritable émotion lorsque l'héroïne se retrouve confrontée à sa caricature par l'entremise de dessins !). Sans déflorer d'indices sur l'investigation surnaturelle impartie entre celle-ci et son agent de probation, le film exploite judicieusement le faux-semblant pour mieux nous surprendre dans une mosaïque de situations toujours plus cartoonesques (la dernière partie s'avérant effrénée par son lot de courses-poursuites meurtrières et chausse-trappes !). Soulignant en sous-texte social le rôle pédagogique des parents lorsqu'un mineur est confronté à la révolte de sa solitude, Gerard Johnstone utilise l'alibi du divertissement afin de mettre en exergue l'initiation à la tolérance et l'estime de soi lorsqu'une marginale en quête de vérité s'accorde sagacité et bravoure (parmi l'appui de sa mère !) afin d'éclaircir l'incompréhension.


Conjuguant avec brio, et dans une facture gothique, les éléments de comédie, d'horreur et de thriller, Housebound sait également maîtriser un suspense exponentiel par l'appui d'un montage vigoureux et la structure débridée d'une intrigue soumise à l'audace des protagonistes. Il en émane un divertissement décoiffant, véritable pochette-surprise d'une satire imposée à la discorde familiale et l'apprentissage de la confiance. 

Bruno Matéï


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire