lundi 2 février 2015

NIGHT CALL (Nightcrawler)

                                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site utopolis.fr

de Dan Gilroy. 2014. U.S.A. 1h57. Avec Jake Gyllenhaal, Rene Russo, Riz Ahmed, Ann Cusack, Bill Paxton, Kevin Rahm, Kathleen York.

Sortie salles France: 26 Novembre 2014. U.S: 31 Octobre 2014

FILMOGRAPHIE: Dan Gilroy est un scénariste et réalisateur américain, né le 24 Juin 1959 à Santa Monica, Californie.
2014: Night Call


Plongée abrupte dans la noirceur de l'âme humaine, Night Call retrace l'ascension fulgurante d'un journaliste néophyte en quête du scoop le plus sordide pour accéder à la notoriété. Habité par la soif de pouvoir et totalement dénué de vergogne, il finit par outrepasser la légalité afin de surpasser la concurrence et concrétiser sa future entreprise. Epaulé d'un jeune stagiaire indécis, il va l'entraîner dans une descente aux enfers au péril de leurs vies ! Thriller poisseux à glacer le sang dans sa thématique axée sur le statut des médias et rehaussé d'une ambiance crépusculaire des plus envoûtantes (toute l'action se déroulant quasiment de nuit !), Night Call redouble de provocations dans sa peinture acide des effets pervers du journalisme avide de sensationnalisme pour entretenir l'audimat et régir leur management.


Dérive meurtrière d'un sociopathe opportuniste dans ses ambitions professionnelles, le film témoigne d'une aura malsaine aussi inconfortable que fascinante lorsqu'il retrace le cheminement nocturne de deux journalistes en herbe contraints de transactionner sur des stratégies illégales afin de remporter le gain le plus juteux. Comme celle de déplacer le corps d'une victime afin d'accéder à un meilleur angle visuel, falsifier des preuves éloquentes sur l'identité de dangereux criminels en liberté, ou encore mettre en danger les vies d'autrui pour mieux privilégier la récompense du scoop faramineux ! Du point de vue de la hiérarchie audiovisuelle, la manipulation et le simulacre sont également de la partie lorsqu'une directrice en perte de vitesse recommande à ses confrères de travestir l'information afin de maintenir le spectateur dans une situation de peur et d'expectative. Par le biais de ces dérives cupides où l'éthique de chacun des témoins est à remettre en cause, et à travers l'objectif d'une caméra complice, la mise en scène de la violence est réajustée sur le principe du "spectacle" pour mieux appâter le voyeurisme des spectateurs. Avec son regard exorbité et son apparence faussement affable, Jake Gyllenhaal vampirise l'écran pour incarner un arriviste habité par le cynisme et le narcissisme. L'intensité de son jeu délétère et la persuasion de son intelligence retorse exacerbant avec trouble émotion la caricature d'un maître-chanteur habité par le Mal.


Les Faucons de la Nuit
Portrait caustique imparti à l'itinéraire licencieux d'un journaliste désaxé, Night Call dresse également le triste constat d'une société opportuniste victime de sa déchéance morale, faute d'une concurrence impitoyable où tous les coups sont permis et d'une inflation de violence urbaine en roue libre. Un thriller intense incroyablement fascinant dans son métissage d'aura de souffre, d'ambiance ténébreuse et d'émotion sardonique ! 

Bruno Matéï

La critique de Ruuffet Nelly
Un thriller haletant qui pousse toujours + loin dans l'exploration des instincts les + bas de la société moderne du "tout tout de suite" où tout est bon pour glaner le meilleur scoop, même s'il faut pour cela travestir les informations ! Ce qui est terrifiant dans ce film, c'est tout particulièrement l'idéologie consumériste exposée au grand jour, incarnée par un Jake Gyllenhaal en forme olympique. Ses yeux semblent lui sortir des orbites et quand il part dans ses discours théoriques on sent son sang se glacer dans nos veines ! Son débit s'accélère, on a l'impression que son visage va exploser de désir, un désir insatiable d'argent et de toujours + d'adrénaline, même s'il en vient par devoir sacrifier son propre collaborateur; les multiples maladresses et hésitations de ce dernier ne le rendent que + attachant, ce qui rend le dénouement encore + cruel ! Un thriller cinglant dont la dernière réplique achève vraiment tant elle est énoncée froidement par cet obsédé de l'image... une obsession qui donne le tournis, tellement qu'elle fait même presque flipper la présentatrice de KWLA, qui en finit elle aussi par adhérer aux discours de ce néophyte ayant grimpé les échelons à une vitesse vertigineuse ! Leur échange de regard dans la pénombre vers la fin du film est vraiment très réussi, presque aucun mot n'est échangé, c'est froid et pourtant on sent l'excitation des 2 reporters. D'ailleurs, comme tu l'as bien noté, l'ambiance crépusculaire du film est géniale, on en oublie presque que quasi tout le film se passe la nuit ! On ne s'ennuie pas une seule seconde, les poursuites en voitures sont démentes mais ça n'entame en rien la fascination malsaine que nous éprouvons à l'égard de Lou Bloom. Notre oeil épouse les mouvements de la caméra, nous devenons un oeil médiatique, voyeur comme les spectateurs des infos choc, mais bien entendu le réalisateur nous envoûte pour mieux nous faire réfléchir sur les travers du culte de l'image

Récompenses:
American Film Institute Awards 2014 : top 10 des meilleurs films de l'année
Boston Society of Film Critics Awards 2014 : réalisateur le plus prometteur pour Dan Gilroy
Los Angeles Film Critics Association Awards 2014 : meilleure actrice dans un second rôle pour Rene Russo (2e place)
National Board of Review Awards 2014 : top 2014 des meilleurs films
National Society of Film Critics Awards 2015 : meilleure actrice dans un second rôle pour Rene Russo (3e place)
New York Film Critics Online Awards 2014 : réalisateur le plus prometteur pour Dan Gilroy
San Diego Film Critics Society Awards 2014 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur
Meilleur acteur pour Jake Gyllenhaal
Meilleur acteur dans un second rôle pour Mark Ruffalo
Meilleure actrice dans un second rôle pour Rene Russo
Meilleur scénario original pour Dan Gilroy
Meilleure photographie pour Robert Elswit
Meilleure musique de film pour James Newton Howard
Vancouver Film Critics Circle Awards 2015 : meilleur acteur pour Jake Gyllenhaal

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