samedi 14 février 2015

TUSK

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site screenrant.com

de Kevin Smith. 2014. U.S.A. 1h42. Avec Justin Long, Michael Parks, Génesis Rodriguez, Haley Joel Osment, Johnny Depp, Matthew Shively.

Sortie France directement en Dvd: 11 Mars 2015. U.S: 19 Septembre 2014

FILMOGRAPHIE: Kevin Smith est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain né le 2 Août 1970 à Red Bank, dans le New-Jersey (Etats-Unis).
1994: Clerks, 1995: Les Glandeurs, 1997: Méprise Multiple, 1999: Dogma, 2001: Jay et Bob contre-attaquent. 2004: Père et Fille. 2006: Clercks 2. 2008: Zack et Miri font un porno. 2010: Top Cops. 2011: Red State. 2014: Tusk.


« Je ne cherche pas à faire mon Kubrick, bordel. Je parle de faire un film avec un putain de gars dans un costume de Morse. Pour la faire courte, c’est juste dingue à quel point nous sommes malgré tout proche de faire quelque chose de vraiment bon ! »
Kevin Smith


Directement sorti en Dvd, Tusk s'inspire de l'épisode The Walrus and The Carpenter créée par Smith lors d'une série de Podcast. C'est suite à l'annonce improbable d'un auditeur (en guise de colocation, proposer à un étudiant d'endosser le costume d'un morse et se comporter à la manière de l'animal durant 2h journalières) que Kevin Smith décide d'emprunter ce challenge sans complexe du ridicule. Le pitch en deux mots: Un médecin misanthrope frappé du ciboulot décide de kidnapper un jeune podcasteur pour le transfigurer en véritable Morse et parfaire sa revanche sur la nature humaine !


Un concept sardonique sans doute influencé par la farce scabreuse, The Human Centipède ( délire assumé d'une redoutable efficacité et d'un sens aiguisé de suggestion dans son dosage humour noir/horreur crapoteuse !), Kevin Smith tentant d'émuler provocation malsaine et satire morbide pour mieux nous brimer. Seulement, par le biais d'une intrigue superficielle dénuée de surprises et d'un suspense timoré autour de la situation alarmiste de la victime, le sarcasme escompté fait grise mine. La faute incombant en premier lieu à des situations potaches jamais drôles, des seconds-rôles excentriques perfectibles (Johnny Depp amuse gentiment la galerie dans une défroque pittoresque d'investigateur à l'accent québécois ) et surtout un sens de dérision macabre désamorcé d'une aura malsaine trop lourde. De par la situation inhumaine d'un étudiant réduit à une masse difforme de Pinnipède humain, de l'intolérance impartie au savant sadique et plaisantin et du climat poisseux régi autour d'eux car trop dérangeant pour égayer la séquestration. Sur ce point, et pour l'expérience horrifique infligée, Tusk s'avère une vraie réussite tant il exploite avec ultra réalisme des séquences chocs bâties sur l'humiliation psychologique et la torture physique. Une manière goguenarde d'ausculter le comportement humain du point de vue d'un animal hybride bientôt motivé par l'instinct de survie. La considération personnelle du serial-killer, porte-parole de la cause animale, s'avère aussi intéressante dans sa réflexion établie sur la nature humaine (l'homme n'est qu'un loup tributaire de ses instincts de survie, de supériorité et de perversité !) et engendre au final l'expiation du savant afin de se pardonner à lui même son manque de dignité (Michael Parks s'avérant remarquable dans la peau du tortionnaire hanté par son ancienne condition de souffre-douleur et le remord d'un sacrifice).


A vouloir concourir sur les traces du génial The Human Centipède, Kevin Smith rate le coche sur le chemin de la dérision morbide, l'horreur poisseuse monopolisant l'absurdité du propos jusqu'au malaise viscéral pour peu que l'on soit sensible à l'agonie exponentielle d'un animal sans défense. Un délire macabre en demi-teinte donc, car faussement pittoresque et assez déconcertant, à l'instar de son épilogue ridicule lorsque Kevin Smith continue maladroitement de surfer sur l'humour grinçant et l'empathie poignante ! Mais l'expérience horrifique, éprouvante et parfois insupportable, fait des étincelles et saura largement contenter les amateurs d'ambiance licencieuse. 

Bruno Matéï




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